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Transcription intégrale de l’interview exclusive du Chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh ANNADIF à la radio Mikado Fm

 Bonjour Mesdames et messieurs. À ce microphone Karim Djinko qui vous souhaite la bienvenue à cette émission spéciale sur les ondes de Mikado Fm. Une émission toute spéciale parce que mon invité l’est. Il dirige depuis 5 ans la mission des Nations Unies au Mali, qui est considérée comme l’une des plus périlleuses des opérations de maintien de la paix. Le diplomate tchadien est sur le départ…. D’ailleurs, son successeur vient d’être annoncé par le secrétaire général de l’ONU. Mahamat Saleh ANNADIF a accepté de passer les prochaines minutes avec Mikado Fm…pour jeter un regard rétrospectif sur son mandat à la tête de la MINUSMA.

 

ANNADIF bonjour.

Mikado Fm : Comme vous sentez-vous à quelques jours de la fin de votre mission ? Soulagé? Le sentiment du devoir accompli?

Mahamat Saleh ANNADIF : Je voudrais d’abord profiter de ce micro pour saluer tous vos auditeurs. A ce que je sache, ils sont très nombreux. Il suffit de voir les différentes fréquences affichées sur le mur. Il y a des localités, parce que je passe souvent à l’intérieur, qui n’ont pour mon moyen de communication et d’information que Radio Mikado. En cela, je vous rends hommage, je salue toutes les équipes, femmes et hommes qui font des efforts souvent difficiles pour être au cœur de l’actualité. Je le constate chaque fois que j’ai une audience, à chaque fois que je sors d’un événement, je trouve quelqu’un de Mikado Fm qui me tend le micro pour avoir la primeur. Ils ont raison en cela parce que je suis quand même le responsable de la Minusma et eux, ils sont une radio des Nations unies. Vous me poser la question de savoir mon sentiment au moment où je pars.

Vous savez, j’ai passé cinq ans et bientôt trois mois au Mali. Je l’ai dit, c’est la première fois que je passe plus de 5 dans un autre pays que mon pays, le Tchad. C’est pour dire que je pars tout en emportant une partie du Mali avec moi, tout en laissant une autre bonne partie de moi-même attachée au Mali. Mais j’ai appris aussi, de par mon parcours, de par mon expérience, que toute chose a une fin.

J’ai fait un parcours au Mali. On aura l’occasion d’en parler. Je pars pour une autre aventure. Tout ce que je souhaite, c’est que ce que l’on a planté ensemble avec le Mali puisse être entretenue, puisse être sauvegardé et que l’on bâtisse au fur et à mesure pour que la paix et la stabilité puissent s’ancrer au Mali et qu’on arrive à une paix et une stabilité irréversibles.

Mikado Fm : Vous venez d’achever une ultime visite de terrain à Mopti, Tombouctou, Kidal, Aguelhok et Tessalit. C’est aussi par une visite aux Casques bleus dans le nord du Mali que vous avez entamé votre mandat en janvier 2016. Qu’est-ce que ces visites représentent pour vous et quel a été l’accueil pour cette dernière visite?

Mahamat Saleh ANNADIF : D’abord en janvier 2016, je suis arrivé sur un terrain que je maîtrisais très peu, dans un environnement que je ne connaissais pas beaucoup, une population qui, certes, avec laquelle j’ai quelques points communs, mais que je ne connaissais pas. La première chose faite en janvier 2016, c’était un peu de partir découvrir, partir écouter, partir me familiariser. Chez nous, quand tu arrives chez quelqu’un, tu essaies de demander sa permission, tu essaies de te présenter. C’est ce que j’ai fait à mon arrivée. J’ai visité toutes les légitimités traditionnelles, d’abord à Bamako où j’ai vu les familles fondatrices. J’ai vu les responsables du Haut conseil islamique. J’ai vu certaines personnes ressources, le Médiateur de la République. J’ai vu le chef de l’opposition et les principaux acteurs politiques. J’ai vu les mouvements signataires de l’Accord pour la paix. Je suis parti au Nord discuter avec les autorités, comprendre les problèmes, mes éléments déployés sur le terrain. C’était un moment d’écoute et de compréhension.

