Construite il y a plusieurs décennies pour faciliter le trafic entre le Nord et le reste du pays, notamment la capitale Bamako sur environ 600 km, la RN16 (Sévaré-Gao) n’est plus, aujourd’hui, que l’ombre d’elle-même. Et pour cause, cette voie d’une importance capitale a été complètement délaissée par les autorités publiques. Si bien que ce trajet est, de nos jours, impraticable pour les usagers.
Fruit de la coopération entre le Mali, l’Allemagne et plusieurs autres partenaires face à la grande sécheresse qui sévissait dans les régions septentrionales dans les années 80, la RN 16 se trouve actuellement dans un état de délabrement total. Le trajet Sévaré-Gao relève aujourd’hui du parcours de combattant. Pourtant, au départ tout était mis en œuvre pour offrir aux usagers de ce tronçon un parcours convenable. Selon les archives, plusieurs mesures d’accompagnement ont été initiées pour assurer à cette route une durée de vie plus longue. De sa construction dans les années 80 aux années 2010, cette route qui est l’une des plus fréquentées dans notre pays, tenait bon.
« Je me souviens qu’on ne faisait pas plus de 20 heures entre Bamako et Gao « , se souvient désespéramment une commerçante qui fait ce trajet depuis plusieurs années. Cela n’est, hélas, plus possible de nos jours. Car, ce tronçon est jonché de nids de poules obligeant les usagers à toutes sortes de sacrifices. Une chose est sûre, beaucoup d’usagers pensent que l’Etat a abandonné cette route.
» Je ne sais pas si c’est un abandon ou un manque de volonté de rénover cette route, mais sincèrement elle nous rend la vie insupportable « , pleurniche un conducteur de bus avant d’ajouter que » Dieu seul sait le nombre de pneus que nous perdons chaque deux mois « .
Au-delà de tout commentaire, une femme de la trentaine affirme tout simplement que « l’état de cette route n’est pas à décrire » ajoutant qu’il faut « le vivre » pour comprendre exactement de quoi il s’agit.
Ce constat est, sans doute, le plus approprié car une simple plume ne saurait décrire assez bien le calvaire que vivent les passagers sur cette voie indispensable à la jonction des deux parties du pays. Parce que, pour être exact, il n’y a plus de route, mais de multiples et immenses nids de poules qui contribuent à mettre la vie des pauvres voyageurs en danger.
Maux de ventre, nausées ou encore des vomissements constituent également le lot quotidien des milliers de personnes qui empruntent cette route chaque semaine pour vaquer à leurs différentes préoccupations à l’intérieur du pays. En fait, tous les ingrédients sont réunis pour rendre ce trajet dangereux. Car, faute d’une route praticable, les véhicules empruntant cette voie divaguent dans tous les sens. Quand deux bus s’y rencontrent en directions opposées, c’est le recours aux incantations.
Les chauffeurs, eux, sont dans le dilemme de l’insécurité et du mauvais état de la route. » On ne peut pas rouler en vitesse sur cette voie pour quelqu’un qui tient à son bus. C’est pourquoi, ce trajet réunit toutes les conditions pour les coupeurs de route « , affirme Oumar, chauffeur de camions depuis huit ans sur cet axe. Une remarque qui a tout son sens car, entre la ville de Gao et la localité de Gossi, on peut apercevoir des véhicules calcinés par des bandits armés. Leurs propriétaires, pour la plus part, tués ou abandonnés en pleine brousse à des kilomètres de toute localité.
Il est souhaitable que l’Etat prenne des dispositions pour réparer cette route très utile pour le bonheur des populations bénéficiaires.
Aboubacar DICKO
SOURCE : L’Indépendant