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Un quotidien rythmé de peines et de privations

CAMP DES DÉPLACÉS DE NIAMANA

Un quotidien rythmé de peines et de privations

Ils sont au total 203 personnes vivant dans le camp des déplacés de Niamana. Luttant quotidiennement contre le dénuement, le manque de soins et l’insuffisance de vivres, ils lancent un cri de cœur aux autorités et aux initiatives humanitaires. Nous sommes allés à la rencontre de ces déplacés. Zoom sur leurs conditions de vie bien pénibles.

Le camp des déplacés de Niamana est situé au cœur du marché à bétail dudit quartier. Une fois arrivés sur les lieux, l’on est immédiatement saisi par les conditions très incommodes dans lesquelles les déplacés se trouvent. Tentes étroites et usées, échafaudages sommaires de bâches éventrées, immondices partout où l’on met les pieds, morceaux de peaux et restes d’entrailles de bœufs pourris jetés de-ci, de-là, odeur pestilentielle, nuées de mouches etc. ; l’environnement du camp est à la limite de l’invivable. « On se loge comme on peut », notent, résignés, les habitants des lieux, qui sont déjà très inquiets de la saison des pluies qui s’annonce.

Questionné sur leurs conditions de vie, le représentant des déplacés du camp, Madou Traoré, peine à cacher son désarroi face à la triple urgence du logement, de la nourriture et d’infirmerie dont souffrent les déplacés : « On ne travaille pas. On ne peut rien avoir sans les aides qui nous parviennent. Quand il pleut, il est difficile de se mettre à l’abri. Car nos maisons sont des tentes. Nous dormons sous les tentes. Elles peuvent s’écrouler quand le vent souffle violemment. » S’exprimant sur la situation des enfants du camp, Madou Traoré explique que la plupart est en situation d’abandon scolaire. « Une bonne partie des enfants ne va pas à l’école car nous n’avons pas les moyens de les mettre dans des établissements scolaires. Ils passent la journée à jouer. Ceux qui ont la force de travailler vont en ville pour chercher de l’argent », indique-t-il.

Le représentant des déplacés se désole également des peines que les déplacés éprouvent pour accéder aux soins de santé. « L’évacuation des malades vers les centres de santé nous pose énormément de problèmes. Cela est dû à la distance. L’hôpital est loin de nous et nous n’avons pas les moyens d’assurer les frais médicaux. On nous a donné un récépissé de l’AMO, mais il ne sert à rien. Quand tu te rends avec ce document dans un centre de santé, on te fait traîner, et après, on te dit que ce récépissé n’est pas valable », s’étonne-t-il. Et de décrier l’absence d’infirmerie au sein du camp. C’est aussi ce que confirme une autre personne installée sur le site : « Il n’y a aucune infirmerie ici ! »

Seul motif de relative satisfaction, de l’aveu des déplacés, c’est l’accès à l’eau. « Les conditions étaient extrêmement difficiles en 2018. Mais des personnes de bonne volonté et des ONG ont installé des points d’eau. L’UNICEF et l’ONG Solidarité nous ont vraiment appuyés. Elles ont construit des toilettes et des points d’eau. Avant, pour se laver, il fallait débourser 100 FCFA》, nous a confié une déplacée qui a souhaité garder l’anonymat.

Assis sous un hangar, main droite sous son menton, Allaye Koïta, la soixantaine consommée, apprécie les soutiens multiformes, notamment de la part des ONG : « Nous avons fui la guerre pour venir nous installer ici. Mais, Dieu merci ! Depuis que nous sommes venus ici, le gouvernement, les bonnes volontés et les ONG nous aident avec des dons en nature, notamment, le riz, le mil.… »  Le sexagénaire, à son tour, s’inquiète de l’approche de la saison des pluies qui risque d’être désastreuse pour les déplacés. 《 Notre difficulté majeure, aujourd’hui, ce sont les conditions de logement. Nous dormons avec nos femmes et nos enfants sous des tentes, à l’étroit. On n’est vraiment pas à l’aise. Quand il pleut, les tentes peuvent s’écrouler parce que ce ne sont que des bâches. On s’inquiète déjà pour la saison de pluie qui arrive. Comment va-t-on se mettre à l’abri de la pluie ? », s’est-il interrogé. Avant de souligner le problème pécuniaire :  « On a des problèmes pour assurer le prix de condiments. Nos enfants qui ont la force physique vont en ville pour chercher de l’argent. Certains font le gardiennage, le petit commerce, la réparation de motos…cela nous aide beaucoup. »

C’est devant un tas d’ordures que nous avons rencontré  Aïssata Bocoum en train de préparer le déjeuner. Elle s’étend sur la situation du camp, en général, et sur la sienne propre, en particulier : « Nous avons un sérieux problème d’eau, de nourriture, d’habitation, de soins et d’éducation de nos enfants. Nous vivons déjà dans un contexte assez difficile, ce qui fait qu’on n’a pas les moyens nécessaires pour payer quotidiennement le transport des enfants pour l’école. Le manque de moyens financiers est un obstacle pour l’éducation de nos enfants. Personnellement, Je vends du savon et des balais, histoire d’avoir de quoi subvenir à mes petits besoins ». Certes, tente-t-elle de se consoler, « les profits sont maigres, mais nous nous en sortons à petits pas. » Et d’en appeler à l’intervention plus forte de l’Etat : « J’exhorte le gouvernement actuel à prendre à bras-le-corps nos préoccupations. Nous avons été victimes de guerre malgré nous, et nous sommes ici comme réfugiés depuis 2018 ».

Même accent triste dans la bouche de Mariam Coulibaly, une autre déplacée du camp, qui nous exprime ses soucis :  《Nous avons des problèmes d’habitation et de nourriture. Je fais du petit commerce pour subvenir à mes besoins.》. Elle aussi lance un cri de cœur aux autorités de la Transition : 《Tout ce que je peux dire aux autorités, c’est de trouver une solution pour stabiliser la situation sécuritaire au Mali afin que nous puissions retourner dans nos villages respectifs. Je cohabite sous une même tente avec mes deux coépouses et leurs enfants en plus de mon mari.

Aïchata Tamboura, qui a bénéficié  d’une aide financière de 250.000 FCFA d’une ONG, vend des beignets. Et elle arrive à tirer son épingle du jeu : 《 j’ai commencé à vendre des beignets il y a quelques mois. L’argent  que je gagne me permet de subvenir à mes besoins》.

Seydou Fané

Siguéta  Salimata Dembélé

 Source: Les Échos- Mali

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