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Vaccination Covid-19 : Doses de questions

Le monde est en guerre. L’ennemi, le Sars-cov-2, est mille fois plus petit que le diamètre d’un cheveu humain. Mais il a tué plus de deux millions de personnes et mis à genoux l’économie mondiale. Pour essayer de l’abattre, des doses de vaccins, dont l’acquisition est un luxe. Les pays riches bousculent les laboratoires pharmaceutiques pour y avoir accès. Au plus bas de l’échelle, les pays africains. Aucun vaccin candidat n’a été mis au point sur le continent et les chances d’accéder aux fioles fabriquées ailleurs sont limitées. Le salut viendra de la facilité Covax, un mécanisme financier innovant, qui permettra l’accès des plus pauvres aux vaccins Covid-19. Grâce à elle, le Mali a pu passer commande de plus de huit millions de doses, attendues pour mars prochain, en vue de la campagne de vaccination d’avril. D’ici là, le pays pense sa stratégie de vaccination qui va bientôt être adoptée.

 

Le Mali va dégainer 8,4 millions de doses pour vacciner contre le nouveau coronavirus 4,2 millions de personnes, soit 20% d’une population estimée à 21 112 000 personnes. Cela, grâce aux donations du mécanisme Covax à la plupart des pays africains. Dirigée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’UNICEF et Gavi, l’Alliance mondiale pour les vaccins, la facilité Covax permettra de garantir des vaccins aux  plus pauvres. « Nous visons à fournir des doses de vaccin à au moins 20% des populations de 92 pays à faible revenu, dont le Mali, entièrement gratuitement, grâce aux généreux dons des gouvernements et des donateurs privés. Nous avons déjà levé 6 milliards de dollars américains pour soutenir l’approvisionnement, la préparation et la livraison, mais nous devons en lever au moins 2 milliards supplémentaires pour nous assurer que nous pouvons obtenir et déployer toutes ces doses », informe un porte-parole de Gavi. Sur 2 milliards de doses dont Covax entend disposer d’ici la fin de 2021, la moitié sera destinée aux pays à faible revenu.  L’opération va  nécessiter un investissement de plus de mille milliards de francs CFA (2 milliards de dollars).

« Les doses maliennes vont coûter 31 milliards de francs CFA et, conformément aux recommandations de l’OMS, elles serviront à vacciner 20% de la population malienne, soit une cible de 4 222 400 personnes réparties en 3 groupes »

Selon le ministère de la Santé, les doses maliennes vont coûter 31 milliards de francs CFA et, conformément aux recommandations de l’OMS, elles serviront à vacciner 20% de la population malienne, alors que selon les experts il faut vacciner 70% de la population pour atteindre l’immunité collective. 4 222 400 personnes, réparties en 3 groupes, seront vaccinées en premier lieu. « Il s’agit du personnel médical en première ligne, des sujets âgés de 60 ans et plus et des sujets qui présentent des comorbidités, par exemple les diabétiques ou ceux qui souffrent de maladies cardiaques», explique le Professeur Seydou Doumbia, Président du Comité scientifique Covid-19. C’est ainsi que 844 480 agents de santé, soit 4% de la population totale, seront vaccinés. Quant aux personnes âgées de 60 ans et plus, elles seront 1 266 720, soit 6% de la population totale. Enfin, ce sont 1 266 720 personnes présentant des comorbidités, 6% de la population également, qui seront vaccinées.

La campagne va commencer en avril prochain et la première étape va concerner le District de Bamako, afin « de comprendre et de résoudre beaucoup d’aspects techniques opérationnels et de documenter de façon adéquate l’ensemble des activités mises en œuvre ». Chaque cible recevra deux doses espacées d’un mois. À la lumière de cette phase pilote, la deuxième étape va concerner le reste du pays. « En raison de l’insuffisance de production des vaccins, l’OMS recommande aux pays de prioriser les cibles. Au fur et à mesure que les productions seront importantes, le reste de la population sera couvert », explique le ministère de la Santé.

