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[Tribune] L’Artificialisation du vivant, entre utopie et dystopie

Entre promesses de progrès et risques de dérives, l’intelligence artificielle redéfinit les frontières du vivant et place l’humanité face à des choix complexes pour son avenir.

Depuis la naissance des organismes génétiquement modifiés (OGM) jusqu’à la conception du cœur artificiel, en passant par le clonage, le greffage et la robotisation, l’humanité n’a cessé de repousser les limites de la biologie et de la mécanique. Aujourd’hui, à l’heure de l’intelligence artificielle (IA), cette quête s’accélère à une vitesse vertigineuse. Le vivant se redéfinit, la frontière entre nature et artifice s’efface, et l’humain se transforme en un être à la fois créateur et esclave de ses propres inventions.

La promesse d’un monde facilité

L’objectif originel de l’IA, comme celui de toutes les technologies, reste inchangé : réduire les efforts de l’humain. De la robotisation des chaînes de production aux cœurs artificiels prolongeant la vie, chaque innovation semble destinée à alléger le fardeau du travail ou à améliorer les conditions d’existence. Avec des algorithmes capables de diagnostiquer des maladies avant même l’apparition des symptômes, de gérer des cultures agricoles de manière optimale ou de simuler des organes humains en laboratoire, l’IA est devenue un outil d’une puissance inégalée.

Elle n’est pas simplement une évolution, mais une révolution, promettant un monde où l’humain serait libéré des tâches les plus ingrates et où la vie pourrait être prolongée presque indéfiniment. Pourtant, chaque progrès technologique porte en lui le risque de compromettre la santé humaine, physique ou sociale.

Un monde d’autosurveillance et de contrôle

L’émergence de l’IA s’accompagne de l’installation progressive d’un « monde d’autosurveillance ». Les dispositifs connectés, qu’ils soient implantés dans nos corps ou dissimulés dans nos villes, enregistrent, analysent et prévoient nos comportements. Si cette surveillance promet une meilleure gestion des risques — prévenir un arrêt cardiaque avant qu’il ne survienne ou optimiser les flux de transport urbain —, elle transforme aussi l’humain en un objet de contrôle, dont chaque geste est répertorié, mesuré, parfois monétisé.

À mesure que l’IA s’améliore, elle rend possible un scénario autrefois réservé à la science-fiction : celui d’un monde où la technologie devient juge et arbitre des vies humaines. Déjà, des algorithmes déterminent si un candidat obtient un emploi, si un patient a accès à un traitement, voire s’il est « digne » de recevoir un crédit bancaire.

Un marteau à double tranchant

L’IA, comme l’a justement analysé Jacques Attali, est comparable à un marteau : elle peut bâtir un avenir radieux ou détruire les fondations mêmes de notre humanité. Entre les mains de visionnaires éclairés, elle pourrait résoudre les crises environnementales, éradiquer la faim ou vaincre des maladies incurables. Mais mal encadrée, elle pourrait amplifier les inégalités, engendrer une surveillance de masse et déshumaniser les interactions sociales.

Les avancées médicales, comme le clonage ou les cœurs artificiels, illustrent cette dualité. Elles sauvent des vies, mais posent aussi des questions éthiques profondes : jusqu’où peut-on intervenir sur le vivant ? Qui décide des priorités d’innovation ?

Dans cette course effrénée à l’augmentation et à l’artificialisation du vivant, l’humanité se trouve à un carrefour. Elle doit choisir entre deux chemins : celui d’une exploitation anarchique de la technologie, qui pourrait conduire à un asservissement par ses propres créations, ou celui d’un contrôle éclairé, qui place l’éthique et l’humain au cœur des décisions.

Pour cela, des garde-fous doivent être instaurés, non pour freiner l’innovation, mais pour garantir qu’elle reste au service de l’humain et non l’inverse. Car, comme le montre l’histoire, chaque marteau forgé par l’homme peut soit bâtir des cathédrales, soit briser des mondes. À nous de choisir ce que nous voulons construire.

F. Togola 

Source : Sahel Tribune
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