Cinq ans après, je suis parti pour dire au revoir, mais aussi une mission d’inspection et d’appréciation.

Qu’est ce qui a été fait? Comment et dans quel état d’esprit se trouvent aussi bien les Casques bleus, les civils, les militaires, les policiers, mais aussi les populations de ces régions avec lesquelles on a commencé à se familiariser. On commence à s’appeler par nos propres noms. C’est plutôt ça. J’avoue que je trouvais d’abord au niveau des populations, des gens qui commencent de plus en plus à comprendre le mandat de la Minusma, à accepter le mandat de la Minusma, à sentir la nécessité de la présence de la Minusma; mais également des populations qui parlent plus du Mali que de leurs localités respectives. Le drapeau malien partout où je l’ai vu, c’était par des Maliens de tous bords confondus. On m’a fait pas mal de petits cadeaux, des tableaux. Je n’ai pas vu une carte de Mali charcuté. Ça fait partie des choses, évidemment qu’on regarde, qu’on observe. Les gens qui vous font ces cadeaux ne le sentent pas, mais moi je le perçois. Tous les cadeaux que j’ai reçus, les appréciations, c’est de la part des Maliens, à quelqu’un qui est venu mettre un certain temps avec eux et à qui ils veulent souhaiter tout simplement bon départ.

Au niveau des Casques bleus, policiers et civils, en 2016 quand je suis venu, quand j’ai visité ces localités, beaucoup de nos Casques bleus, notamment à Ansongo, Ménaka, Tessalit, Aguelhok étaient pratiquement logé, si ce n’est pas sous des arbres avec quelques ombres, c’était sous des tentes. Cinq ans après, je trouve que l’environnement a nettement changé. La majorité sont dans des Corimex (préfabriqués). La majorité bénéficie de l’internet et des autres services. C’est pour dire que les conditions de vie en matière de sécurité, en matière de sureté, se sont notamment améliorées. Et ça, je l’ai ressenti comme quelque chose de positif, d’extrêmement important et je le dois à mes services de soutien à la mission qui surement malgré les priorités, malgré les diversités, ont pu faire en sorte que la question de la sécurité, de la sûreté de nos contingents soit le plus sauvegardée possible. J’ai trouvé des gens avec une certaine détermination, un certain courage et qui ont le plaisir d’effectuer leurs missions. J’en j’ai profité pour leur rappeler les valeurs des Nations unies en leur disant que les Nations unies sont faites pour la paix dans le monde et que partout où ils sont, ils doivent défendre ces valeurs, ils doivent inculquer ces valeurs et ils sont les ambassadeurs des Nations unies.

J’avoue que de ce point de vue, j’ai reçu un accueil plutôt favorable sans parler de mon interaction avec les gouverneurs, les préfets, les sous-préfets, les autorités locales, que ce soit des imams ou que ce soit des gens de l’Église.

Mikado Fm : Qu’est-ce que vous avez appris au fil du temps au contact des hommes et des femmes qui vivent parfois dans situations souvent difficiles, voire des environnements hostiles?

Mahamat Saleh ANNADIF : Quand j’ai vu que le Nord, particulièrement l’extrême Nord, j’avoue que j’étais très marqué par l’acceptation de cette présence par la population. Et ça m’a rappelé une visite en 2018 ou 2017, où on a pensé à un moment donné de réduire l’effectif au niveau de Aguelhok, compte tenu de la dangerosité du poste qui se trouve à un carrefour très convoité des trafics. C’est un poste assez stratégique pour les mouvements terroristes. Il a été pensé de peut-être réduire ou déplacer l’effectif et les populations nous ont dit non. Le jour où la Minusma quitte nous aussi nous allons quitter.

