En sommet par visioconférence sur la crise malienne, les chefs d’États de la CEDEAO ont intimé à la junte de remettre le pouvoir aux civils afin d’organiser une transition politique de douze mois. Cette réunion a également reconduit les sanctions contre le Mali et donné un ultimatum à peine voilé à la junte militaire pour qu’elle rende le pouvoir aux civils. Le M5 RFP, le regroupement politique qui semble avoir la légitimité s’offusque aussi de n’avoir pas été associé à la gestion et commence à se plaindre et à critiquer certaines décisions prises unilatéralement alors qu’il estime être l’un des deux piliers qui ont été à la base du changement. La junte pourrait-elle résister à ces deux pressions ? Ne doit-elle pas comprendre que le pouvoir kaki est révolu sous nos tropiques ?
Accueillis en héros et applaudis en véritables libérateurs, les jeunes officiers qui ont mis fin à sept ans de souffrance du peuple malien en poussant à la démission le Président de la République sont en train de décevoir. Deux faits majeurs nous poussent à faire une telle affirmation, le premier est la mise à l’écart du M5 RFP, ce mouvement qui a tenu la dragée haute pendant des mois et qui est un acteur majeur incontournable pour une sortie de crise. Le deuxième fait majeur est l’acte fondamental pris de façon unilatérale par la junte et qui fait du colonel Assimi Goita le chef de l’État.
La junte militaire est désormais soumise à des pressions et risque d’être désavouée par la population si elle ne répond pas favorablement à la demande de la CEDEAO relative à l’organisation d’une transition civile de 12 mois afin de renouer rapidement avec la démocratie et le fonctionnement normal des institutions en dotant le Mali d’un pouvoir légitime.
La réunion des chefs d’État de la CEDEAO a décidé de maintenir les sanctions, excepté les denrées de première nécessité, jusqu’à la satisfaction des recommandations qui sont entre autres l’organisation d’une transition civile avec un Président et un Premier ministre tous civils, et cela dans un délai de 12 mois. La réunion des chefs d’État de la CEDEAO souhaite voir ces recommandations mis en œuvre rapidement pour éviter des désagréments au peuple malien qui souffre déjà depuis sept ans.
Pourquoi la junte militaire traîne-t-elle les pieds face aux injonctions de l’organisation sous régionale ? Est-elle consciente des risques qu’elle encourt ? Elle a tout intérêt à renoncer à d’autres ambitions, surtout celles relatives à son maintien au pouvoir pour gérer la transition politique. Cette posture qu’elle souhaite prendre est non seulement dommageable pour elle, mais aussi et surtout, préjudiciable pour le Mali. La junte militaire du colonel AssimiGoita est désormais entre l’honneur et la trahison du peuple.
En définitive, si tant est que la junte militaire n’est pas sous influence de l’ancien président et son régime, il n’y a pas de raison que la junte s’accroche au pouvoir ou qu’elle ne collabore pas avec le M5 RFP.
Youssouf Sissoko
Inf@sept