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Un an après son départ : Quel est l’héritage d’ATT?

22 mars 2012-22 mars 2013, voici un an, jour pour jour, que le président Amadou Toumani Touré quittait le pouvoir à la suite du coup d’Etat le plus inopportun de l’histoire des démocraties révélées. L’homme a laissé les traces d’un pays en plein essor dans tous les domaines de la vie nationale.

ATTDu consensus politique aux infrastructures, en passant par la santé, l’agriculture, l’éducation, les infrastructures, la diplomatie, le sport, l’habitat, ATT a imprimé au Mali, au cours des dix années passés à la tête de l’Etat, un rythme de développement inédit et doté le pays de plus de réalisations qu’il n’y en a eu en 42 ans d’indépendance.

La stabilité politique et sociale, la gouvernance démocratique, les réformes institutionnelles, le pouvoir économique, l’argent, le panier de la ménagère, les infrastructures routières, hospitalières et sanitaires, scolaires et éducatives, les logements sociaux, l’urbanisation galopante etc. sont autant d’acquis qui ont marqué les esprits.

Retour sur les grands axes de l’héritage d’un chef d’Etat qui a tout donné à son pays, une terre qu’il a aimée jusqu’au bout. Malgré le fait que certains  tentent aujourd’hui de noircir son bilan.

Dix ans durant, le président ATT est resté fidèle à son engagement : celui de servir le Mali et d’en faire un pays de référence. Cette double mission, il l’a réussie, capitalisant plus d’acquis que l’ensemble de ceux que ses prédécesseurs peuvent revendiquer. Démonstration.

Dialogue et consensus politiques

Nous le disons sans ambages : le plus grand acquis d’ATT, c’est sans doute sa méthode inédite de gestion politique du pouvoir. Avec cette méthode, atypique, Amadou Toumani Touré a permis au peuple malien de retrouver son unité et sa cohésion interne. Sous ATT, dialogue et consensus ont constitué le socle de la vie politique nationale, qui se caractérisait par une sérénité sans précédent, avec moult reformes engagées au plan institutionnel pour consolider la démocratie. Les droits fondamentaux de la personne humaine sont respectés et la presse, libre et plurielle.

Arrivé au pouvoir en 2002 sous aucune couverture de parti, Amadou Toumani Touré a été d’emblée inspiré de partager le pouvoir dans un cadre de gestion concertée et consensuelle. Choguel Kokalla Maïga, président du Mpr et ancien ministre, parle de la méthode d’ATT comme d’un mode de gestion politique unique en son genre. Il nous confiait il y a quelques années : « L’un des plus grands services que le président Touré a rendu au peuple malien, c’est d’avoir créé pour eux les conditions de se réconcilier, de panser les blessures du passé ; d’avoir mis les fils du pays, divisés par le passé, dans les conditions de se parler ». Choguel rappelle que son slogan de campagne de 2002 « Retrouvons ce qui nous unit » a profondément touché le peuple malien, qui l’a élu sur la base de ce message.  Cette démarche a permis au président ATT de réunir autour de sa personne toutes les composantes et forces politiques et sociales du Mali. Il a réuni autour de son projet toutes les légitimités historiques et politiques ; il a fait en sorte que chaque Malien se sente citoyen à part entière, avec les mêmes droits et obligations.

Autre aspect positif de la méthode d’ATT, c’est son respect pour la personne et la personnalité de ses interlocuteurs et partenaires politiques et pour tous les acteurs de la vie sociale du pays. ATT n’a jamais eu d’écart de langage et n’a jamais porté atteinte à l’intégrité ou à l’honneur des acteurs de la vie politique et sociale. Il encaisse tout et coure perpétuellement derrière le dialogue. Pour preuve : après les élections de 2007, ATT a renoué les fils du dialogue avec les animateurs des partis politiques de l’opposition dans le cadre de rapports civilisés qu’un chef d’Etat doit avoir avec tous les fils du pays, y compris ceux qui ne sont pas d’accord avec lui ou qui le contestent ouvertement.

Un autre aspect important de la gestion du président Touré, c’est la recherche et la mise en œuvre de l’approche consensuelle dans la résolution de tous les grands dossiers de la nation. Ce qui lui a permis d’instaurer l’apaisement sur les fronts politique et social.

Tous les aspects positifs de la méthode d’ATT ont concouru à la quiétude qui a caractérisé son ère et à créer les conditions d’une amélioration des conditions de vie au quotidien des Maliens par le développement en terme de services vitaux de base : nourriture, santé, éducation, infrastructures, sécurité, emploi, image et rayonnement extérieur du Mali.