C’est pour le dire que cette perception d’acceptation est contraire à l’idée qu’on a véhiculé à un moment donné de Casques bleus bunkerisés. J’ai trouvé plutôt des Casques bleus qui se sont habitués à leur environnement, qui l’ont accepté, qui sont en perpétuelle patrouille, qui sont en dehors de camps pour dissuader, mais aussi rassurer les populations. C’est ça le mandat de protection des civils. J’avoue que quand j’ai vu cette dynamique, la proactivité, la mobilité, l’acceptation par la population, je me suis dit qu’un bon chemin dans le sens positif a été parcouru et il faut maintenir ce Momentum.

Mikado Fm 273 Casques Bleus, personnels civils et contractants de la MINUMSA ont péri, au service de la paix au Mali. Vous avez participé à maintes reprises à des cérémonies d’hommages à ces soldats de la paix, accompagné les dépouilles dans leur pays. Comment le chef de la mission mais aussi le père de famille se sent chaque fois que la mission est endeuillée?

Mahamat Saleh ANNADIF : Cela fait partie des moments difficiles. Quand vous voyez des jeunes à la fleur de l’âge venir pour une cause noble qu’ils ont partagé se faire égorger par des hors la loi, par des gens qui n’ont plus le sens de l’humain, ce sont des moments pénibles. Et le plus pénible, c’est de voir des gens poser de tels actes au nom de la religion, qui par hasard dont je me réclame. Je m’insurge contre cela et ça me révolte. Est-ce que ce sont les mêmes valeurs que je défends que ces gens-là défendent? Donc, des fois, on est interpellé.

Je ne cesserais de rendre hommage à tous ces soldats, toutes ces femmes, tous ces hommes civils, militaires, policiers qui se sacrifient pour la paix dans le monde, qui rendent quand même honneur aux Nations unies, qui défendent ses valeurs et qui se sacrifient. Je veux leur dire tout simplement à eux, à leur famille, à leur pays, qu’ils ne se sont pas sacrifiés pour rien. C’est aussi la responsabilité des Nations unies. Quand en 1945, les Nations unies ont été créées, c’était tout pour dire, plus jamais cela, jamais autant de d’autres guerres au niveau mondial. Tous les sacrifices que nous connaissons actuellement, c’est pour préserver cette paix qui est un acquis cher à toute l’humanité.

Mikado Fm : La mise en œuvre de l’accord de paix a connu récemment une embellie avec la récente session de haut niveau du Comité de suivi de l’accord qui s’est tenue à Kidal. Quel bilan en faites-vous?

Mahamat Saleh ANNADIF : Parlant de l’accord, je dirai tout simplement que le verre est à moitié plein, à moitié vide. Moi, je prends le côté à moitié plein en disant que la recherche de la paix, de la stabilité n’est pas un chemin facile, mais complexe. La crise malienne est complexe, elle a des racines très lointaines. Il faut se mettre à la place des Maliens pour comprendre la complexité. Je l’avais dit, l’accord pour la paix a souffert de deux péchés originels. J’aimerais le dire pour la première fois de façon officielle et je ne pense pas qu’il y ait un autre moment que celui de Mikado Fm pour le dire.

Il a souffert de deux péchés originels, à savoir que l’Accord pour la paix après sa signature aurait dû être le plus médiatisé possible, aurait dû être présenté au niveau de l’Assemblée nationale pour en parler, pour l’expliquer, qu’il soit radiotélévisé. Je le dis parce que je viens d’un pays qui s’appelle le Tchad où j’ai été ministre des Affaires étrangères, où je suis parti signer des accords de ce genre. J’ai fait un tel exercice. A chaque fois que j’arrive, je me présente devant l’Assemblée, j’explique le contenu de l’accord. Pourquoi l’accord? Quelle est la pertinence de l’accord? Contrairement à ce que les gens disent, ce n’est pas pour ratifier un accord, c’est pour juste donner connaissance, pour que chacun l’écoute, intériorise son contenu et que toutes les populations s’engagent à sa mise en œuvre. En général, on finit par une résolution où l’Assemblée nationale prend acte de cet accord. Cela faciliterait vraiment sa mise en œuvre et personne ne pourra dire qu’il ne connait rien de l’accord comme on le fait ici au Mali.

