La santé va mal, l’enseignement saigne, l’entente nationale frise le malentendu malien, le député en chef veut dépiter la figure du Figaro… L’heure est grave car la pendule grave le sauve-qui-peut. Mais qui va sauver ce Mali grand comateux quand rien ne bouge?
Est-ce les autorités qui ont atteint le seuil d’incompétence ? Est-ce les mouvements de revendication qui en font à l’aveuglette ? Le doute est permis dans les deux cas. Mais ce qui est indiscutable, c’est que les populations souffrent le martyr, victimes qu’elles sont des retombées maléfiques de ce combat entre ” grosses poitrines ” capables de soigner et former leurs enfants à la clinique ou à l’extérieur. Au même moment, les martyrs du 26 mars 1991 nous interpellent sur l’idéal qui les animait quand la mort les fauchait de notre affection. Echec et mat pour les démocrates de ce pays qui ont certainement du mal à tenir le discours qu’il faut en ces journées d’anniversaire. Que vaut une république sans paix, que vaut une démocratie sans débat ? Une république avec des groupes armés est en panne. Une démocratie d’exclusion est appelée à mourir. Allons main dans la main.
Quand la démocratie se passe du dialogue franc et sincère, et se moque éperdument des débats contradictoires, elle ne peut que ruiner son âme. ” L’esprit est comme un parachute : il fonctionne mieux lorsqu’il est ouvert “, a ditDan Millman. Autant mettre tout le monde à contribution dans les actions pour la construction nationale. Autant solliciter la bonne foi et les compétences nécessaires à la résolution des problèmes récurrents pour relever les défis du développement et atteindre une prospérité généralisée. Mais le constat est amer, accablant.
En effet, le Gouvernement du Mali organise la Conférence d’Entente Nationale (CEN), du 27 mars au 2 avril 2017. La tenue de la Conférence d’Entente Nationale (CEN) s’inscrit dans le cadre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Elle se déroulera à Bamako du 27 mars au 2 avril 2017. Outre la question relative à l’Azawad, désormais dénuée de toute connotation de projet politique à caractère séparatiste ou ethnique, la Conférence d’Entente Nationale discutera des thématiques qui sont liées aux causes profondes de la crise que traverse le Mali depuis 2012, prétend le gouvernement.
De son côté, l’Opposition affirme : ” Au regard de la dégradation de la situation du pays (insécurité, affaires, tâtonnements, instabilité gouvernementale), nous avons réclamé, à plusieurs reprises à partir de 2014, la tenue de concertations nationales pour remettre le pays sur les rails et le stabiliser, les pouvoirs publics n’ont donné aucune suite à ces appels… ”
En septembre 2016, poursuit l’oppositio, en marge de l’Assemblée générale des Nations et dans son message de Nouvel an 2017, le président de la République a annoncé l’organisation de la Conférence d’entente nationale prévue par l’Accord d’Alger. Nommé président du comité préparatoire, le Médiateur de la République a envoyé à l’opposition en février les TDR provisoires de la C.E.N. Lors d’une rencontre, le 16 février, l’opposition a fait part de ses observations préliminaires sur les TDR et a rappelé ses positions antérieures sur l’accord de paix et sur les concertations nationales.
« En tenant compte des objectifs inscrits dans les TDR provisoires, animés de la volonté de promouvoir une véritable entente nationale, nous suggérons que les points suivants soient pris en compte dans la rédaction finale des TDR. Leur prise en compte permettrait une participation large et inclusive de toutes les forces vives du pays et contribuerait au succès de la conférence d’entente.
– L’exclusivité : Au regard de l’étendue et de la gravité des problèmes auxquels le pays est confronté, la C.E.N ne saurait se limiter aux seules parties signataires tel qu’indiqué dans l’article 5 de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Les groupes nés de la scission des regroupements initiaux signataires devraient être invités à apporter leur contribution à l’entente nationale. Il s’agit du CMFPR2 (Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance, 2), du CPA (Congrès du peuple de l’Azawad), des deux tendances du MSA (Mouvement pour le salut de l’Azawad), des deux tendances du CJA (Congrès pour la justice de l’Azawad). De même, les mouvements de résistance civile de Gao comme les Patrouilleurs et les principales associations d’agriculteurs, de chasseurs et d’éleveurs du Delta central doivent être invités. Les Maliens de l’extérieur, à travers leurs organisations représentatives, doivent y être associés à leur tour.
– L’Accord pour la paix et la réconciliation nationale : La conférence d’entente nationale doit être l’occasion d’une appropriation nationale de l’Accord d’Alger. Les forces vives du pays auront l’occasion d’apprécier l’Accord, d’évaluer sa mise en œuvre (en faisant le point des avancées et des difficultés rencontrées) et de faire des propositions d’amélioration en vue d’en faciliter l’application.
– La situation au Centre : Elle fait peser de sérieuses menaces sur la paix et la stabilité du pays tout entier. Dix circonscriptions administratives des régions de Mopti et Ségou et 2.900 000 personnes sont concernées. Les protagonistes de la crise du Centre doivent être invités pour débattre avec toutes les forces vives des moyens de restaurer la sécurité, la paix et la concorde dans cette zone charnière du Mali.
– Les réformes politiques et institutionnelles : le président de la République a chargé une commission composée d’éminentes personnalités et d’experts de la tâche de réviser la constitution de 1992. Cette commission qui travaille dans le secret depuis des mois doit être invitée à présenter ses travaux à la conférence d’entente aux fins de recevoir observations et propositions d’amendements. Une telle démarche donnerait une solide onction consensuelle au projet de constitution.
– Charte d’Entente Nationale : Les termes de référence proposés prévoient l’adoption d’une charte pour la paix et la réconciliation nationale. Or, il ne saurait y avoir ni paix, ni stabilité, ni réconciliation, ni entente véritablement nationale sans la prise en compte des préoccupations majeures du peuple malien dont : L’armée et les forces de sécurité ; la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ; les élections transparentes et crédibles ; le foncier ». Voilà ce que fulmine l’opposition.
Pour leur part, les groupes armés (CMA et Plateforme) disent ne pas participer à la CEN.
Dans ces conditions, la CEN sera-t-elle cette tribune irremplaçable aux Maliennes et aux Maliens pour se parler, se comprendre et s’entendre ? Sera-t-elle cet espace de dialogue et d’échanges, porteur de grandes espérances ? Aura-t-elle d’ailleurs lieu ? La montagne n’a-t-elle pas déjà accouché d’une souris.
En outre, que dire du front social alors que les tombes d’enfants et de femmes enceintes se multiplient au jour le jour ? Il faut vite trouver les solutions, il faut sauver le pays.
Mamadou DABO