Jadis, entreprise dont le savoir-faire industriel était un motif de fierté nationale, l’UMPP se trouvait, depuis plus de 20 ans dans de sérieuses difficultés. C’est pourquoi en novembre 2022, les autorités ont adopté un plan pour sa relance proposé par le ministre de l’Economie et des finances. Un plan qui consistait à réaliser des actions prioritaires comme la modification des statuts, le maintien de la continuité de la production, la modernisation des chaînes de production par la création d’une nouvelle unité. La création de cette nouvelle unité permettra d’accroître la productivité en introduisant de nouveaux équipements et de nouvelles techniques. Ce qui améliorera l’efficacité de la main d’œuvre et créera de nombreux emplois.
C’est en droite de cette relance que les autorités de la transition ont nommé comme DG, un autre médecin-militaire, le Lieutenant-colonel Abdoul Aziz Bah. C’était à la faveur du conseil des ministres du 20 mars dernier. Une nomination qui a créé l’émoi chez les acteurs du secteur. Un émoi perceptible à travers un communiqué du syndicat national des pharmaciens ((Synapharm).
Dans leur communiqué N° 001/2024 daté du 22 mars 2024, les pharmaciens demandent aux autorités de la transition de mettre à la tête de l’UMPP un pharmacien et non un militaire. Pour eux, la nomination d’un médecin-biologiste à la tête de l’UMPP est une décision qui méconnaît les exigences et les spécificités liées à la gestion d’un Établissement comme l’UMPP. La direction d’une usine de fabrication doit être confiée à un professionnel disposant d’une expertise approfondir dans le domaine de la pharmacie, poursuivent-ils dans leur communiqué. Espérons qu’ils seront entendus !
En tout cas, il ressort de nos enquêtes que l’UMPP a accordé des exonérations à des sociétés n’ayant pas qualité d’industrie pharmaceutique en vue de l’importation de produits.
Qu’en est-il de ces exonérations ?
Par autorisation d’importation N°0146/2023 en date du 02 février 2023 signé par le Directeur adjoint, Dr Patomo Dominique ARAMA, une exonération sur l’importation de produits d’une valeur totale de 61 765, 75 dollars, a été accordée à la Société EL RAPHA SCHILOMED une société indienne domiciliée à Fana, Mali. Cette exonération a portée sur des produits importés le 24 novembre 2022 en provenance de ZENKO LIFE SCIENCE LPP AGONIST Pharmaczuticals Ahmedabad, Inde. Le problème, c’est que cette société ne serait pas qualifiée pour l’importation de produits pharmaceutiques. D’où l’inondation du marché malien par des produits pharmaceutiques hors normes. Pire, avec ces exos octroyés en série à des étrangers par de différents DG, nommés en moins de deux ans, à la tête de l’UMPP, le service s’est mué dans un silence coupable en ce qui concerne le contrôle des médicaments sur le marché. Résultat : les rayons de nos pharmacies et les centres de santé du pays sont inondés par des médicaments contrefaits ou prohibés.
En sus, selon nos sources, des exonérations d’un montant de 600 millions auraient été fractionnées et accordés par ci et par là. Il se trouve que pour un conteneur de 40 pieds, les sociétés bénéficiaires ne payent que 100 000 FCFA comme taxe communautaire, un montant qui ne tombe pas dans les caisses de l’État.
Au regard de cette mafia en marche, l’on peut donner raison au Synapharm qui ne sollicite qu’aux autorités de la transition, la nomination d’un spécialiste à la tête de l’UMPP afin de mettre un bémol à ces pratiques compromettantes pour le système de santé du Mali.
Mariam Konaré
Source : Le Nouveau Réveil