Le deuxième péché originel dans les accords que j’ai eu à signer, c’est qu’il y a toujours une clause qu’on appelle clause transitoire provisoire qui dit qu’on a signé l’accord, qu’on va commencer les réformes politiques, institutionnelles, on va commencer des réformes de défense et sécuritaire, on va commencer le processus de réconciliation, on va aller vers le processus socio-économique, parce que ce sont les quatre piliers de l’accord. Mais on ne dit pas que passé un tel délai, les mouvements signataires de l’accord doivent choisir. Soit fusionner avec certains partis politiques existants, soit se transformer en parti politique parce qu’ils abandonnent la lutte armée et ils veulent revendiquer des valeurs, des objectifs par voie démocratique. La voie démocratique passe par la constitution de partis politiques. Cette clause leur permet de se déconnecter de l’outil militaire et d’être des acteurs politiques sur le terrain. Ça n’a pas été le cas. Nous avons été contraints en 2018 de signer le Pacte pour la paix pour les encourager à aller vers le champ politique, pacifique, civil.

Ce qui fait donc que l’on a des acteurs qui aujourd’hui participent au gouvernement. On a des acteurs qui négocient, mais qui, malheureusement, ont encore une aile militaire. Ça fait partie des choses qui auraient pu être évitées. Mais j’estime qu’avec la nouvelle dynamique qui prend corps et vous l’avez signalé, la tenue du dernier CSA à Kidal est une opportunité.

Et au-delà de ce que les gens disent, je ne considère pas cela comme un acte ponctuel ou comme un symbole. Loin de là. C’est le fruit d’un travail continu et je sais de quoi je parle. J’ai précédé la délégation qui était partie pour le CSA. Nous avons parlé avec les populations de cette question du drapeau dont les gens parlent. Cela a vraiment été le fruit des négociations, une discussion d’acceptation de populations. Comme jel’ai dit tout à l’heure, je vois beaucoup plus d’intérêt de ces populations de se sentir plus maliens qu’autre chose. Nous devrons continuer ces efforts.

Le deuxième élément important, le deuxième engagement qu’on a pris lors de ce sommet, c’était dire que quand on a fait ce CSA à Kidal, il faut que le prochain CSA soit dans une autre ville que Bamako, mais au sud cette fois ci. Pourquoi? Parce que sur le plan des symboles, le plan de la finalité de l’accord, l’accord est pour la paix au Mali. C’est un processus qui doit concerner tous les Maliens et il faudrait que chaque région du Mali sente que l’accord, c’est aussi pour elle. C’est vers cela que nous allons nous acheminer. Le prochain CSA sera dans une ville plutôt dans la moitié sud du Mali.

Mikado Fm : Au sujet de votre implication pour faire avancer l’accord de paix, un acteur de premier plan a tenu à vous rendre hommage. Il s’agit du chef de file de la médiation internationale, l’Algérie, par la voix de son ambassadeur au Mali, Boualem Chébihi.

 Boualem Chebihi : Un bilan de cinq ans d’activité intense sur tous les plans au profit du Mali, de la stabilité du Mali dans le cadre du processus de paix, et plus particulièrement l’Algérie mène en tant que chef de file de la médiation internationale.

Je crois que M. ANNADIF a contribué de manière déterminante à la progression et au progrès qu’on a atteint dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord et bien sûr, de manière générale, dans le domaine du retour à la paix et à la réconciliation dans ce pays. M. ANNADIF nous quitte et toute mission a sa fin. Nous lui souhaitons vraiment beaucoup de succès dans ses futures fonctions et nous souhaitons aussi santé, bonheur personnel et familial.

Mikado Fm : Une anecdote particulière pendant son séjour qui vous a marqué?

