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Transition malienne: La guerre des égos obstruent l’horizon

Si le respect du délai des 18 mois de la transition est une condition sine-qua-none et une réclame politique légitime, l’attitude de vouloir fouler au pied les initiatives des autorités de la transition, dont la non-participation aux prochaines assises nationales, le rejet de l’organe unique de gestion des élections et le processus des réformes, constitue une simple guerre d’égo. En un mot, tout faire pour faire échouer ou chasser l’actuel Premier ministre, Dr Choguel Kokala Maïga.

Il faut le dire clairement, de nos jours, l’actuel Premier ministre de la Transition est dans le collimateur des politiques. A moins de cent jours de gestion, des pontes politiques ont déjà sorti leur calculette, des titres des journaux annoncent que ‘’ses jours sont comptés à la Primature’’ et la cabale médiatique à son encontre fait rage. Aujourd’hui, force est de le reconnaître le PM Choguel, ancien opposant emblématique du M5-RFP est à l’épreuve du pouvoir. Président de parti et de l’ancien comité stratégique du M5-RFP, Choguel Kokalla Maïga se retrouve aujourd’hui seul face à la classe politique.

Au-delà de la littérature développée dans les communiqués et mémorandums qui pleuvent de partout contre la prorogation de la transition, la véritable lutte des partis politiques contestataires est dirigée contre la personne de l’actuel Premier-ministre. C’est pourquoi, derrière les mots, pour l’instant, dépourvus de contenu, se cachent des desseins inavoués à mettre à prix la tête (avec ou sans chechia) du chef de gouvernement. Ainsi, sans aucune concession, comme un seul bloc, ces chefs de partis au lieu de fourbir leurs armes pour les élections, sont déterminés à faire vouer à l’échec toutes les propositions du gouvernement de la transition. Ils sont désormais prêts à jouer le tout pour le tout afin d’amener le prince du jour, le Colonel Assimi Goïta à se séparer de son Premier ministre tout feu tout flamme. Ce qui ne semble pas être un pari gagné, car le président de la transition tellement convaincu des capacités managériales politique et sociale de son PM, a choisi de faire profil bas. Toute chose qui laisse présager que ces contestataires politiques, au moment de finir leur combat d’égo, risqueront de trouver que les autres ont pris une longueur d’avance. Surtout que le terrain politique est pris d’assaut de nos jours par des candidats indépendants bien nantis, assez étoffés en ressources humaines de stratégie électorale.

Un Premier ministre qui prône l’inclusivité

 Choguel Kokalla Maïga, mieux que n’importe quel homme politique de la scène nationale est tenace dans l’adversité. C’est dans cela qu’il a fait front contre toute la peuplade du mouvement démocratique de 1991 afin de réclamer haut et fort les 23 ans d’héritage du Général Moussa Traoré. Ejecté des gouvernements successifs d’ATT et d’IBK, il n’a point perdu le nord, avant de réapparaitre comme principale tête de proue de la force du changement en 2020. Après le changement de régime, la méfiance et la volte-face des nouvelles autorités de la transition ne lui ont pas fait reculer dans son combat au sein du comité stratégique du M5-RFP, jusqu’aux évènements du 25 mai ayant découlé sur la démission de ces autorités et la reprise du pouvoir par le Colonel Assimi Goïta. C’est donc sur la base d’un contrat de confiance que l’ex chef de la junte a jeté son dévolu sur lui afin de prendre les gouvernails de la transition. De sa nomination à nos jours, il est crédité d’une gestion teintée d’inclusivité. Pour preuve, dès sa prise de fonction il a tenu à rendre visite à tous ses prédécesseurs à la Primature et d’autres personnalités coutumières, religieuses et de la société civile. S’y ajoutent, les multiples rencontres tenues sous son égide avec les différentes couches du pays. On affirme aussi qu’avec ses déplacements à l’intérieur du pays il réussit à briser la bureaucratie ‘’primatoriale’’ de son prédécesseur direct. Toutes ces actions du PM Maïga lui ont valu l’aval des membres du CNT à son PAG (Plan d’actions gouvernementales). Aujourd’hui butté à la résistance de la classe politique sur l’application efficiente de ce PAG, le PM Choguel se bat comme un beau diable pour convaincre autant la classe politique, la société civile que les partenaires extérieurs sur la pertinence des grands axes de son Plan.

En réponse, si le président de la transition, la société civile et les partenaires ont donné carte blanche, les politiques, par contre, rejettent tout processus de refondation, exigent la tenue des élections et interdisent la prorogation de la transition.

L’incarcération de SBM, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase

Il ne faut pas voiler la face, cette brusque levée de bouclier des formations politiques s’explique en grande partie par la tournure prise par la justice dans le dossier de l’achat de l’avion présidentiel et le marché des équipements. Une procédure qui a nécessité l’incarcération de l’ancien PM, Soumeylou Boubèye Maïga, non moins président de l’ASMA (un parti membre de la coalition contre la prorogation de la transition). Or, le Premier ministre actuel, toujours versé dans ses luttes du M5-RFP, estime que sans une véritable lutte contre l’impunité et la corruption qui ont gangrené le régime précédent, le changement souhaité, en cours, n’aura aucun sens. De l’autre côté, la classe politique dans sa majorité met cette interpellation de cet ‘’intouchable de la scène politique’’ dans l’ordre d’un règlement de comptes politique. C’est pourquoi, reléguant au second plan les grands enjeux de l’heure, elle entend rendre au PM Maïga, la pièce de sa monnaie. D’abord en boycottant toutes ses initiatives : assises nationales de la refondation, organe unique de gestion des élections et le processus de la révision de la Constitution. Ensuite, jeter du discrédit sur lui (à travers une campagne médiatique ourdie) pour briser la chaine de confiance qui le lie au président de la Transition.

En attendant la fin de cette guerre des égos, aucun chantier important de la transition ne pourra prospérer et cette transition ne finira pas de finir. Que Dieu nous en épargne.

Moustapha Diawara

Source:  Le Sursaut

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