C’est donc un ancien ministre de la Défense, ancien de l’armée de l’air, qui a été choisi pour mener la transition au Mali. L’ex-ministre de la Défense et des anciens combattants avait brièvement remplacé Soumeylou Boubèye Maïga en 2014.
Cette annonce intervient après des semaines d’interrogation autour du profil du Président de la transition. Les partisans d’une transition dirigée par un civil et ceux favorables à la gestion militaire de la transition ont donné de la voix tout au long des travaux des concertations nationales.
L’allègement des sanctions économiques
Mardi dernier, les chefs d’Etats de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avaient donné un ultimatum à la junte pour désigner des dirigeants civils avant le 22 septembre. Condition sine qua non de la levée de l’embargo contre le pays depuis la chute de l’ancien régime.
Ce mardi 23 septembre, le médiateur de la CEDEAO dans la crise malienne, Goodluck Jonathan est attendu à Bamako pour évaluer la situation. L’organisation ouest africaine avait rejeté le plan de transition présenté par la junte lors d’un sommet extraordinaire de l’organisation au Ghana.
La désignation du président (militaire à la retraite) et du vice-président (militaire président du CNSP) de la transition pourrait-elle être des gages pour l’allègement des sanctions économiques ? C’est aux chefs d’Etat de la CEDEAO d’apprécier.
Pour rappel, né le 23 août 1950 à San (région de Ségou), Bah N’Daw a fait une brillante carrière au sein de l’armée de l’air, avant de faire valoir ses droits à la retraite. Après son baccalauréat, il est incorporé comme engagé volontaire dans l’armée le 1er juin 1973. L’année suivante, il est désigné pour suivre un stage de pilote d’hélicoptère en URSS.
En mars 1976, le jeune militaire N’Daw, alias « Le Grand », intègre la toute nouvelle l’Armée de l’Air. Titulaire d’un brevet d’étude militaire supérieur en France, il est aussi breveté de l’Ecole de guerre (CID) en 1994.
En 2008, le colonel-major Bah N’Daw est directeur de l’Office national des anciens combattants militaires retraités et victimes de guerre (ONAC).
En 2014, l’officier à la retraite est nommé ministre de la Défense et des anciens combattants sous IBK, en remplacement à Soumeylou Boubèye Maiga, après les tristes évènements de Kidal.
Aussi, celui qui aura la redoutable mais exaltante mission de conduire les destinées du Mali pendant 18 mois, est de la 7e promotion (1973) de l’École militaire interarmes (EMIA) de Koulikoro. A l’instar de beaucoup d’autres cadres de son corps, il est passé par l’ancienne URSS où il a suivi plusieurs stages. Il peut se prévaloir d’une riche carrière militaire. Il a ainsi été Aide de camp du Président Moussa Traoré, chef d’état-major de l’Armée de l’Air, chef d’état-major adjoint de la Garde nationale, directeur du Génie militaire, chef de cabinet de défense à la Primature, directeur général de l’Equipement des armées, chargé de mission au MDAC. Officier de l’Ordre national, Bah N’Daw est aussi décoré de la médaille du mérite militaire et de celle du Mérite national. Bah N’Daw parle Français, Russe, Anglais et Bambara.
Cette riche carrière indique aussi que Bah N’Daw est un ancien du sérail depuis les années Moussa Traoré. Saura-t-il avoir les ressources pour sortir le Mali de l’impasse et répondre, surtout, aux attentes de la population jeune, qui souhaite un renouveau. Peut-on faire du nouveau avec du vieux ?
Aly BOCOUM
Source: Bamakonews