Le sergent-chef Cheickna Hamala Diakité, qui nous a rendu visite hier à la rédaction, est décidé à saisir qui de droit pour que toute la lumière soit faite sur les exactions que lui et certains policiers ont subies au GMS de la part du sergent-chef Siriman Fané et de l’adjudant-chef Siméon Kéïta, tous deux membres de l’ex-CNRDRE, actuellement sous mandat de dépôt dans le cadre de l’exécution des 21 bérets rouges.
Sergent-chef Cheick Hamala Diakité
Ces deux policiers incriminés, non moins responsables de la Section syndicale de la Police Nationale (SPN) n’ont pas hésité à s’emparer d’armes lourdes pour participer activement aux affrontements que se livraient en son temps les bérets rouges et les bérets verts. Ils se sont aussi servis des mêmes armes pour mener une véritable chasse à l’homme contre certains de leurs adversaires syndicaux avec la complicité de certains responsables de la police. Toutes les tentatives engagées par Cheickna Hamala Diakité et ses proches emprisonnés par leurs tortionnaires pour être rétablis dans leurs droits sont restées vaines, car le ministre de la justice d’alors, Malick Coulibaly, leur demandait de renoncer à des poursuites en échange de leur libération. Aujourd’hui, Cheichna Hamala et ses proches entendent saisir la Cour suprême
Selon lui, la crise qui a secoué la police nationale a débuté bien avant le coup d’Etat du 22 mars 2012 qui a sérieusement ébranlé cette institution. Il a indiqué que déjà, le 17 septembre 2011, un groupe de policiers dirigé par le Sergent-chef de police Siriman Fané, lourdement armé, s’est présenté à lui pour l’assassiner. » Un dénommé Yaya Niambélé a ouvert le feu sur moi, j’ai été contraint de riposter par des coups de sommation pour les disperser » reconnait-il. Bien qu’il ait saisi sa hiérarchie, aucune suite n’a été donnée à cette tentative de meurtre. Il précise que ce groupe lui reprochait d’avoir effectué une tournée syndicale sans l’en informer et que cela devrait conduire à un congrès destiné à renouveler les bases du syndicat. » Pour jeter le discrédit sur mes partisans, l’ancien directeur de la police nationale, Niamé Keïta nous mettait de la pression pour nous pousser à la faute. A cette période, le ministre d’alors nous avait convoqués pour savoir les raisons de la montée de l’insécurité à Bamako. C’est ce qui nous a conduits à désigner le commissaire Tidjane Coulibaly « a-t-il indiqué.
Cependant, depuis sa nomination, ce dernier aurait fait l’objet de plusieurs tracasseries. Il a même échappé de justesse à une tentative de meurtre lorsque des éléments cagoulés ont ouvert le feu sur son domicile, le 2 avril 2012. A croire notre interlocuteur, ce sont les événements du 22 mars 2012 qui ont accentué la déchirure entre les policiers. En effet, la veille du coup d’Etat perpétré par les mutins de Kati, Cheickna Hamala Diakité était le responsable du magasin d’armements de la Police. Il a reçu la visite d’un groupe dirigé par Siméon Keïta et Siriman Fané qui l’ont sommé de leur remettre les armes pour aller soutenir leurs camarades de Kati.
» Lorsque j’ai saisi ma hiérarchie pour lui faire part de la requête des éléments de Siriman Fané, le Commandant du GMS, le Contrôleur général Moussa Camara a opposé une fin de non-recevoir. Il m’a même demandé de restituer les clés du magasin d’armes et des véhicules » a souligné le Sergent-Chef, Cheickna Diakité. Qui a d’ailleurs été sommé de quitter les lieux. Ce qui amena le groupe de Siriman Fané à mener des recherches pour mettre la main sur lui.
Par la suite, il sera contacté par l’Adjudant Drissa Samaké dit Roger qui lui demanda de se rendre, car le coup d’Etat » a marché « . Resté à l’abri pendant une longue période, il sera contacté l’un de ses proches le 1e mai 2012, qui l’informa que le groupe de Siriman Fané tentait de mettre la main sur lui pour l’abattre.
C’est ainsi que certains de ses partisans ont été arrêtés puis torturés. Ils se sont même rendus à son domicile pour menacer sa famille. Plus tard, il sera contacté par le directeur général adjoint de la Police nationale, Ismaîla Coulibaly, contrôleur général, qui lui a demandé de se planquer en attendant que la situation se calme. Le 20 juillet 2012, à sa grande surprise, il reçoit un arrêté N°2051 l’informant de sa suspension. Le même jour, un autre arrêté, portant le N°2052, lui sera transmis, le sommant de se présenter en urgence devant le conseil de discipline.
Le 17 août 2012, il recevra un troisième arrêté N°2429, qui l’informe de son licenciement. Pour lui, cette décision viole les dispositions du statut des fonctionnaires de la police nationale. Le 23 août, Cheikna Diakité sera informé qu’un avis de recherche a été délivré contre lui.
C’est finalement, le 29 août, qu’il se présentera au commissariat du 2e arrondissement. C’est là qu’un groupe dirigé par Siriman Fané, lourdement armé, intimera au commissaire de lui livrer Cheickna Hamala Diakité. Bien qu’il ait tenté de s’interposer, le commissaire n’a rien pu faire pour les arrêter. C’est ainsi que Cheickna Hamala Diakité a été rendu à ses tortionnaires qui le conduiront au GMS. Sur place, lui et quelques compagnons d’infortune seront torturés jour et nuit. Il en sortira avec un testicule brisé et des contusions multiples. Il a également affirmé que tous les biens dont il disposait ont été spoliés au moment de son arrestation.
Parmi ses tortionnaires, il cite les noms de Yaya Niambélé, Siriman Fané, M. M’Baye, Siméon Keïta et Roger. Le 30 avril, ils seront conduits à l’école d’application où ils passeront une semaine sans soin. Lorsqu’ils réclamaient un meilleur traitement, il révèle que le lieutenant Dolo se moquait d’eux en disant qu’ils méritaient la mort.
Le 4 septembre, ils ont été transférés au camp I de la gendarmerie. C’est ici qu’il dit avoir reçu la visite du Ministre de la Justice, Malick Coulibaly qui leur a indiqué que s’ils voulaient être libérés, ils devraient renoncer à toute poursuite contre leurs tortionnaires.
Le 30 janvier 2013, 8 policiers, dont Cheickna, seront libérés. Il dit avoir saisi l’ancien Ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Tièfing Konaté mais que celui-ci leur dit qu’il recevait des instructions de Kati et ne pouvait prendre aucune décision.
Après la présidentielle, ils saisiront le ministre Sada Samaké mais, jusqu’à ce jour, ce dernier ne fait que des promesses sans suite. Cheickna Hamala Diakité a promis de saisir la Cour suprême en fin janvier s’il n’est pas rétabli dans ses droits. Il compte même porter plainte pour » coups, blessure et spoliation de biens « .
Maciré DIOP