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Tribune libre: Sonner l’urgence contre les fractures !

Devant l’ampleur du séisme terroriste, du gouffre économique et des tempêtes sociales qui frappent notre pays depuis trop longtemps, face au désespoir qui écrase nos populations de par les difficultes pour l’Etat de satisfaire les besoins de ces populations en services sociaux de base ( eau, sante, électricité) et infrastructures indispensable à la mobilité( manque de routes), eu égard aux graves doutes des citoyens et aux suspicions parfois haineuses sur la réelle efficacité des forces militaires alliées à vaincre «l’ennemi» aux multiples visages et aux criminels usages, il est temps de sonner l’urgence, afin de résorber dans un premier temps les fractures profondes qui brisent notre unité et dans un second temps, afin de poser fraternellement, loyalement, dignement et vigoureusement les bases d’un Mali pacifié et émergent. Un Mali d’espoirs.

Trop d’années que de terribles maux taraudent notre territoire et que les réponses à ces maux sont légères, voire absentes. Tant de fractures douloureuses, tant de petits riens qui font les grandes et fortes colères… que l’État ne réduit nullement et qui pourraient se faire ressentir, si les souffrances et les violences perdurent, avec fracas en diverses et surprenantes manifestations. Tant de fractures désastreuses comme si le Mali finalement n’était plus un!

La hantise d’un avenir chaotique, la perte des repères du passé, un présent désespérément vidé petit à petit de substances spirituelles, culturelles, économiques et civiques, voilà ce qui s’imprime sournoisement dans l’esprit de notre peuple et opprime tant son développement que sa concorde. Voilà ce qui pourrait à très court terme diviser nos communautés et multiplier d’intolérables affrontements entre elles, chacune pouvant se sentir dupée, discriminée, marginalisée plus que l’autre. Ce n’est pourtant ni l’héritage que nous avons reçu de nos aînés, ni la tolérance que nous avons cultivée en nos coeurs, ni la fraternité qui a présidé notre histoire et encore moins la solidarité qui nous réunissait autour des plus fragiles. À s’engouffrer dans cette impasse politique qui nous tend ses pièges, entre autres, celui de nous faire penser que les possibles se restreignent et que notre simple bonheur se rétrécit, nous désarmons l’espoir de nous inventer un futur qui rassemble nos valeurs autour d’un idéal de paix, de justice et d’égalité.

Il est temps que les enfants du pays , filles et fils se retrouvent pour boucher les trous de la jarre percée comme l’avait demandé  le Roi Guezo en son temps pour son royaume , que l’on dépasse le « moi » pour penser Mali et accepter de s’asseoir et discuter. Que l’on appelle cela dialogue national inclusif ou dialogue politique inclusif, peu importe  l’appellation, retrouvons nous autour de l’arbre à palabre sans étiquette pour parler Mali et baliser les contours  de l’avenir de notre pays dans la plus parfaite fraternité soudanaise. Soyons les dignes fils de Modibo Keita, Mamadou Konate Amadou Hampaté Bâ et d’autres sages contemporains qui ont bâti le Mali dont nous sommes héritiers. L’histoire nous jugera et nous n’avons pas le droit de trahir le serment des pères fondateurs de notre nation. ::::☹ (angafaara ka gninèdinyè sen ni kolon n’gala yé).

Plus que jamais, nos vies ne doivent pas être privées d’horizon, d’espérance majuscule! Nous devons nous «croiser» à nouveau, échanger sans dépit existentiel, écouter sans haine, nous rejoindre sur l’essentiel des vertus qui nourrissent et grandissent notre république. Finalement, nous sommes légitimes à réclamer l’espoir. À l’exiger même! Cet espoir que c’est en nous-mêmes et par nous-mêmes que notre Mali vivra. Nos voix sont celles des oublié(e)s, des paupérisé(e)s, des fracases (e)s, des démuni(e)s, des égaré(e)s et de tant d’autres déclassé(e)s socialement, professionnellement, culturellement. Nos voix bientôt ne seront qu’une seule voix, populaire. Elle sera forte, puissante, énergisante et…déterminante. Cette voix populaire va donc compter. Avec l’unique espoir d’être définitivement entendue. Afin de ne pas être contrainte de choisir d’autres voies…

Personne ne doit s’y tromper: cette voix n’est point menaçante. Elle sonne juste l’urgence contre les fractures. À chacun(e) de prendre sa responsabilité et sa part afin que l’espoir ne meurt pas.

Mohamed Salia TOURE

Source: Journal le 22 Septembre-Mali

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