Boualem Chebihi : Bon, ce n’est pas une anecdote, mais plutôt un évènement très important qui s’est déroulé d’ailleurs très récemment. C’est la visite à Kidal, à laquelle nous avons travaillé ensemble d’arrache-pied pour que cette réunion se déroule dans de bonnes conditions. Et je crois que sur ce point, la Minusma a joué pleinement son rôle dans le succès, dans la réussite de la tenue de cette réunion.

 

Mikado Fm : L’Ambassadeur d’Algérie n’est pas le seul à relever votre rôle essentiel dans les pourparlers intermaliens. C’est le cas de la plupart des acteurs à qui nous avons parlé en préparant cette émission. Courtoisie, doigté, sincérité…sont les mots qui reviennent souvent. Pour le ministre malien de la Communication, Hamadoun Touré – qui vous connait depuis 3 décennies- vous avez tout fait bouger les lignes.

 Hamadoun Touré : M ANNADIF est resté égal à lui-même pendant toutes ces années. C’était l’homme qu’il fallait pour la la situation au Mali. Il a fait bouger les lignes dans son style aimable et surtout courtois et respectueux envers tout le monde. Il a su respecter toutes les parties dans le conflit au Mali qui est si complexe. Le doigté qu’il avait a fait bouger les lignes. Il a travaillé avec les diplomates, avec les techniciens, les militaires et en sachant le mot exact pour chacune de ces parties.

Mikado Fm : Est-ce que son équation personnelle a servi à changer l’image de la MINUSMA auprès des Maliens?

Hamadoun Touré : Dans les relations internationales, croyez-moi, il est passé une longue période dans ce domaine, évidemment, tout se résume finalement aux relations humaines. Donc c’est l’Homme qui fait bouger choses ou qui bloque les choses. Son style et sa personnalité, sa personne ont fait une grande différence dans le cadre de la Minusma.

Mikado Fm : Au niveau de la mise en œuvre de l’accord de paix, évidemment, on est passé par plusieurs étapes. Vous, quel regard portez-vous justement sur ces efforts? Mais les efforts de la Minusma dans son ensemble pour faire avancer les choses?

Vous savez, le langage franc qui le caractérise est justement le seul langage que toutes les parties entendent. Personne ne peut le juger d’avoir été partisan. Dans les relations internationales, le négociateur peut être vu comme l’ami de l’adversaire. Mais ce n’est pas le cas. Chaque partie le voyait comme son favori parce qu’il a été très franc avec tout le monde. C’est cela, ce langage de la vérité qui le caractérise et je le connais très bien depuis plus de 30 ans.

Il a fait bouger les choses. Ce qui a fait que l’Accord a pu avancer au niveau où nous sommes. M. ANNADIF quitte le Mali après avoir organisé quelque chose de très important au-delà du symbole. Les hommes ont parlé, se sont regardés dans les yeux et il y avait une certaine franchise dans leurs discours qui se sont tenus à Kidal la dernière fois.

Je voudrais tout simplement le féliciter pour le travail qu’il a fait avec brio. Il l’a fait avec son cœur, son cerveau et le Mali lui est reconnaissant pour cela.

Mikado Fm : Une réaction à ces propos de l’ambassadeur d’Algérie et du ministre de la Communication, Hamadoun Touré?

Mahamat Saleh ANNADIF : Les réactions sont toujours difficiles dans ces moments particuliers. Je voudrais tout simplement ajouter quelque chose à ce que l’Ambassadeur d’Algérie a dit. Il a oublié une anecdote. Je vais le lui rappeler. Ce serait bien qu’il s’en rappelle. Le 16 juillet 2016, nous avons connu des moments difficiles dans la mise en œuvre de l’Accord où nos deux principaux signataires, la plateforme et la CMA se sont affrontés dans la ville de Kidal. La Plateforme a quitté Kidal et nous avons failli nous retrouver dans la situation antérieure à la signature de l’accord. Il a fallu faire une médiation pour réconcilier les responsables de deux mouvements. J’avoue que ça m’a pris plus d’un an. Plus d’un an.

