Nous avons souvenance que durant les premières semaines qui ont suivi le coup d’Etat du 18 août 2020, les discussions avaient été, on ne peut plus, laborieuses entre la junte et la mission de la CEDEAO pour le Mali, en ce qui concernait les tenants et les aboutissants de la période transitoire. Pour la gestion des Affaires publiques durant ladite période, il avait été finalement convenu d’instaurer des organes qui feront office d’institutions de la République. Pour la désignation du président de la Transition, c’est après mille et une tractations, sur fond d’intransigeance de l’élite sous régionale, que la junte a finalement consenti à jeter son dévolu sur un militaire à la retraite.
Mais pour ne pas rester trop en marge de l’exercice du pouvoir d’Etat, elle a jugé nécessaire de créer un poste de vice-président de la transition et d’en confier les rênes au Colonel Assimi Goïta, le président du CNSP d’alors.
Du coup, le président du CNSP devenait, de fait, le N°2 de la Transition. Mais là où le bât a blessé est que la CEDEAO a tout de suite rejeté l’idée de la création de ce poste de vice-président. Toutefois en mettant comme bémol à ce rejet, la seule condition que le titulaire de ce poste s’occupe exclusivement des questions de sécurité et de défense. C’est sur cette convenance que les deux hommes, le président et le vice-président de la Transition, ont prêté serment avant de prendre fonctions. Donc cumulativement avec ses attributions de président du CNPS, Assimi Goïta assumait aussi les fonctions de vice-président de la Transition chargé des questions de défense et de sécurité.
Conformément à l’article 26 de la Charte de la Transition, un décret portant dissolution du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) est rendu public le 26 janvier 2021.
Avec la dissolution de cette structure, le Colonel Assimi Goïta se trouve dépouillé d’une grande part de ses attributions dans le processus d’acheminement de la transition. Comme si cela ne suffisait pas, ces derniers temps-ci, des rumeurs persistantes font état d’une probable suppression du poste de vice-président de la Transition. A vrai dire, si des faits probants venaient à concrétiser cette suppression du poste de vice-président de la Transition, après que le CNSP ait été dissous, le citoyen ‘’lambda’’ malien ne pourrait que se perdre en conjectures. En effet, les Maliens avaient vu d’un très bon œil le fait que les questions de défense et de sécurité soient dévolus au vice-président de la Transition et surtout que c’est Assimi Goïta qui occupe cette fonction. Les résultats qu’il a réalisés sur le terrain, dans le septentrion du pays, plaident bien en sa faveur.
Les citoyens se disent désagréablement surpris par la nouvelle de la suppression du poste de vice-président de la Transition et se demandent, en conséquence, quel autre point de chute pourrait-on trouver pour Assimi Goïta ?
Cette question vaut bien son pesant d’or, étant donné qu’il est de notoriété publique que c’est le Colonel Goïta qui a dirigé le putsch ayant renversé le régime IBK. Et cela, sans préjudice des inconvénients qui pouvaient en découler. Les maliens ne sont pas dupes du fait que, malgré la dissolution du CNSP, ce sont ses membres qui restent toujours au-devant de la scène nationale et ce sont eux qui tiennent, de fait, les rênes du pouvoir d’Etat.
El Hadj Mamadou GABA
Source : Le Soir De Bamako