Consolidation de la démocratie, droits et libertés préservés

L’autre combat du président Amadou Toumani Touré, c’est la consolidation de la démocratie avec l’engagement de réformes institutionnelles par la création d’une commission de réflexion sur la consolidation de la démocratie au Mali et d’un  Comité d’appui aux réformes institutionnelles. Ces mesures visaient à corriger les lacunes et les insuffisances révélées par la pratique institutionnelle, à améliorer le système électoral et le mode de financement des partis politiques, à donner à l’opposition les moyens politiques, juridiques et financiers lui permettant d’exercer son rôle et de garantir ses droits , à clarifier, recentrer et renforcer les compétences des institutions de la République ; bref, à consolider la démocratie malienne.

Par ailleurs, s’il y avait un domaine apprécié par la communauté internationale et toutes les sensibilités extérieures confondues sous ATT, c’est bien le respect des libertés individuelles et collectives, et de la presse par les autorités  maliennes. Le Mali avait une très bonne image de la part des organismes humanitaires quant à l’application correcte par notre pays des droits fondamentaux de la personne humaine garantis par la Constitution. Tout comme la liberté de la presse.

Si le social demeure au cœur du projet présidentiel, il n’en demeure pas moins qu’ATT est resté constant dans sa volonté de voir se réaliser le décollage économique du Mali et l’accession au rang de pays émergent.

Que d’infrastructures !

Le deuxième héritage le plus précieux que le président ATT a légué au peuple malien, c’est sans doute l’expansion d’infrastructures sur toute l’étendue du territoire national. Durant le deuxième mandat, le Programme de développement économique et social (Pdes) a prévu d’investir environ 766 milliards de FCFA pour le développement du réseau routier. Il y a eu la construction ou les chantiers de construction de moult axes routiers. Entre autres : Niono – Nampala – Léré -Tonka – Diré –  Goundam – Tombouctou ; Gao – Bourem – Kidal ; Kayes – Sadiola – Kéniéba ; Bamako – Kangaba – Dioulafoundou ; Zantiébougou – Kolondiéba – Frontière Côte d’Ivoire ; Bandiagara – Bankass – Koro – Frontière Burkina ; Bandiagara – Douentza  avec une bretelle Togo – Tongo ; Gao – Bourem, Ansongo – Ménaka – Andéraboukane et Kidal – Frontière Algérie.

Plusieurs axes à travers le pays ont été bitumés : Didiéni-Diéma 187 km ; Gao-Ansongo-Labbezanga 200 km ; Kati-Kita167 km ; Bougouni-Yanfolila 81 km ; Bamako-Narena 91 km a été construite et bitumée.

Il y a aussi la construction et le bitumage des routes Bamako-Kangaba 86 km, Sekokoto 38, 5 km, Sekokoto – Bafing plus contournement de Kita 73 km, Bafing-Falemé156 km, Kayes-Bafoulabé 156 km, Bandiagara-Wô 38 km ; la construction de l’Echangeur Multiple à Bamako, du pont de Balé, du 3è pont de Bamako, du pont de Fourou, d’un échangeur multiple et de ses voies d’accès au rond-point de la paix à Bamako.

A noter également la construction et la  mise en service de postes de péage à Zégoua, Sienso, Hèrèmakono, Kourémalé, Kassela, Bla, Bla-Koury, Niamana, Kati, Bougouni, Kita, Markala, Mamaribougou, Yanfolila, Koutiala, Bandiagara, Ansongo, Nioro, Gogui.

Dans le domaine du transport aérien, il y a eu la réhabilitation et l’extension de l’aéroport de Bamako- Sénou dans le cadre du Millenium Challenge Account pour environ 95 milliards de FCFA ; la réhabilitation et/ou l’extension des aéroports de Gao, Tombouctou, Sikasso, Kayes et Mopti et la construction des aéroports de Kidal et Taoudénit.

En matière d’équipement, on peut noter le rapatriement de 18 000 anciens clichés photographiques aériens ; la couverture de 50 localités du Mali en image du satellite Quick-Bird et 14 065 km2 ; la matérialisation de la Frontière Mali – Burkina Faso sur 200 Km ; la construction et l’équipement des stations météorologiques à Yanfolila et à Macina ; l’acquisition d’équipements météorologiques pour 10 stations météorologiques ; la réhabilitation de 8 stations: Bamako-ville, Gourma Rharouss, Niafunké, Kangaba, Kolondiéba, Sélingué, Goundam, Niono ; la mise en œuvre du programme de pluies provoquées par la location de deux avions, l’acquisition d’un radar météo pour Gao. Kadiolo.

 L’autoroute et le pont de la révolution

Dans le lot des réalisations d’ATT, deux projets frappent les esprits l’autoroute Bamako-Ségou et le 3è pont de Bamako. La réalisation de ces deux ouvrages révolutionnaires engendre un coût global de plus de 200 milliards de FCFA.

