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Vanessa Nakate, cette activiste climatique africaine qu’on a voulu ignorer

DÉNONCIATION. Prise en photo avec d’autres militantes écologistes à Davos, Vanessa Nakate en a été la seule exclue dans la version finale. Un acte pour le moins troublant.

Est-il possible de parler aujourd’hui de parler du changement climatique et de ses conséquences en faisant fi de l’Afrique et de ceux qui, sur le continent, s’activent pour promouvoir des règles censées mieux préserver la terre et ses écosystèmes ? Si le bon sens conduit à répondre négativement, l’actualité vient d’illustrer le contraire. La militante ougandaise Vanessa Nakate, qui participe depuis un an aux rassemblements de l’association écologiste Fridays for Future, vient d’en faire frais. La jeune femme de 23 ans, qui était présente au Forum économique de Davos (FEM), a été, pendant quelques jours, au cœur d’une polémique.

Le détail de l’affaire Vanessa Nakate

Les réseaux sociaux se sont en effet récemment enflammés après la publication d’une photo de cinq jeunes militantes du climat, dont la Suédoise Greta Thunberg, prise lors du FEM. Celle-ci avait été recadrée par l’agence Associated Press, qui l’avait publiée en la recentrant sur quatre personnes, excluant Vanessa Nakate. Celle-ci, soulignant qu’elle était la seule Africaine et la seule Noire présente sur la photo initiale, avait dénoncé sur Twitter un acte de racisme. « Il ne s’agit pas seulement de la photo. Dans l’article qui l’accompagnait, les différentes militantes étaient citées, mais je n’apparaissais nulle part », a déclaré, mardi, Vanessa Nakate à l’AFP, lors d’un entretien à Kampala. « Beaucoup de gens ignorent la crise climatique que nous subissons en Afrique. Si nos voix sont réduites au silence, alors, nous ne serons pas en mesure d’expliquer la situation que nous vivons. C’est dangereux », a-t-elle déploré. Dans une vidéo du média en ligne AJ +, Vanessa Nakate a déploré le fait que « personne ne s’élève contre ce genre de pratique ». La jeune femme a été largement soutenue sur Twitter, via le hashtag #YouCantEraseMelanin, « vous ne pouvez pas effacer la mélanine ». Cet incident est d’autant plus insupportable que l’Afrique est vraiment en première ligne dans les conséquences du changement climatique. L’Afrique de l’Est subit ainsi actuellement la pire invasion de criquets depuis des décennies, celle-ci survenant après une année 2019 qui a commencé avec une forte sécheresse et s’est achevée avec des pluies et des inondations dévastatrices, lesquelles ont fait des centaines de morts.

Pour répondre aux accusations la visant, le directeur de la photographie de l’agence Associated Press, David Ake, à l’origine du recadrage, a indiqué que « le photographe a essayé de faire sortir une photo rapidement dans un délai très court et l’a recadrée pour des raisons de composition, car il pensait que le bâtiment en arrière-plan était distrayant ». « Nous formons nos journalistes à être sensibles aux questions d’inclusion et d’omission. Nous avons parlé en interne avec nos journalistes et nous apprendrons de cette erreur de jugement », a également déclaré la rédactrice en chef de l’AP, Sally Buzbee, dans un communiqué.

Une iniquité généralisée ?

Il n’empêche, le mal est fait. Cet épisode met en lumière une négligence ou des pratiques portant préjudice à la visibilité des activistes africains à l’international. « Le racisme et l’effacement des voix marginalisées ne sont pas nouveaux », a déclaré Jamie Margolin, fondatrice du groupe d’action climatique Zero Hero au journal The Guardian. « Un recadrage photo est un moyen facile de le décrire », ajoutant que l’acte était une bonne métaphore de la situation qui prévalait dans la sphère scientifique dédiée au climat. Selon elle, il est ainsi régulier que des militants soient exclus des clips ou autres reportages sur des événements en rapport. Et pourtant l’Afrique, continent le moins émetteur de CO2, est en même temps le plus vulnérable aux variations climatiques extrêmes, selon les experts. Une réalité contre laquelle se bat Vanessa Nakate depuis son Ouganda natal. Fondatrice du Rise Up Movement basé en Afrique, la jeune militante s’est récemment inspirée de Greta Thunberg pour mener une grève de plusieurs mois devant le Parlement ougandais afin de protester contre l’inaction climatique et la hausse des températures. Elle a également fait campagne pour des initiatives climatiques à travers l’Afrique, pour y défendre la protection des forêts tropicales au Congo, par exemple. Un engagement fort pour le climat, que le racisme n’atteindra pas.

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