Quel vaccin ? Dans la danse des vaccins, c’est celui du Britannique AstraZeneca / Oxford qui servira au Mali. Les flacons proviendront du laboratoire AstraZeneca installé en Inde. Ce vaccin est efficace à 70%. Mais plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, ne recommandent pas l’utilisation du vaccin AstraZeneca / Oxford sur les plus de 65 ans, car il n’y aurait pas assez d’études sur cette tranche de population. Le choix de ce vaccin repose sur ses facilités de conservation, de 2 à 8 degrés Celsius. Il peut ainsi se conserver dans un réfrigérateur, contrairement aux vaccins de Moderna et de Pfizer BioNTech, qui ne peuvent être stockés qu’à des températures  très basses, respectivement de -20°C et -70°C. Le choix du vaccin AstraZeneca / Oxford est aussi motivé par son faible coût. Une dose coûte entre 1 000 et 4 300 francs CFA, alors que les vaccins de Moderna et de Pfizer-BioNTech coûtent respectivement  de 8 150 à 20 100 francs CFA et de 7 600 à 10 870 francs CFA.

Les vaccins Moderna et de Pfizer-BioNTech sont des vaccins à base d’ARNm, une récente technologie, alors que celui d’AstraZeneca est classique. « Pour les vaccins classiques, le virus inactivé est directement injecté dans l’organisme, tandis que pour les vaccins utilisant la technologie à ARNm, le matériel génétique (ARNm) est injecté dans la cellule, qui fabrique le fragment du virus qui va ensuite assurer la protection contre le même virus. D’ailleurs, à cause de la fragilité de l’ARNm en termes de conservation, ces vaccins nécessitent des conditions extrêmes de conservation. Toutefois, la mise en place ou le développement d’un vaccin utilisant la technologie ARNm est plus rapide », explique le Pr. Ousmane Koïta, biologiste moléculaire.

Défis La campagne de vaccination contre la Covid-19 recèle de nombreux défis à révéler pour les pays africains, notamment en termes d’infrastructures pour la conservation des vaccins ARNm, comme ceux de Moderna et de Pfizer-BioNTech. En outre, il y a l’approbation réglementaire nationale des vaccins, ainsi que de la préparation au niveau de chaque pays. Cependant, selon l’Alliance du vaccin, « de nombreux pays de Gavi en ont déjà l’expérience, grâce à des campagnes à grande échelle (par exemple, pour la rougeole, la méningite et la fièvre jaune) ». Le ministère de la Santé se veut rassurant. « Le Mali dispose de capacités de stockage suffisantes pour conserver les vaccins à une température de +2° à +8°C. Toutefois, en raison des vaccins du Programme élargi de vaccination de routine, le comité est à pied d’œuvre pour dégager les gaps à rechercher au niveau des dépôts régionaux et intermédiaires ».

Afin de faciliter le déploiement des vaccins, l’Unicef appuie le ministère de la Santé aux plans logistique, technique, communicationnel et au plan de la formation. « Le bureau de l’Unicef de Bamako a une équipe logistique qui appuiera l’acheminement des vaccins jusqu’aux chambres froides, au niveau desquelles l’Unicef a appuyé le ministère dans l’évaluation des besoins en capacités de stockage. Aujourd’hui, l’expert analyse a permis d’identifier des gaps en termes de chambres froides et de réfrigérateurs qui sont en train d’être comblés. Et grâce à notre partenaire Gavi nous sommes en train de trouver les moyens pour solutionner les gaps qui existent en termes de chaines du froid. Je veux parler ici des réfrigérateurs solaires pour stocker les vaccins.

Mais, également, l’Unicef est en train de développer des partenariats avec les organisations humanitaires qui ont des avions pour pouvoir assurer le ravitaillement des régions les plus éloignées ou qui sont dans des zones de conflit », explique Abdoul Gadiry Fadiga, responsable du Programme santé de l’Unicef à Bamako. Le fonds onusien travaille également sur les modules de formation pour la vaccination à l’intention des agents de santé et élabore aussi des messages de sensibilisation pour contrecarrer les fausses informations autour des vaccins. Celles-ci en découragent plus d’un à vouloir se faire vacciner. Dans une étude du Timbuktu Institute et de Sayara International rendue publique par Jeune Afrique, sur 4 000 personnes interrogées dans 7 pays sahéliens, 49% seulement se disent prêtes à se faire vacciner contre la Covid-19.

Boubacar Diallo

 Source : Journal du Mali

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