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Vers une écrasante majorité parlementaire en faveur d’IBK : L’ADEMA, un parti encombrant au sein des alliés du pouvoir?

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Après avoir refusé d’animer l’opposition en 2002  au lendemain de la défaite de son candidat à la présidentielle, l’ADEMA-PASJ vient de rééditer l’exploit en forçant son positionnement dans la majorité présidentielle autour d’IBK.

Dans une interview qu’il nous a accordée mardi, parue dans notre livraison d’hier mercredi, le président intérimaire de l’ADEMA-PASJ, Pr Tiémoko Sangaré, affirmait qu’à l’issue d’un débat interne à la direction du parti, le 23 août dernier,  les responsables de cette formation politique ont, à l’unanimité, décidé de faire partie de la majorité présidentielle. Le parti de l’abeille venait de faire une esquive définitive au front FDR/ADR, prenant ainsi ses distances de tout courant opposé au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Kéita. A croire qu’il y a une phobie vis-à-vis de l’opposition au Mali.

Pourtant, entre 1992 et 1997, une farouche opposition politique et musclée au pouvoir du président Alpha Oumar Konaré, menée par des ténors comme Me Mountaga Tall, Choguel Maïga avait mis en difficulté le gouvernement dirigé par un certain Ibrahim Boubacar Kéita. La traque de ces opposants a conduit à une baisse de la tension dans le pays. Depuis lors, aucun acteur politique majeur n’ose aller à l’opposition, à l’exception de Dr Oumar Mariko du parti SADI. On se demande si ce sont les déboires que ces opposants ont connus qui ont conduit la classe politique malienne à nourrir  une véritable peur bleue de toute opposition au pouvoir en place.

 Après la période du consensus sous ATT, l’on avait pensé que les acteurs politiques allaient désormais prendre leur courage à deux mains en optant pour un rôle de veille politique et citoyenne face aux gouvernants.  Il était attendu du côté des formations politiques majeures un rôle critique du moins de la part de celles qui ont perdu le pouvoir. C’est peine perdue. L’Adema, qui continue de se proclamer première force politique du pays, n’a  décidément d’yeux que pour être dans les grâces du pouvoir. Et pourtant tout portait à croire que le parti de l’abeille devait s’assumer.

D’abord, sous ATT, le parti rouge et blanc a été l’un des premiers alliés du gouvernement. La plupart des équipes gouvernementales des deux mandats du président Touré comptait un nombre important de ministres issus de l’ADEMA, le plus souvent nommés à des portefeuilles stratégiques.

Ensuite, après le coup d’Etat du 22 mars 2012, la transition a échu entre les mains du président du Comité exécutif du parti de l’abeille, Pr Dioncounda Traoré. L’Assemblée nationale était demeurée dans l’escarcelle du même parti qui y avait plus de cinquante députés sur les 147. Et le putsch du capitaine Sanogo avait ouvert une véritable boîte de Pandore d’une diabolisation systématique de la Ruche. Tout cela a mis le parti d’Alpha Oumar Konaré  au défi de tout mettre en œuvre pour reprendre les rênes du pouvoir, après l’avoir perdu en 2002. Ce fut la défaite cinglante  à l’élection présidentielle avec comme porte-étendard le jeune Dramane Dembélé, un néophyte venu ex nihilo.

Au lendemain du premier tour de la présidentielle, au moment où les observateurs pariaient sur un honneur à défendre pour le PASJ en soutenant le candidat avec lequel il avait pactisé, les rouges et blancs font la pirouette et s’allient à IBK pour « défendre les valeurs de l’internationale socialiste ». Toute chose qui n’a pas permis aux abeilles de tirer leur épingle du jeu à l’issue du premier tour des législatives. Sur 20 députés déjà élus, seulement deux sont issus de la Ruche

 Les résultats publiés par le ministère en charge de l’organisation des  élections, en attendant la confirmation de la Cour Constitutionnelle, donnent  le RPM vainqueur de ce premier round avec  7 sièges enlevés dans six circonscriptions électorales. Il s’agit de Dioïla  avec 2 députés, Tin Essako, 1député, Tessalit, 1député, Abéïbara, 1député, le rebelle Hamada Ag Bibi, Bandiagara (1), Bourem (1). Le RPM, talonné par l’URD qui s’en sort avec  5 élus, obtenus à Niafunké (2), Djenné (2), Baraoueli (1). La CODEM enlève 1 siège à Bandiagara. Le CNID s’en sort avec un seul élu à Baraouéli. Idem pour Yélema dans la même localité. A Ménaka et à Kidal, les deux sièges ont été  engrangés par des indépendants.

 Comme on le constate, pour le second tour, le RPM est en ballottage favorable dans 13 circonscriptions pour 29 élus. De même, il se trouve en ballotage défavorable dans 13 autres circonscriptions pour 29 sièges encore. Ce qui ferait dans la gibecière des tisserands un espoir sur une cinquantaine de parlementaires. Si les alliés de l’ASMA, YELEMA, UDD, UM-RDA, de la CODEM et les indépendants se positionnaient au sein de la majorité l’ADEMA apparaîtrait alors comme le parti le plus encombrant au sein de cet attelage. Surtout que certains responsables du RPM n’applaudissent pas ce rapprochement intéressé opéré par le parti de l’abeille.

Dans tous les cas, la configuration qui se dessine au second tour est largement favorable au RPM, surtout que leurs alliés de la première heure, notamment ASMA de Soumeylou Boubèye Maïga qui s’en est bien sorti, (5 mois seulement après sa création d’existence), l’UDD et le MIRIA appellent déjà à voter le RPM dans les circonscriptions où ils ne sont pas au second tour.  Comme pour dire aux abeilles « on peut se débrouiller sans vous ! »

 

Bruno D SEGBEDJI

SOURCE: L’Indépendant

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