Un accroc à la dédiabolisation. En dépit des efforts effectués par la direction pour en changer l’image, une majorité de Français continue d’estimer que le Front national se situe à l’extrême droite de l’échiquier politique. C’est la conclusion d’un sondage, réalisé pour Le Huffington Post et iTélé, .
La semaine dernière, Marine Le Pen, reprenant une vielle revendication de son parti, avait franchi un pas supplémentaire en menaçant de procès ceux qui continueraient à catégoriser son parti à l’extrême droite. Wallerand de Saint-Just, avocat du FN, avait précisé que des actions «symboliques» seraient entreprises dans un premier temps avant d’envisager de systématiser les attaques.
La pensée des Français, que l’on peut difficilement attaquer devant les tribunaux, risque d’être plus longue à conquérir, puisque 57 % d’entre eux estiment que le Front national est bien un parti d’extrême droite. Cette étiquette est d’ailleurs majoritairement donnée au parti lepéniste par les sondés proches de l’ensemble du spectre politique sauf… ceux proches du FN. Ainsi, ce sont 70 % des sympathisants de Lutte ouvrière, du NPA, du Parti de gauche et du PCF qui partagent cette opinion, 75 % pour le PS et EELV, 56 % au MoDem-UDI, 60 % à l’UMP et seulement 32 % au FN.
Le «ni droite, ni gauche» n’est pas compris
Les sondés avaient à répondre à la question: «Diriez-vous que le Front national est un parti…?» et leur était proposée la liste suivante: «d’extrême gauche, de gauche, du centre, de droite, d’extrême droite, ni de gauche ni de droite, je ne sais pas». La réponse «ni de gauche, ni de droite» correspond à la ligne promue par le parti. Seuls 11 % des sondés la choisissent pour le qualifier. Le message ne passe donc pas. Même auprès des sympathisants FN, puisque ceux-ci sont seulement 20 % à donner cette réponse.
Une différence pour les électeurs
L’appréciation des sondés diffère en revanche sur les électeurs du FN, qui ne sont classés à l’extrême droite que par un peu plus d’un tiers des sondés. Une différence avec l’image générale donnée au parti qui peut s’expliquer par la fonction tribunitienne du FN, dont le vote est parfois perçu comme un moyen d’exprimer son ras-le-bol des autres partis politiques. Quant aux sympathisants du FN, ils ne sont que 18 % à se considérer comme eux-mêmes d’extrême droite.