L’arrestation a eu lieu suite à la proclamation des résultats des élections législatives de mars et avril 2020 par la cour constitutionnelle. Comme chacun sait, à cette occasion «Manassa a taillé une majorité sur mesure en faveur du RPM» dans notre livraison du 6 mai (numéro 459), nous avions suffisamment expliqué que, acculé par les engagements pris pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale (APR) le président de la République Ibrahim Boubacar Keita avait besoin d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale.
Mais le RPM a échoué à lui donner cette majorité confortable et IBK s’est débrouillé autrement. Mais, comme nous le disions dans notre précédente parution, «ce qu’il n’a pas obtenu par les urnes, la cour constitutionnelle le lui a offert sur un plateau d’argent en rendant vains les suffrages exprimés par les électeurs».
Bananzolé Bourama, député sortant et chef de parti politique fait partie des nombreux candidats dont la victoire a été volée par Manassa Danioko, la présidente de la cour constitutionnelle. Au Mandé où se trouve son fief Bourama Tijani Traoré dit Bananzolé Bourama est un personnage haut en couleurs. Il rentre souvent en colère, mais sa générosité est reconnue par tous. Ses revenus de député, il les distribuait à tous les habitants.
Chaque mois, il donne une somme conséquente à tous les chefs de village. Donc au Mandé, on vote massivement pour Banazolé Bourama. Mais, cette année, IBK avait besoin des sièges de Kati et Manassa Danioko les lui a offerts sur un plateau d’argent malgré la présence du Parena, le parti du ministre des affaires étrangères sur la même liste. Le 30 avril a donc été un jour de deuil à Bananzolé et dans tout le Mandé.
Le dimanche 3 mai les gendarmes du Camp I sont venus chercher Bananzolé Bourama et deux de ses fidèles compagnons. Ils ont été trainés sans ménagement au camp I et ils ont subi de nombreux interrogatoires. L’ex député a été trimbalé d’un endroit à un autre pour des raisons d’enquêtes avant d’être accusé par les gendarmes de vouloir organiser une manifestation le lundi 4 mai pour inciter à la haine et à la violence. C’est ce qu’a dit le député spolié dans une vidéo rendue publique sur les réseaux sociaux. L’homme qui n’a pas la langue dans sa poche a donné les détails de son arrestation avec ses compagnons. C’est triste pour la démocratie.
Et les gendarmes ont fini par relâcher le député sortant privé de sa victoire. On incite à la violence au cours d’une marche qui a déjà eu lieu. Or il a été arrêté le dimanche, à la veille d’une marche qui devait avoir lieu le lundi au cours de laquelle il a «incité à la violence». Finalement lui et ses compagnons ont été relâchés sains et saufs.
Mais le Professeur Clément Mamadou Dembélé a été arrêté par la sécurité d’Etat, toujours suite à la même élection législative de malheur pour le Mali. Après le président du PCC, c’est Nouhoum Sarr qui a été arrêté le week-end dernier. A qui le tour ?
Tientiguiba Danté
Source: Le Matin