«Cela m’a fait pleurer»: la veuve d’un soldat américain tué au Niger est revenue lundi dans un témoignage chargé d’émotion sur l’appel controversé que lui a passé le président Donald Trump, l’accusant notamment de ne pas s’être souvenu du nom de son mari.
Le sergent, La David T. Johnson, âgé de 25 ans, est tombé, avec trois autres Américains, dans une embuscade d’un groupe jihadiste au Niger le 4 octobre.
«Le président a dit qu’il savait pour quoi il s’était engagé, mais ça fait mal. Cela m’a fait pleurer. J’étais en colère à cause du ton de sa voix et de la manière dont il l’a dit», a déclaré sa veuve, Myeshia Johnson, sur la chaîne ABC News.
«Je l’ai entendu bafouiller en essayant de se souvenir du nom de mon mari et c’est ce qui m’a fait le plus mal, parce que si mon mari est là-bas à se battre pour notre pays, s’il risque sa vie, pourquoi ne pouvez-vous pas vous souvenir de son nom?», a-t-elle ajouté.
«Je n’ai rien dit, j’ai juste écouté. J’étais très fâchée, ça m’a fait pleurer encore plus», a déclaré la jeune femme, enceinte de son troisième enfant avec La David Johnson.
Le président, empêtré depuis une semaine dans cette affaire dans laquelle il a accumulé les approximations en mettant notamment en cause ses prédécesseurs, lui a très rapidement répondu par un tweet, contredisant ses propos.
«J’ai eu une conversation très respectueuse avec la veuve du sergent La David Johnson et j’ai prononcé son nom dès le début, sans aucune hésitation!», a-t-il assuré.
Frederica Wilson, élue démocrate de Floride à la Chambre des représentants, avait accusé le président la semaine dernière d’avoir déclaré «je suis sûr qu’il savait ce pour quoi il s’engageait, mais ça reste douloureux» en présentant ses condoléances à Myeshia Johnson,
«L’élue démocrate a complétement inventé ce que j’ai dit à l’épouse d’un soldat mort au combat (et j’ai la preuve). Triste!», lui avait répondu le président sur Twitter, avant de s’en prendre à elle avec virulence dans les jours qui ont suivi.
Interrogations sur l’embuscade
Cette opération dans l’ouest du Niger dans laquelle quatre soldats américains et cinq soldats nigériens ont perdu la vie continuaient par ailleurs de susciter de nombreuses interrogations aux États-Unis où la présence de soldats américains en Afrique est peu connue.
Lors d’un point de presse, le chef d’état-major américain Joe Dunford a indiqué lundi que les États-Unis avaient l’«intention de continuer» leurs opérations sur place en dépit de cette embuscade.
Les effectifs des forces spéciales américaines varient fréquemment car leurs missions sont courtes mais, au moment des faits, 800 d’entre eux étaient déployés au Niger, ce qui en fait la force américaine la plus importante en Afrique, a-t-il souligné.
L’accrochage s’est produit lorsqu’une patrouille de reconnaissance composée de douze soldats américains des forces spéciales et trente soldats nigériens revenait du village de Tongo Tongo, situé à une centaine de kilomètres de Niamey, près de la frontière avec le Mali, a raconté le général Dunford.
Ils ont été attaqués par un groupe de cinquante combattants affiliés au groupe État islamique (EI) équipés de petites armes à feu, de grenades et de véhicules armés.
Les forces spéciales n’ont appelé des renforts qu’après une heure de combat, a précisé le chef d’état-major, laissant entendre que la patrouille américano-nigérienne pensait initialement pouvoir venir à bout de ces combattants.
Source: lavenir