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Un pays à la dérive : Les Maliens ne demandent que revivre

La situation dans laquelle vivent les Maliens au jour le jour constitue la conséquence de plusieurs facteurs conjugués depuis de longues dates. L’insécurité qui prévaut, la perte des valeurs voire de la dignité, constituent entre autres des faits qui ont été entretenus depuis la nuit des temps. Perdant ainsi tout ce qui composait l’identité du Malien, par métaphore, nous trouvons que le Mali (l’ancien Mali) est mort avec tous les Maliens (les patriotes) pour dire à combien ce pays est tombé bas et s’est distingué de ce pays tant admiré jadis par les touristes. Les Maliens ne demandent que revivre à travers une revivification des valeurs qui sont encore sauvables afin de redonner à ce pays ce qu’il a perdu.

Quel destin leur offre ce pays ? Telle est l’interrogation que se font chaque jour les fils du Mali autour du thé, dans les salons ou dans les bureaux. Cette question naît d’un souci, celui  de voir que tout tourne en sens inverse autour d’eux. La sécurité civile, alimentaire, sanitaire, éducative, etc., semble ne plus être des droits pour les citoyens de ce pays. Leur parler d’ailleurs de droits relève du galimatias. Le droit n’est plus à leurs yeux qu’un simulacre établi pour les maintenir dans un carcan.

Les Maliens, de pleurnichements, ils se retrouvent à sangloter sans pour autant que l’on s’aperçoit de la profondeur de leur plaie. Ils pleurent leurs valeurs. En effet, ils sont connus pour leur sens de l’hospitalité où l’étranger quel que soit sa provenance, est bien accueilli. La famille nucléaire constituait pour eux un rêve et ils se plaisaient dans leur grande famille à l’africaine. Mais cette barbarie qu’on appelle modernité a fini par porter un coup sérieux à cette coexistence qui faisait l’harmonie de cette société. Les frères ne s’entendent plus. Les enfants n’écoutent plus leurs géniteurs a posteriori leurs ainés. Le travail devient le totem de certains membres pendant que d’autres peinent à avoir un repos. En conséquence, les familles se déchirent ou se restreignent. L’aventure devient le dernier recours pour maints d’entre eux qui finissent dans la plupart des cas entre les dents du désert ou des requins. Ces phénomènes constituent une conséquence néfaste d’un autre fait : l’éducation.

Les Maliens ont minimisé l’éducation de leurs enfants. Chacun, se montrant plus préoccuper à son travail qu’à veiller à l’avenir de ses enfants, s’est déchargé de leur éducation. Du coup, ces êtres immatures se sont trouvé un autre éducateur qu’ils admirent autant que leurs parents parce que ne leur imposant rien. Tout ce que les enfants ont cherché à comprendre dans les nouvelles technologies a été leur côté négatif. À travers cette auto éducation se faisant via le virtuel, c’est les comportements à l’antipode de leurs valeurs culturelles ancestrales que ces petits de l’homme ont adoptés.

Ne sachant pas réfléchir ce qu’ils voient ou écoutent en les confrontant aux réalités de leur pays afin de procéder à une synthèse comme nous le recommandent aussi bien Kwamé Nkrumah que Marcien Towa, c’est le système d’abandon total de l’ancien au profit du nouveau qu’ils ont emprunté.

Du coup, ils décident de devenir ce blanc qui ne manque pas à leur critique à longueur de journée comme étant à la source du malheur de leur pays. Mais bizarrement, ils ont raté beau. Leurs valeurs leur ont échappé et la greffe n’a pas pris. Ce qui leur fait vivre aujourd’hui dans une sorte « d’entre-deux-monde » où la gérontocratie ne constitue qu’une faiblesse ; la politesse, une peur ; la salutation, une non-civilisation.

Tout ce qui était considéré comme indignité jadis a reçu valeur de dignité. Le vol qui n’était qu’une chose honteuse devient une  compétence. Ainsi chacun veut voler gros pour ne pas être qualifié « d’enfant maudit ».

Vous parlez d’adultère ! Elle était la chose la plus indigne aux yeux des ancêtres de ces hommes. De nos jours, les Maliens s’encouragent à cette pratique. Ne pas commettre d’adultère dans ce pays est assimilable à une forme de peur. Comme une autre conséquence attendue de tous ces phénomènes, les jeunes n’ont aucun respect pour les vieilles personnes.

En outre de tous ceux-ci et parlant toujours du cadre de l’éducation, la phase prénatale qui était assez magnifiée par les vieilles personnes ne reçoit pratiquement plus de considération dans ce pays. Jadis, les vieilles personnes ne veillaient-elles pas aux comportements de la femme en état de grossesse parce que conscientes que ses agissements ont des répercussions sur la vie du futur bébé.

Mais dans ce pays aujourd’hui, les enfants nés hors mariage devenant quasiment plus nombreux que ceux légitimes,  plus personne ne veille aux comportements de la femme enceinte.

De l’Hospitalité ! Elle est maintenant une nostalgie pour les étrangers à cause d’une forte insécurité dans ce pays. Une situation insécuritaire qui s’aggrave par le défaut d’éducation des citoyens. C’est ce manque qui fait dire à chaque Malien que l’insécurité n’est pas son problème. En conséquence, même voyant des comportements douteux tout autour d’eux, personne ne songe avertir les autorités. Mais faut-il les accuser réellement pour ne pas recourir les autorités compétentes du moment où elles  sont conscientes, l’expérience aidant, que ces autorités,  une fois averties risquent de leur faire perdre quelques jours de travail pour des interrogations ou témoignages.

À ce titre, mieux vaut être muni de preuves tangibles sur un individu douteux avant interpeller les autorités à son sujet. Tout compte fait, cette situation d’insécurité a porté un coup dur à la  manière de vivre des Maliens. L’insécurité alimentaire est devenue une autre réalité des citoyens de ce pays. Une situation qui favorise davantage l’insécurité de façon générale voire la migration irrégulière. Ce manque de confiance aux autorités a entraîné celui des autorités traditionnelles qui réussissaient jadis à réglementer la vie au sein de leur communauté. Mais de nos jours, ces autorités prenant la couleur des politiques ne reçoivent pratiquement aucune considération aux yeux des Maliens parce que les citoyens de ce pays assimilent désormais la politique à l’art de mentir ou de tromper. Cela, à cause du comportement des hommes politiques.

Les ancêtres des Maliens allaient mourir de honte aujourd’hui voyant tout ce qui se passe dans ce pays jadis craint de tous les bords. Ils ne reconnaîtraient plus ce pays qui a complètement changé de peau, de visage. On a l’impression que le Mali n’existe plus, il ne reste que le Mal. Les Maliens ne demandent autre chose que de vivre. Un peuple sans dignité est un peuple qui n’a aucunement d’existence. Il faut rendre aux Maliens leur dignité pour qu’ils revivent.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays

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