Au quartier général de la MINUSMA à Bamako le 17 avril dernier, il était question lors d’une conférence de presse coanimée par Mme Sarah Sewall, sous secrétaire d’Etat chargé de la sécurité civile, de la démocratie et des droits de l’homme et Mme Zainab Hawa Bangura, représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies chargée de la question des violences sexuelles en temps de conflit, de procéder à l’élimination de la violence sexuelle tout en luttant contre l’extrémisme violent et le processus de paix. C’était en présence de l’ambassadeur des Etats Unies d’Amérique au Mali.
En rétablissement progressivement de la crise qui l’avait sérieusement secoué, notre pays vient d’être sillonné, singulièrement le septentrion, courant la semaine dernière par deux dames œuvrant au compte des Nations Unies. Objectif : mener des enquêtes sur des cas de violence sexuelle, de l’extrémisme violent et le processus de la paix. Intervenant en premier lieu, l’exposé de Mme Zeinab Hawa Bangura laissait entrevoir que « le Mali est une des situations que nous suivons particulièrement et ce depuis quelques années dans la mesure où un certains nombre de crimes de violences sexuelles ont été commis dans le contexte de la crise au septentrion du pays. Nous disposons des informations relatives à des cas de violences sexuelles qui ont été vérifiés par les Nations Unies et qui ont été commis par toutes les parties au conflit, y inclus les groupes armés et les groupes d’extrémistes ou terroristes, a-t-elle indiqué.
Quelques informations concernant les forces de sécurité et de défenses maliennes sont également disponibles, précise-t-elle. Parlant des régions particulièrement affectées, demeurent Tombouctou, Kidal, Gao et dans une certaine mesure Mopti, selon Mme Bangura. L’insécurité qui prévaut dans le nord, ainsi qu’une forte culture du silence, sont des facteurs qui restreignent la possibilité pour les survivantes de rapporter leurs cas avec un manque de confiance dans la réponse institutionnelle, souligne Mme Bangura. La culture de l’impunité est aussi profondément ancrée dans la mesure où il y a très peu de poursuites de cas de violence sexuelles. En réalité, affirme-t-elle, il s’agit d’un crime commis contre les femmes, les enfants et les hommes du Mali mais dont les auteurs se tirent sans trop d’encombres, et c’est le cas d’ailleurs dans la plupart des conflits dans le monde. « C’est inacceptable, poursuit-elle et nous devons faire ensemble notre possible pour changer cela. C’est la raison pour laquelle je suis là afin de mieux comprendre la situation et voir comment les Nations Unies peuvent appuyer les autorités nationales et les autres parties prenantes dans leurs efforts de prévention et de réponse adéquate à ce problème ».
La violence sexuelle est la seule violation des droits humains où la stigmatisation et la honte sont associées aux victimes et non aux auteurs des violences. Mais les violences ne sont pas seulement une attaque contre un individu, mais c’est aussi une attaque contre leur famille et la communauté toute entière, précise Mme Bangura. C’est pourquoi, le Conseil de Sécurité a identifié cette problématique comme une question de paix et de sécurité internationale qui requiert une réponse sur le plan de la justice, des services et du maintien de la paix. « La souffrance inimaginable des victimes auxquelles j’ai échangé doit nous appeler à agir », a-t-elle conclu.
Pour y parvenir, il a été demandé aux autorités maliennes d’émettre un communiqué conjoint avec les Nations Unies qui comprend des actions cruciales à entreprendre. Ce communiqué servira de cadre de coopération dans les domaines de la sécurité, de la justice et des services. Ce qui a peut être échappé aux contrôles des Nations Unies et qui a certes suscité des grincements de dents des maliens, c’est que la paix peine jusqu’ici à s’installer au nord du Mali. En ce moment, on ne saurait réparer une injustice.
M. BELLEM
Source: LE COMBAT