Et Seul avec quelques-uns de mes collaborateurs. Je ne vais pas tout raconter, mais le jour où ça aboutit, j’ai organisé un dîner chez moi à la résidence où j’ai invité le général Gamou, M. Hanoune de la Plateforme, Monsieur Bilal Ag Chérif et Alghabass chez moi. Ils ont passé près d’un an sans se parler, mais c’était plutôt par les armes. Et quand j’ai fixé l’heure et le lieu, l’un d’eux m’a dit «il ne serait pas opportun que tu fasses assister aussi l’ambassadeur d’Algérie? ». Étant entendu que tous ces cadres pour que je puisse les réunir, il a fallu des têtes à tête, il a fallu les réunir un à un, il a fallu déblayer beaucoup de choses. Cette rencontre c’était pour sceller l’ensemble. J’ai dit aucun problème et je l’appelle. La rencontre était prévue à 19 heures. C’était un dîner et lui, je l’appelle à 17 heures. Et lui me dit « ok mon frère j’essaierai » sans que je lui dise de quoi il s’agissait. Je lui ai dit « tu viens, on prend un thé ensemble ». Il m’a dit « je viendrai ».

A 19 heures exactement, les quatre étaient là, il me dit « je suis à la porte ». Je sors pour l’accueillir. Et quand il arrive, il voit les quatre dans la pièce. Je vais vous épargner ce qu’il m’a dit. Il a assisté à ce dîner au cours duquel nous avons scellé une nouvelle entente, une nouvelle réconciliation entre les quatre personnalités principales. J’ai la photo où il figure à côté de nous. Il a oublié cette anecdote, la phrase qu’il m’a dite. Mais je la lui rappellerai.

 

Mikado Fm : On vous sent ému par cette histoire. Lors du dernier Comité de Suivi des accords de paix, on a relevé une présence plus marquée des femmes… Une cause qui vous tient particulièrement à cœur. Pourquoi ?

Mahamat Saleh ANNADIF : Je défends des valeurs. Comme je le dis, je suis convaincu d’un certain nombre de valeurs. Je suis convaincu de la place que la femme doit jouer à la place de l’homme. Il faut quand même l’avouer, avec l’élection de Guterres janvier 2017 à la tête des Nations unies, une impulsion, un encouragement a été insufflé. Cela a facilité beaucoup de choses et l’inclusion de la femme est devenue presque une exigence. Ce n’est que justice.

C’est vrai que le fait que j’ai deux adjointes femmes, un de mes chefs de bureau est une femme, le fait que l’on a pu avancer le nombre de femmes au niveau du Comité de suivi de l’accord était une bonne réalisation à mettre au profit de toute la médiation internationale dont l’Algérie a joué un rôle extrêmement précieux.

Monsieur l’ambassadeur, mais comme toujours, il est assez discret. Il ne parle pas beaucoup, mais il a joué un rôle. Je voudrais nommer un certain nombre de partenaires tels que la Norvège, qui nous a beaucoup aidé pour la prise en charge de ces femmes et qui, comme je l’ai dit, contrairement à ce que les gens disent dès leur première participation, elles ont insufflé une nouvelle dynamique. Elles nous ont obligé de changer de paradigme, de changer d’éléments de langage. Elles se sont mises à parler plutôt de l’éducation, de services sociaux de base, ce qui est loin des débats politiques dans lequel nous nous engageons souvent. Je salue cette avancée.

Mikado Fm : Votre contribution pour l’avancement des droits des femmes n’est pas passée inaperçu. La ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a tenu à vous le dire. On écoute la ministre Bintou Founè Samaké Bouaré.

Bintou Founè Samaké Bouaré : C’est un regard positif en ce qui concerne son mandat par rapport à la paix d’abord, et aussi sur la question de la participation des femmes dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix.

