Près de 13 jours après l’attaque du camp de Dioura dans le cercle de Tenenkou, on en sait aujourd’hui un peu plus sur les circonstances de l’attaque et le mode opératoire employé par ces terroristes pour faucher la vie à 26 de nos vaillants soldats.
Dans le cadre de la sécurisation du pays, une Compagnie d’ETIA (avec un effectif entre 140 à 150 éléments) a été déployé à Dioura dans le cercle de Tenenkou, une zone en proie à de multiples attaques de groupes terroristes divers. Par contre, les éléments de ce dispositif sécuritaire qui viennent majoritairement de la première région du pays à Nioro du Sahel se relayaient à chaque 6 mois, selon nos sources, sans être accrochés sauf dans la matinée du 17 mars, aux environs de 5 heures du matin où ledit dispositif a été la cible d’une attaque meurtrière très complexe.
Ainsi, il ressort de nos sources que 24 heures avant de lancer l’assaut sur le camp de Dioura, les groupes terroristes se sont fait passer pour des bergers en investissant certains vergers abandonnés tout au autour du camp avec quelques bétails. Entre temps, certains de leurs complices ont infiltré la ville à motos. De façon coordonnée et simultanée, les faux bergers ont lancé l’assaut en tirant à bout portant sur les 3 sentinelles qui veillaient sur la sécurité de ce camp, sans que ceux-ci ne parviennent non seulement à riposter ou donner l’alerte.
« En clair, nos hommes se sont fait surprendre », renchérit notre interlocuteur. Cette étape franchie, ils se sont mis à pilonner le camp avec des armes lourdes. Pris de court par cette attaque surprise, ajoute notre source, une grande majorité de la troupe qui était au grand complet au moment de l’attaque a plutôt cherché les différentes issues de sortie du camp. Par contre, à la tête de certains de ces éléments, le Capitaine Mohamed Oud Sidati, Chef Etia, et son adjoint Sous lieutenant Dahirou Coulibaly, ont opposé une résistance farouche aux assaillants dont l’effectif était évalué à une quarantaine de personnes, avec 6 véhicules et des motos.
« Le Capitaine Mohamed Ould Sidaty et son adjoint et quelques poignées d’éléments se sont vaillamment défendus, avant de tomber sous les balles de l’ennemi. Cette bravoure doit être un exemple pour tout militaire. Cependant, selon notre informateur, que si tous les soldats avaient accepté de défendre le camp, il n’allait pas tomber.
Le chef d’Etat major général des armées avait démissionné après l’attaque du camp
« Les éléments qui ont été accrochés venait d’être déployé il ya juste deux mois. Donc on ne peut pas parler de fatigue. Aussi, le plus important, ce sont les matériels. Dans cette attaque, nos hommes avaient non seulement la supériorité en termes de puissance de feu, mais aussi en termes d’effectif. D’ailleurs, après l’attaque, les premières enquêtes ont attesté que nos hommes, vu l’effectif et les types d’armement qu’ils possédaient, pouvaient tenir face à ses assaillants durant 20 jours, sans renfort » a précisé notre source.
En tout cas, il nous revient, d’après une autre source cette-fois non militaire, qu’environ 48 heures après l’attaque, le chef d’Etat Major général des armées, le général de Division Moussa M’Bemba Kéïta, a aussitôt adressé une lettre de démission au président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, qui aurait refusé, avant de le démettre après le massacre du village de Ogossagou qui a coûté la vie à 160 personnes.
Cependant, le refus du président d’accepter en un premier temps la démission du chef d’Etat major pouvait être expliqué par le rapport d’enquête sur le camp dont il aurait eu certainement connaissance. Car, à la sortie du dernier contingent du Service national des jeunes (Snj), le président IBK, sur un ton ferme et avertissant, avait tapé du poing sur la table tout en parlant aussi de « …Dioura la surprise ».
IBK : « que nul ne vienne plus jamais nous surprendre en train de faire du thé ou en passivité…»
« Qu’il soit compris dorénavant, très clairement. Et cela dit, je voudrais, ici encore une fois, savoir gré à tous ces jeunes formateurs qui, jour et nuit, sont aux côtés de nos jeunes, de nos enfants, pour les former au métier des armes pour leur inculquer également les rudiments du devoir civique. Le civisme est un devoir, un devoir rigoureux, de présence dans la cité, nuit et jour, pour empêcher qu’elle fut surprise cette cité-la; c’était le cas avant, ce serait le cas aujourd’hui plus que jamais. Que chacun se le dise, notre pays, je le dis encore une fois, n’est pas en paix. Nous faisons face à une guerre asymétrique, une guerre traîtresse, sans règle établie. Il faut que chacun le sache et que nous soyons dans la posture d’une vigilance absolue, accrue, que nul ne vienne plus jamais nous surprendre en train de faire du thé ou en passivité ou à un check point. Cela ne sera pas tolérable, en tout cas cela ne sera pas admis, c’est clair. Je pense que la vie de nos jeunes gens mérite que nous fassions tout pour la sauvegarder. Nous avons devoir et mission de qualifier nos forces armées, de les équiper, de les former. En retour, nous attendons un service impeccable en les temps où nous vivons, cela est de requis national obligatoire » avait affirmé le président IBK lors de la sortie des 600 jeunes du SNJ.
En tout cas, il revient à nos autorités politiques et à la nouvelle hiérarchie militaire de tirer les enseignements de cette attaque de Dioura et des précédentes pour éviter de tels effets de surprise.
Kassoum THERA
Aujourd’hui-Mali