…Enormes sacrifices, soutiens multiformes, résilience… Le peuple malien n’a rien épargné pour sauver les putschistes de 2020 d’une déstabilisation politique à l’intérieur et d’une agression extérieure pilotée par nos voisins agissant au nom de leurs maîtres occidentaux. Malheureusement, au fil des ans, on découvre que les supposés actes souverainistes posés n’étaient que du vernis pour bien s’enraciner, afin de mieux profiter des fonds publics, à l’image des démocrates qui se sont vite organisés en bandes criminelles pour piller le Trésor au lendemain de la chute du général Moussa Traoré, le 26 mars 1991.
Quel désespoir !Trop c’est trop ! Le peuple malien résilient ne mérite pas ce triste sort de la part des autorités actuelles auxquelles il a tout donné. Il a sauvé leur bateau qui tanguait entre des contestations des partis politiques opposés à la prise du pouvoir par la force et d’une communauté dite internationale qui voyait ses intérêts stratégiques menacés par l’arrivée à la tête de l’État malien d’un OVNI. Il a suffi que cette tempête passe pour qu’on découvre le vrai visage affairiste et mercantile des militaires qui avaient promis monts et merveilles après avoir contraint le président IBK à la démission, le 18 août 2020. Déjà éprouvée par plus de trente ans de gabegie démocratique, la population malienne ne sait pas laisser faire quand les sanctions illégales, illégitimes et inhumaines de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont frappé notre pays en janvier 2022. Et grâce à ses énormes sacrifices, ses soutiens multiformes et sa résilience, la transition malienne reste débout au milieu du gué, sauvant les militaires d’une destitution. Mais voilà. Après cette communion, les autorités de la transition ne trouvent d’autres moyens que de payer le peuple malien par la monnaie de singe. La gabegie, le gaspillage des fonds publics, l’attribution des marchés publics au cercle deviennent la règle d’or chez les militaires. La rupture annoncée dans la gouvernance devient de la parole en l’air. Les organes de la transition qui devraient connaître une cure d’amaigrissement financier héritent des mêmes budgets de fonctionnement que le régime précédent, chassé du pouvoir pour son train de vie très élevé. On assiste aussi à la création des structures, commissions budgétivores et inefficaces, dont l’objectif visé était d’appeler d’autres à la soupe pour bénéficier des avantages exorbitants. La boulimie ne s’arrête pas là. Les recrutements clandestins à l’Institut national de Prévoyance sociale (INPS), à la Société Énergie du Mali (EDM-SA), à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CANAM), des parents, amis et proches des militaires de Kati ont laissé tomber le masque. Et le cri de détresse des diplômés ‘‘sans sous couvert’’, ‘‘sans relations’’ et ‘‘sans bras longs’’, des expressions qui ouvrent toutes les portes au Mali et plus puissantes que les compétences, n’a rien servi. Le scandale de l’attribution des logements sociaux reste encore aux travers de la gorge de nos compatriotes. Il n’a pas échappé à cet adage: «On n’est jamais mieux servi que par soi-même». Les oiseaux de même plumage volent ensembleIl est coutume d’entendre que les oiseaux de même plumage volent ensemble. Les autorités de la transition ont tout hérité des démocrates prédateurs, sauf la bonne gouvernance. Depuis qu’elles se sont installées au pouvoir il y a de cela quatre ans, elles excellent dans des scandales politico-financiers, à l’image des démocrates qui ont vite fait une OPA sur le Trésor public en bandes organisées pour leur entretien et préparer l’avenir de leur progéniture avec l’argent volé. La Société Énergie du Mali (EDM-SA), plongée dans le coma par les vrais faux démocrates, entament sa descente aux enfers sous la transition. Des milliards de F CFA sortis des caisses de l’État pour l’achat de carburants et de groupes électrogènes se sont volatilisés, privant la population malienne d’un de ses droits les plus fondamentaux, l’électricité. Le manque de ce précieux sésame donne d’énormes soucis aux Maliens qui continuent toujours d’accorder le bénéfice du doute à la transition.Une autre trouvaille démasquée dans le gaspillage des fonds de l’État: le tripatouillage de textes pour protéger des voleurs. Il s’agit de l’affaire du Conseil national de transition (CNT), organe législatif, qui défraie la chronique depuis des semaines. De quoi s’agit-il ? Les membres du CNT se sont octroyés durant quatre ans des avantages en violation des textes. Et pour se mettre à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires, le CNT introduit une loi organique auprès de la Cour constitutionnelle. Cet autre scandale prouve à suffisance que les militaires d’août 2020 ont adopté la même stratégie de pillage de l’argent public comme l’ont fait les membres du Comité militaire de libération nationale (CMLN) en 1968 et les démocrates après mars 1991. Eux aussi, arrivés au nom de la transparence aux affaires, ont mis en coupe réglée l’économie malienne pour leurs propres intérêts et ceux des multinationales. Ce banditisme économique était dicté par le sommet de la Baule (1990) qui demandait aux régimes démocratiquement installés sur fond de contestations de créer vite une bourgeoisie moyenne africaine pour qu’elle soit la porte d’entrée des produits alimentaires européens sur le continent africain. Après tous ces scandales financiers dignes des démocrates issus du coup d’État de mars 1991, impliquant militaires et proches, c’est le regret. Il se lit sur tous les visages des soutiens de la transition. C’est aussi le sentiment général qui se dégage au sein de la population. Le régime militaire sombre dans la déchéance. Et les actes dits souverainistes posés n’étaient que du vernis pour tromper le peuple, le temps de se faire les poches.Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers la Cour constitutionnelle. Va-t-elle cautionner ce blanchiment d’argent sur le dos du peuple malien ?
Yoro SOW
Source: L’Inter de Bamako