Sous l’égide du médiateur de la CEDEAO, la médiation internationale a proposé aux deux parties un projet d’accord sur le redéploiement de l’armée à Kidal. Selon cet accord arraché après deux jours de négociations, les groupes armés, notamment le MNLA, seront cantonnés et désarmés et le retour de l’armée à Kidal sera encadré par la communauté internationale. L’émissaire du gouvernement de transition s’est envolé hier pour Bamako en vue de discuter avec le président de la République et le Premier ministre sur le projet. Il retourne aujourd’hui à Ouaga en compagnie d’un membre du gouvernement pour la signature du document.
Cet accord a été obtenu après deux jours de tractations en vue d’amener les groupes armés à parler d’une même voix et à se conformer à la résolution 2100 de l’ONU, qui stipule que tous les groupes qui opèrent au nord du Mali doivent désarmer avant de participer au processus. C’est l’argument qu’a utilisé Tiébilé Dramé pour associer le mouvement arabe de l’Azawad et les mouvements des forces patriotiques pour la résistance regroupant plusieurs groupes d’auto-défenses aux discussions.
Dans l’après- midi du samedi, le médiateur, le président Blaise Compaoré a reçu séparément le MNLA, le MAA et MFPR. Cette rencontre avec tous les groupes s’est poursuivie toute la journée du dimanche au salon de conférence de la présidence avec l’ensemble des médiateurs, composé du président du Faso, médiateur de la CEDEAO, l’ambassadeur du Nigéria au Burkina, représentant son président, les représentants de l’UA, de l’UE, des Nations Unies, de la France, des USA, de la Suisse, du Tchad, de l’Algérie et de la Mauritanie. Les discussions, qui sont poursuivies tard dans la nuit du dimanche, ont permis à la médiation de comprendre la complexité du dossier et la réalité du nord.
En rencontrant aussi séparément les différents groupes armés, l’émissaire du gouvernement malien a recommandé aux groupes de se concerter pour préserver les relations séculaires qui existent entre les différentes communautés dans le septentrion malien. Il s’est dit confiant quant à la capacité de la médiation de trouver un accord consensuel.
A l’intervention de l’armée française en janvier 2013, tous les observateurs avaient prédit la fin de la médiation. Mais ce ne fut pas le cas. La médiation internationale sous l’égide du médiateur de la CEDEAO, composée du médiateur associé, des responsables de la MINUSMA, de l’UA, de l’UE ; de la France, des USA ont réussi à trouver un accord entre le gouvernement du Mali et les groupes armés. Selon cet accord, l’armée malienne sera redéployée à Kidal avec une commission mixte de sécurité. Les groupes armés, notamment le MNLA, seront cantonnés et désarmés. Cela en vue de permettre le bon déroulement des élections générales sur toute l’étendue du territoire national. Dans cet accord toutes les dispositions sont prises pour permettre le bon déroulement du processus électoral. La commission mixte de sécurité sera mise en place pour favoriser le retour de l’armée.
Moussa SIDIBE depuis Ouaga
Les brèves du palais Kossyam
Blaise Compaoré en concertation avec Ganda Koy et le MAA
Après la prise de contact avec le médiateur, le président du mouvement des forces patriotiques pour la résistance a salué le médiateur Blaise Compaoré. Selon lui, pour préserver la paix au nord du Mali, on ne peut pas ignorer les groupes d’auto-défense qui se sont organisés pour sécuriser les biens des populations après le retrait de l’armée et de l’administration. Pour Harouna A Toureh, les discussions inclusives permettent de réussir le désarmement de l’ensemble des groupes et l’organisation sereine des élections. Même son de cloche chez le porte parole du MAA. Me Bady Ould Mohamed a exprimé toute la satisfaction de son mouvement d’être associe aux négociations. A le croire, ce sont les arabes qui ont tout perdu dans cette guerre. Le porte-parole du MAA a exprimé son attachement à la République et à la laïcité. Tous sont confiants qu’un accord sera trouvé pour permettre la tenue très prochaine des élections sur l’ensemble du territoire.
Le double langage d’Ibrahima Ag Mohamed Assaleh
Devant la presse malienne, Ibrahima Ag Mohamed Assaleh s’est félicité de l’ouverture du dialogue avec le gouvernement du Mali. A le croire, ce dialogue va permettre au Mali de retrouver sa grandeur d’antan. « J’ai compris qu’il y a une carence dans le débat démocratique à l’hémicycle. Je suis très ému de voir mes frères maliens ouverts à un dialogue franc et sincère avec nous. Je suis sûr que ce dialogue permettra au Mali de lancer des jalons de développement. Nous n’allons pas nous opposer au retour de l’administration à Kidal dans la mesure où nous reconnaissons l’intégrité du territoire malien. Mais ce que nous allons discuter ce sont les modalités du déploiement. Nous souhaitons que l’armée qui se déploiera à Kidal soit celle formée par l’Union Européenne. Il a exhorté les Maliens à se donner la main pour sortir le pays de cette guerre inutile. La situation que vit le Mali est un échec de la démocratie. Et cela est valable pour l’ensemble des pays du continent. Partout en Afrique, les responsables politiques oublient leurs populations. Notre combat, c’est un Mali où l’ensemble des richesses seront au bénéfice des populations ». Ces propos sont d’Ibrahima Ag Mohamed Assaleh. Quelques minutes plus tard, l’ancien député élu à Goundam réaffirme au micro d’un confrère occidental qu’il reste attaché à l’Azawad. Il justifie tout le bien que le MNLA fait pour les populations de l’Azawad. Il dit se réclamer de l’Azawad. Ce qui tranche avec les propos qu’il a tenus devant la presse malienne. Toutes choses qui prouvent encore une fois à la face du monde que les responsables du MNLA ne sont pas crédibles.
Moussa SIDIBE depuis OUAGA