Les Nations Unies appellent à un “sursaut national” après l’attaque qui a fait une centaine de morts au Mali, dans la nuit de dimanche à lundi. D’après une source malienne, un village de l’ethnie Dogon a été quasiment entièrement rasé par une cinquantaine d’hommes lourdement armés.
Un massacre
Le drame qui s’est déroulé dans le village de Sobame Da, dans la région de Mopti, fait suite au massacre, le 23 mars dernier, de 160 Peuls par de présumés chasseurs Dogons dans cette région, devenue la plus violente du pays.
“C’est un village dogon qui a été quasiment rasé”, a confié une source de sécurité malienne sur place. Les assaillant étaient venus pour “tirer, piller et brûler”, a estimé un élu local, en évoquant des “corps calcinés”.
“Certains ont été égorgés et éventrés, des greniers et du bétail ont été brûlés. Personne n’a été épargné : femmes, enfants et vieilles personnes”, a souligné Amadou Togo. “Nous avons compté 95 morts, 38 blessés sur place, avec des portés disparus au nombre d’une vingtaine”.
“Déclaration de guerre”
L’association de chasseurs dogons Dan Nan Ambassagou, dont le gouvernement avait annoncé la dissolution le 24 mars, au lendemain du massacre d’Ogossagou, a condamné un “acte terroriste et génocidaire intolérable”. Dans un communiqué, le mouvement “considère cette attaque comme une déclaration de guerre et en prend acte”.
Une réunion sur les pays contributeurs de troupes à la Minusma est prévue mercredi aux Nations unies, dont le Conseil de sécurité doit se prononcer le 27 juin sur le mandat de cette mission.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, malgré la signature en 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes, dont l’application accumule les retards.
Depuis 2015, ces violences se sont propagées du Nord vers le centre, voire parfois le Sud. Elles se mêlent très souvent à des conflits intercommunautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger voisins.