Le 3è pont de Bamako, symbole de l’amitié sino-malienne, est un ouvrage révolutionnaire qui a coûté 30 milliards de FCFA au président chinois, Hu Jintao. D’une longueur totale de 1616 m et 2200 kilomètres avec les voies d’accès, l’ouvrage permet de fluidifier le trafic dans Bamako, à aider à réduire les encombrements à l’entrée et à la sortie de Bamako, à décongestionner les rues de la ville, à améliorer la sécurité routière et surtout à embellir la capitale.

L’autoroute Bamako-Ségou est, selon les archives du ministère de l’équipement et des transports, l’un des plus importants projets routiers jamais réalisés au Mali.

D’un coût total de 182 milliards de FCFA, la future autoroute d’une longueur totale de 227 km comprendra une chaussée de deux fois deux voies de 3,5 m de large chacune, un terre-plein central de 10 à 17 m, une bande d’arrêt d’urgence de 2,30 m de part et d’autre. L’ensemble sera revêtu en béton bitumineux d’une épaisseur de 7 cm. La route comprendra également 12 ouvrages d’art dont 10 ponts et un échangeur qui sera construit au carrefour de Markala.

Santé pour tous

L’accord de partenariat pour une école apaisée et performante et l’Assurance maladie obligatoire, sont deux autres réalisations majeures du président Amadou Toumani. Si l’accord a permis d’apporter un peu de sérénité au sein des écoles maliennes (la part du budget d’État consacrée au secteur a augmenté et représente plus de 33 % des charges de fonctionnement de l’État), l’AMO, cette réforme importante du système de sécurité sociale (malgré les incompréhensions qui ont entouré son application) a changé beaucoup de choses pour les différentes couches de la société malienne.

Durant les dix années de gestion d’ATT, l’Etat malien a déployé des efforts financiers considérables pour répondre aux besoins de santé des populations. Plusieurs milliards de nos francs ont été investis dans la réalisation d’infrastructures sanitaires modernes. Entre autres, le nouveau service des urgences de l’hôpital Gabriel Touré ; un bloc opératoire plus un laboratoire à Kati ; un nouveau service des maladies infectieuses et du service de prise en charge psycho sociale des personnes vivant avec le VIH, un bloc de chirurgie cardiovasculaire, et le bâtiment de la médecine interne et du service de transplantation rénale du CHU du Point G, ainsi que le centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose.

Aussi, de Kayes à Kidal sont inaugurées des centres de santé communautaires, des centres de santé de référence parmi lesquels ceux de Sélingué, Bougouni, Kolondiéba, Kadiolo, Kignan, Yorosso, Koutiala, Ménaka.

L’hôpital du Mali à Bamako, l’hôpital de Sikasso et l’hôpital de Sévaré-Mopti, sont autant d’autres ouvrages de référence à retenir de l’héritage d’ATT. Tout comme les stades omnisports de Bougouni, Koutiala et San ; la salle polyvalente de basket ball en chantier à Hamdallaye ACI 2000.

Mais, en sport on retiendra surtout que c’est ATT que Daba Modibo Kéïta a été deux fois champion du monde de taekwondo, en 2007 et en 2009 ; que le Mali a été champion d’Afrique de basket ball féminin en clubs et dans toutes les catégories de sélections nationales ; que le Stade malien de Bamako a remporté la coupe CAF en 2009 ; que pour la première fois dans l’histoire, le Mali a qualifié une équipe de sport collectif aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004 (football) et de Pékin en 2008 (basket ball) ; et que les Aigles du Mali ont été 3è d’Afrique à la CAN 2012.

Malgré ces énormes acquis qui font encore aujourd’hui la fierté des Maliens de tous bords, force est de reconnaître que tout n’a pas été rose durant les dix ans de règne du président Touré. Non pas par sa faute le plus souvent, mais à cause de son entourage dont les responsabilités pourront être situées un jour.

Première faiblesse constatée : le manque d’autorité de l’Etat. Cette autorité est effritée du sommet à la base, engendrant moult dérapages dont certains ont été nuisibles au pouvoir en place.

Deuxième faiblesse évoquée dans certains milieux : le choix des hommes. De bonne foi, le président ATT a nommé des cadres qui, pensait-il certainement, « pouvaient l’aider dans sa mission ». Ses collaborateurs lui ont caché certaines vérités, voire toutes les vérités, à des moments de vérité. Tout ça a conduit à affaiblir le régime de Amadou Toumani Touré. Qui, à tort ou à raison, était accusé de trop banaliser le pouvoir. Mais, sa conviction était peut-être celle-ci : le pouvoir est trop sérieux pour ne pas être pris au sérieux. C’était ça ATT.

Sékou Tamboura

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