Issa Kaou N’Djim est mis à la porte du Conseil National de la Transition (CNT) dans la foulée de l’annonce de sa mise en liberté provisoire, mardi 9 novembre 2021 dans la soirée. Par décret, le Président Assimi Goïta a abrogé la nomination de son principal griot, Issa Kaou N’Djim qui aimait l’appeler affectueusement “l’imperturbable patriote’’. Il était accusé de « troubles à l’ordre public ».
À ce jour, beaucoup sont les citoyens qui ne comprennent pas la décision impopulaire des autorités de la transition. Nul ne peut pourtant pas nier le caractère tonitruant du 4evice-président du CNT, de par ses sorties médiatiques. Il s’est longuement attaqué à l’ancien Président de la Transition, Bah N’Daw, et à son Premier ministre, Moctar Ouane. Et pourtant, il n’a nullement été inquiété par la justice. Mais sa dernière sortie qui lui vaut la prison semble être plus raisonnée que les précédentes. On dira que c’est le Malikura certainement. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que cette décision est plus que jamais critiquée au sein de l’opinion. Les raisons évoquées ne sont pas du tout convaincantes au point que l’on se demande si les autorités actuelles ne devenaient pas de plus en plus réfractaires aux critiques.
On se souvient qu’Etienne Fakaba Sissoko, un cadre, avait été remercié, à tort ou à raison. Celui-ci était accusé d’avoir tenu des propos incompatibles à la transition. Donc, il fut renvoyé pour une “raison d’incompatibilité entre son statut et ses prises de position antigouvernementale sur les réseaux sociaux’’.
Pour rappel, Bah N’Daw et Moctar Ouane avaient été mis aux arrêts pour des raisons de trahison. Le hic, dans ces décisions, seule l’autorité explique pour la plupart du temps et tranche. C’est là où il est difficile de convaincre l’opinion que cela est la justice. Il y a là un vrai souci de “liberté d’opinion’ qui ne dit pas son nom.
Oui, la justice doit continuer son travail en période de transition, mais pas des décisions que l’on pourrait qualifier d’impositions. Et c’est cette manière de diriger que beaucoup de partenaires et même la classe politique refusent en réclamant le retour des civils au pouvoir, quoique les décisions ne soient prises que par les militaires dans tous les cas.
D’ailleurs, pour Me Mamadou Ismaël Konaté, “ce décret expose son auteur à la censure du juge administratif, met en avant sa superpuissance dans la nomination comme dans la radiation des hommes au pouvoir, met enfin en évidence un usage très personnalisé de la règle du droit au Mali’’. Ces propos, venant d’un Malien, un avocat de surcroit, sont la manifestation de ce qu’une frange de la population malienne pense.
La crainte aujourd’hui est qu’à chaque fois, les décisions sont prises dans des situations peu orthodoxes ouvrant les brèches aux appréciations diverses, mais aussi à de souvenirs tristes. Certains n’hésitent pas à souligner l’époque du Président Moussa Traoré. En ce sens, le personnage de Choguel Kokala Maïga, une incarnation de ce régime, fait penser que le Mali sous sa direction bascule peu à peu dans cette pratique combattue par les forces démocratiques depuis 1992. Pour le moins, la crique semble être mal perçue durant cette période de transition. Certes, les habitudes doivent changer pour un Malikura, mais pas à n’importe quel prix.
Aujourd’hui, les Maliens ont plus que jamais besoin de la stabilité, du vivre-ensemble, que des décisions impopulaires qui risquent de désagréger l’âme de l’union réclamée afin de se mobiliser derrière les militaires qui combattent sans relâche.
Bourama KEÏTA
Source: LE COMBAT