Dans sa contribution intitulée « Piste de proposition des bases d’une refondation de la gouvernance pour la transition au Mali », Idrissa Sanogo apporte des éclairages sur certains aspects de la transition.
A son avis, si la nouvelle transition sera marquée par la mise en place des institutions et l’adoption de réformes majeure, force est de reconnaître que le caractère transitoire de ces institutions et la durée dans laquelle la transition sera déroulée, constituent des freins de taille à toute dynamique de refondation visant à apporter des changements en profondeur pouvant aboutir à la satisfaction de la forte demande citoyenne. A ces freins, soutient-il, s’ajoute un contexte politique, social et sécuritaire interne difficile.
Pour Idrissa Sanogo, face à ces obstacles, les futures autorités de transition seront prises entre deux feux : celui des revendications multiples de la société civile et de la rue et celui des forces de défense et de sécurité qui souhaiteraient se réinventer afin de jouer pleinement leurs rôles.
Cependant, compte-tenu de la période transitoire relativement courte, et des instances de transition sans légitimité électorale, la finalité de tout effort durant la transition serait de jeter les bases d’une refondation qui sera irréversible au-delà de la Transition.
Pour y parvenir, trois enjeux semblent cruciaux, note l’expert en Gouvernance management public. Le premier enjeu porte sur le choix des réformes à engager (les mesures de rétablissement de l’Etat de droit incluant particulièrement la justice, les forces de défense et de sécurité, les processus électoraux et le système des partis politiques, le renforcement de la citoyenneté ; le renforcement de la gouvernance locale avec une emphase sur l’accès du citoyen aux services publics de base ; et enfin, la refondation de l’économie nationale dont la priorité serait de revoir les politiques publiques axées sur la gouvernance des ressources naturelles, des systèmes financiers et d’industrialisation).
Le second enjeu est lié à la méthode de la refondation, à travers la mise en place des commissions de travail pour faire des propositions concrètes de réformes majeures pertinentes.
Toutefois, en raison de la courte durée de la transition, les arbitrages nécessaires et la traduction des propositions de réformes en politiques gouvernementales et en lois, il serait, à son avis, plus réaliste pour la transition d’articuler sa feuille de route autour des recommandations du dialogue national inclusif.
Le troisième enjeu, lié au précédent, est celui des instruments de la refondation. Pour diminuer le risque de remise en cause des consensus bâtis pendant la transition dont leurs mises en œuvre excèderaient la période transitoire, un engagement formel des principaux acteurs à respecter ces consensus serait une nécessité. Cet engagement pourrait prendre la forme d’un pacte national sur les réformes qui seront largement débattues au sein de la classe politique et de la société civile et validées par les principales organisations politiques et sociales, aussi par les candidats à la future élection présidentielle.
En somme, ce pacte national sur les réformes servira de socle au processus de reconstruction de l’Etat de droit et du pacte républicain en vue de réconcilier durablement la société avec l’Etat.
Sékou CAMARA
Source: Bamakonews