Plus de dix civils peuls ont été tués lundi dans la région de Ségou dans le centre du Mali par des chasseurs traditionnels dozos, a appris l’AFP auprès d’une association peule et d’un élu local.
Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs “groupes d’autodéfense”.
“Un groupe de chasseurs dozos a attaqué ce matin vers 09H00 le hameau peul de Heremakono, situé à 8 kilomètres de la ville de Niono”, a déclaré à l’AFP Abdoul Aziz Diallo, président de Tabital Pulaaku, principale association peule du Mali.
“Parmi les victimes figurent des enfants, des femmes et des personnes âgées”, a précisé M. Diallo, faisant état d’un “bilan provisoire” de 12 morts.
Un adjoint au maire de Niono a confirmé ce bilan. “Tôt ce matin, des chasseurs traditionnels dozos ont massacré des civils”, a-t-il déclaré à l’AFP sous le couvert de l’anonymat, appelant à ce que les coupables soient punis”.
Cet élu a évoqué une “véritable chasse à l’homme”. “Les assaillants auraient appris que des djihadistes se sont réfugiés à Heremakono, ce qui est faux”, a-t-il précisé.
Les violences intercommunautaires dans le centre du Mali ont culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso, de quelque 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons.
La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a présenté le 2 mai les conclusions de sa mission d’enquête sur l’attaque d’Ogossagou, “planifiée, organisée, et coordonnée” et menée par “au moins une centaine d’hommes armés, identifiés en majorité comme des chasseurs traditionnels”.
Cette attaque a “donné lieu à une confrontation armée ayant opposé les dozos aux éléments armés peuls faisant partie d’un rassemblement de candidats au processus de désarmement volontaire installés dans le village et qui s’étaient constitués de facto en groupe d’auto-défense”, selon la Minusma.
Depuis mars 2018, les “agressions intercommunautaires” dans la région de Mopti dans le centre ont fait quelque 600 morts et des milliers de déplacés, a indiqué le 26 mars le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH).