Pour la réussite d’élections transparentes et crédibles, les autorités de la Transition doivent s’assurer de ne pas commettre les mêmes erreurs que le régime d’IBK. La sécurité, un fichier électoral adapté, des reformes institutionnelles notamment de la CENI et de la Cour Constitutionnelle, sont entre autres des préalables à des élections apaisées et transparentes.
Depuis 2013, toutes les élections ont été bâclées au Mali. Parce que les autorités ont toujours privilégié le respect du calendrier électoral au détriment de la qualité des élections. Et pourtant, tout le monde sait que de mauvaises élections engendrent des contestations, voire des révoltes contre l’exécutif, sans compter les dégâts matériels et humains. Alors on s’interroge sur l’entêtement répétitif des pouvoirs publics à vouloir organiser des élections vaille que vaille, même si celles-ci mettent en péril la vie des citoyens.
Une fois encore, votre serviteur se fait le devoir d’interpeller sur les préalables à la réussite d’élections transparentes et crédibles.
Une administration inexistante
De 2012 à nos jours, le nord du Mali et plus tard, le centre de notre pays, connaissent une insécurité grandissante où il est incontestablement impossible d’organiser d’élections transparentes, voire d’élections tout court. Dans cette partie du Mali, l’administration qui organise les élections, est absente et quasi inexistante dans les circonscriptions électorales. Pour les cercles les plus chanceux, les préfets et sous-préfets sont cantonnés dans le chef-lieu de cercle. Pendant tout le mandat d’IBK (2013-2020), certains administrateurs n’ont pas mis le pied dans leur lieu d’affectation. Les élections organisées à cette époque ont été soit supervisées par les maires ou le mouvement armé le plus influent.
Aux dernières élections, la situation s’est envenimée. Ce sont les groupes armés qui ont dicté leur loi. Pis, c’est eux qui font et défont les résultats que les administrateurs n’ont pas eu d’autres choix que de valider au péril de leur vie. Cette mascarade électorale a été cautionnée par une cour constitutionnelle aux ordres. Elle qui est censée défendre le droit, a fermé les yeux sur les flagrantes tricheries et la forte influence des groupes armés dans les différents scrutins. Comme une lettre à la poste, les résultats dictées par les armes ont été validés et légitimés.
Le désarmement !
Si le gouvernement ne règle pas ces problèmes avant les élections prochaines, il est alors évident qu’il n’est pas dans la dynamique d’organiser des élections transparentes et crédibles. Ces problèmes s’appellent « retour de l’administration » ; « désarmement des groupes armés » ; « sécurisation des élections » ; etc.
Ensuite, le fichier électoral actuel ne permet pas d’organiser des élections fiables. Des milliers de maliens ne participent pas au vote du fait de leur omission ou parce qu’ils n’ont jamais été recensés. Le recensement à vocation électoral (RAVEC) a des failles qu’il urge de corriger afin d’aller au moins vers un semblant d’élections transparentes.
Les reformes indispensables
Autres préalables, ce sont des réformes institutionnelles censées favorisées la tenue d’élections crédibles. Ces réformes peuvent concerner les structures qui organisent les élections (DGE, CENI ou l’administration territoriale) ou qui valident les résultats des élections (la Cour Constitutionnelle et les tribunaux administratifs). Depuis des années, il a été conseillé d’aller vers une structure unique de gestion des élections et une reforme approfondie de la Cour Constitutionnelle qui est, en fait, devenue une caisse de résonnance de l’exécutif. Sans quoi, les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets.
Source : Le Repère