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UNTM : les enjeux sociopolitiques de la grève

En accordant à la synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, l’article 39, la junte au pouvoir pensait pouvoir faire taire la grogne syndicale. Erreur d’appréciation ! Et ce qui était redouté advint. D’autres syndicats se posent en embuscade et montent les enchères. Ces sorties syndicales se font sur fond de manœuvres pour le contrôle du Conseil national de la transition, dont la clé de répartition continue de diviser les différents acteurs.

C’est dans cet imbroglio sociopolitique qu’intervient la grève de trois jours de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) du 18 au 20 novembre 2020. Pour de nombreux observateurs, les jeunes officiers au pouvoir se sont fait piéger en accordant aux syndicats des enseignants l’article 39, sachant bien que d’autres revendications similaires avaient été demandées aux précédentes autorités, notamment par le syndicat national de l’enseignement supérieur.

« Au lieu de chercher un compromis avec le monde syndical, Assimi Goita et ses camarades ont joué au populisme, pensant rallier les enseignants à leur cause, afin de faire main basse sur les organes clés de la transition », analyse cet observateur qui rappelle que le régime déchu d’IBK avait maintes fois tiré la sonnette d’arme sur l’insolvabilité des finances publiques face aux revendications syndicales.

Par ailleurs, d’autres jugent le timing de la grève mal choisi. C’est le cas du politologue Boubacar Bocoum, pour qui la grève a plutôt une connotation de « déstabilisation politique plutôt que de revendication syndicale réelle », rappelant le silence de l’UNTM au fort de la crise politique sous l’ancien régime d’Ibrahim Boubacar Keita.

Aussi, l’analyste politique fait un rapprochement entre les revendications de l’UNTM et la polémique autour de la mise en place du Conseil National de Transition (CNT). Il estime que la composition et la répartition du CNT ne doivent pas revenir au CNSP. Les réformes politiques et institutionnelles à envisager appellent à des techniciens chevronnés, affirme-t-il.

Selon Boubacar Bocoum, ce n’est pas le rôle d’une transition de gérer des revendications syndicales qui nécessitent des réformes, ce travail revient à des autorités investies d’un mandat. Mais, estime-t-il, l’erreur du Comité national pour le Salut du Peuple, c’est de n’avoir pas posé les jalons d’un cadre citoyen inclusif permettant d’aboutir à un arrangement avec les syndicats, le temps de la transition.

Pour Etienne Fakaba Sissoko, chercheur au CRAPES, le dialogue national inclusif avait déjà balisé la voie, en prévoyant des assises sur la question du travail. Cependant, il déplore l’absence de cadre de dialogue entre l’UNTM et les autorités de la transition. Ce qui conduit selon à cette grève qui impacte lourdement l’économie du pays menacée de récession.

D’autres observateurs exhortent les deux parties à trouver un terrain d’entente. Certains proposent un moratoire sur les grèves, au long de la transition, pour éviter d’obstruer la bonne marche de la transition avec des mouvements sociaux aux conséquences imprévisibles. La clé initiale de répartition des sièges du Conseil National de la Transition prévoit des postes pour les organisations syndicales. Au Mali, beaucoup justifient la grève de l’UNTM par la volonté d’une pression sur les autorités de la transition pour le contrôle de l’organe législatif de la transition par des civils. Selon plusieurs sources, les militaires au pouvoir veulent imposer le colonel Malick Diaw à la tête du CNT.

L’UNTM, quant à elle, a déposé un nouveau préavis de grève de cinq jours à partir 14 décembre.

 

A.Bocoum

Source: Bamakonews
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