Beaucoup sont d’ailleurs nos compatriotes qui ont été surpris de voir Lamine Seydou Traoré nommer ministre dans le gouvernement de transition, car il aurait été renvoyé de la société Orange Mali pour incompétence. Et voilà que celui qui était censé venir alléger la souffrance des maliens en matière d’eau et d’électricité travaille plutôt à en rajouter avec le projet en cours au sein de la société EDM-Sa d’imposer des pénalités ses clients, une fois passé le délai de paiement indiqué sur les factures d’électricité. Si c’est de cela le plan du ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau pour le redressement financier de EDM-Sa, autant dire qu’il n’a rien compris du problème qui est à la base de la mauvaise gestion qui caractérise cette boite.
En effet, le problème se situe plutôt à l’interne de la société, donc sa solution ne peut et ne doit pas cherchée sur la tête des clients. Le ministre Lamine Seydou Traoré, ou du moins ceux qui sont en train de le pousser dans une telle erreur, semble se moquer de la misère des maliens, pour qui connait le contexte actuel du pays marqué par une pauvreté endémique, la montée astronomique des prix des matières premières et l’insécurité grandissante… Même acheter du simple pain n’est plus à la portée de la majorité des maliens !
Instaurer une pénalité sur les clients en retard de payement de factures d’électricité, c’est ouvrir un nouveau front social pour les autorités de la transition, car cette mesure va difficilement passer auprès de nos compatriotes! A croire finalement que nos autorités travaillent contre nous, et non pour nous. Pour exiger de telles mesures à son peuple, il faut en amont être soi-même correcte envers ce dernier. Autrement dit, c’est quand les autorités seront en mesure d’assurer le minimum vital pour les citoyens, à savoir manger et boire, se soigner et faire face aux besoins de la famille… qu’elles pourront prétendre leur exiger une telle chose.
Mais rien de tout cela n’est encore à ce jour assuré aux maliens, contraints qu’ils sont à passer le clair de leur temps dans des acrobaties pour pouvoir nourrir leurs familles. Mieux, dans aucun pays du monde les clients des services publics d’électricité ne sont soumis au payement d’une quelconque pénalité, le retard ne signifiant point un refus de payer ! Par ailleurs, cette mesure annoncée jure avec des propos récents tenus pas le ministre Lamine Seydou Traoré, qui disait lors de sa rencontre avec la presse que possibilité sera même donnée aux clients de payer leurs factures par échéance.
Le plus étonnant dans tout cela, c’est qu’aucune association de consommateurs, pas plus que pour la montée exponentielle des prix des matières premières, n’a jusqu’ici réagi à cette contrainte supplémentaire qu’on veut imposer aux clients de EDM-Sa ! Une société qui, elle-même excelle déjà dans la taxation sur la tête de ses clients, comme la fraude sur la facturation de la redevance d’éclairage public des abonnés.
Selon l’ALCOMA (Association Libre des Consommateurs du Mali), il existe un prix fixe de facturation de la redevance d’éclairage public d’un montant de 113 FCFA HT, mais EDM-Sa, loin de là, imposerait plutôt illégalement aux consommateurs une facturation parallèle variant entre 320 FCFA à 5081 FCFA HT. L’ALCOMA soutenait sa thèse, en guise de clarification par rapport à la facturation de la redevance d’éclairage public, par deux directives, la Directive N° 19-001/C-CREE du 23 Juillet 2019, modifiée par celle N°19-002/C-CREE du 8 Août 2019, de la Commission de Régulation de l’Eau et de l’Electricité (CREE), fixant le prix de vente du kwh de l’électricité par EDM-Sa.
Comme on le voit, les clients de EDM-Sa sont déjà victimes d’un système de prédation entre cette société et les municipalités. Si en plus on veut encore leur faire payer des charges supplémentaires, à croire que EDM-Sa cesse d’être un service public dont le rôle principal est d’atténuer la souffrance des maliens en matière d’électricité, qui est une nécessité et non luxe !
Il y a aussi la question de larelecture des contrats miniers sur laquelle le ministre ne fait que tourner en rond, si bien que cela soit l’une des principales recommandations issues des concertations nationales organisées en septembre dernier pour l’élaboration de la charte et de la feuille de route de la transition. Notre pays est 3è producteur d’or en Afrique après le Ghana et l’Afrique du Sud et 11è dans le monde, mais les maliens ne profitent pas de ce sésame, et les zones de production d’or sont les moins loties en termes de développement, pour ne pas dire que ce sont des zones de misère. Tout cela est dû à la mauvaise qualité des textes qui régissent le secteur minier.
Un confrère écrivait ainsi : « Le Président de la transition Bah N’Daw a, dans ses différents discours, assuré, non seulement de mener une lutte implacable contre la corruption, mais aussi de faire en sorte que l’or malien brille pour tous les Maliens. Mais force est de constater que cinq mois après la formation d’un gouvernement de transition, le processus d’exécution de cette importante recommandation n’est toujours amorcé. Au lieu de prendre les choses en main, le ministre en charge des Mines se balade entre les différentes mines pour des histoires de visites de courtoisie interminables ».
Quant Makan Fily Dabo, un autre ministre baroudeur en charge des Transports, il doit être chassé pour avoir pensé qu’administrer veut dire « assujettir » les citoyens, oubliant qu’il n’est qu’un serviteur de ces derniers. Rien qu’à voir sa façon de s’y prendre avec son projet d’innovation du domaine des transports imposant aux transporteurs le paiement de la redevance péage par passage. Dans un pays qui se consume, dans un pays où les citoyens ne savent même plus que faire, vouloir coûte que coûte imposer des mesures comme cela ne va pas sans conséquence, d’où la colère des acteurs des transports et des commerçants.
Or, une fois le secteur du transport affecté, c’est tous autres secteurs d’activité qui en ressentent. Plusieurs secteurs d’activités sont donc intempestivement mis en mal par les grèves brusques et incessantes des transporteurs. C’est encore lui qui derrière la démolition des maisons des pauvres dans la zone aéroportuaire. Sur ce dossier, il s’était grossièrement exprimé ainsi : « Ce n’est pas les permis d’occupations, les lettres d’attributions qui peuvent venir déroger aux dispositions pertinentes d’un décret pris en conseil des ministres ». Quid donc des agents de l’Etat qui ont délivré ces permis et lettres d’attribution ? La question importe peu le ministre, tout ce qui l’intéresse, c’est de casser de pauvres citoyens maliens !
Autant de raisons qui justifient amplement le fait que ces deux ministres soient chassés du gouvernement. En effet, ils ne rendent service ni au gouvernement ni aux citoyens maliens. En conséquence, ils doivent partir !
Nous y reviendrons
Flani SORA NOTRE VOIE