Hubert Oulaye, un ancien ministre ivoirien du régime Gbagbo, a comparu lundi devant la cour d’assises d’Abidjan, accusé de complicité d’assassinat dans le cadre de la mort de sept Casques bleus et huit civils en 2012.
Selon l’acte d’accusation, dont l’AFP a eu copie, il lui est reproché d’avoir fourni, via des intermédiaires, deux millions de francs CFA (3.000 euros) pour acheter des armes à des hommes pour perpétrer des attaques.
Sept Casques bleus nigériens de l’Opération de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) et huit civils avaient été tués dans une attaque en juin 2012, non loin de Guiglo, une région de l’ouest de la Côte d’Ivoire, dont est originaire l’accusé.
Me Toussaint Dako, l’un des avocats de M. Oulaye, a critiqué un “procès politique” et “un dossier vide”, dans une déclaration à l’AFP.
La défense souligne que M. Oulaye a été arrêté en 2015 quelques jours seulement après avoir participé à une réunion de “frondeurs” du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo.
Le FPI est scindé en deux groupes. Le courant des “frondeurs” qui se présentent comme les “gardiens du temple” et boycottent tout scrutin s’oppose au courant dirigé par Pascal Affi N’Guessan, l’actuel président du parti qui se présente aux élections et semble vouloir tourner la page Gbagbo, actuellement jugé par la Cour pénale internationale pour “crimes contre l’humanité” présumés commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011.
La première journée d’audience a été consacrée au coaccusé de M. Oulaye, Maurice Djire. Illettré et ne comprenant pas la procédure, ce dernier n’était pas assisté par un avocat (ce qui est obligatoire en cour d’assises) et ne l’avait pas été pendant toute la procédure. Me Rodrigue Dadjé, l’un des conseils de Hubert Oulaye, a offert de le défendre.
M. Djire a affirmé devant la cour avoir été torturé lors de ses interrogatoires par la police. Selon la défense, il était en prison le jour de l’attaque contre l’Onuci, ayant été arrêté la veille.
Par ailleurs, seul un témoin sur les cinq cités par l’accusation était présent.
La question de la réconciliation entre les partisans de l’ancien président Gbagbo et ceux de l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara fait toujours l’objet de tension, six ans après la fin de la longue crise politico-militaire qui a déchiré la Côte d’Ivoire de 2002 à 2011.
Le procès doit reprendre mardi.
Avec voaafrique