ANNADIF, au moment où il s’apprête à quitter le pays, je lui dirais tout simplement que nous lui resterons toujours reconnaissantes par rapport à son appui et à son accompagnement. Il restera toujours dans nos cœurs avec les femmes du Mali parce que nous avons vu en lui cet engagement sincère et cette volonté d’être avec nous, d’accompagner, même pendant la période de déstabilisation que nous avons eue au Mali. Nous avons fait du chemin avec ANNADIF. Nous étions dans les rencontres, dans les hôtels, les familles. Il a rencontré officieusement, officiellement, les parties avec les femmes. Il disait « allez-y, on vous écoute, ne vous découragez pas ». Il l’a fait tout seul, de façon désintéressée.

On sentait en lui qu’il avait le Mali dans son cœur. Nous lui retournons la même chose. Il restera dans mon cœur et dans les cœurs des femmes maliennes.

Mikado Fm : « Vous resterez dans le cœur des femmes maliennes », selon la ministre, militante de longue date pour les droits des femmes et des enfants. Une réaction?

Mahamat Saleh ANNADIF : Ça me rappelle tout simplement les différentes occasions qui nous ont réunis avec Madame Bintou pas seulement au Mali. En dehors du Mali, on a eu à nous rencontrer pour parler de cette problématique de fond. J’avoue que la dernière fois que quelqu’un a parlé de la ministre, je l’ai qualifiée de combattante de la paix, militante de la cause des femmes. Mais je lui renvoie plutôt la balle en lui disant que nous avons fait beaucoup de choses plutôt sous son impulsion et avec son impulsion.

Je l’avais dit au départ, c’est vrai que je pars, mais je partirai avec une partie du Mali dans mon cœur.

Mikado Fm : Nous marquons une courte pause. Au retour, nous aborderons notamment la situation dans le centre du pays, les convulsions politiques des dernières années et les relations avec la presse malienne. De retour dans les studios de Mikado Fm. Nous recevons le chef de la MINUSMA. Mahamat Saleh ANNADIF.

Les dernières années ont été marquées par des violences communautaires au Centre du Mali. La région est devenue d’ailleurs l’une des priorités stratégiques de la MINUSMA. Comment évaluez-vous la contribution de la mission pour faire baisser les tensions dans cette zone devenue l’un des épicentres de la violence?

 

Mahamat Saleh ANNADIF : Elle est parmi les préoccupations majeures de laMinusma. Heureusement que le Conseil de sécurité, dans sa sagesse depuis 2018, a inscrit la situation en Centre comme deuxième priorité stratégique de la Minusma.

Tout simplement parce que ce qui se passe au Centre ou ce qui s’est passé au centre, a atteint des limites qui dépassent l’humain. On a vu Ogossagou, on a vu Ogossagou 2, on en a vu d’autres, Sobané da. Je crois qu’il a fallu réellement un sursaut. Il a commencé à prendre corps. C’est en cela que nous avons développé ce que nous avons appelé le plan d’adaptation de la mission au Centre. Grâce à ce plan d’adaptation qui vise la protection des civils, nous avons d’abord donné l’outil, les possibilités à notre composante de police et militaire d’être plus mobile, de faire plus de patrouilles. Comme je l’avais dit tout à l’heure, c’est dans le but de rassurer les populations, pour dire qu’il y a des gens avec vous, dans le but aussi de dissuader ceux qui veulent venir encourager les attaques intercommunautaires ou aussi attaquer les forces de défense et de sécurité maliennes. Nous avons créé ce qu’on appelle les bases temporaires que nous avons installées de façon provisoire dans pas mal de points. Grâce à ce plan d’adaptation, nous avons pu également créer ce que j’ai appelé la locomotive sur laquelle s’embarquent les unités civiles, les affaires civiles, les affaires politiques, la médiation et également la stabilisation.

Et là, je rends hommage au chef de bureau, Mme Fatou, qui est toujours aux avant-postes mais de façon discrète. Nous avons fait la médiation, nous avons fait des réconciliations. Nous avons fait de la stabilisation avec des projets à impact rapide pour asseoir les gens, pour les rassurer, pour les protéger. Mais ce que je dis toujours est que la crise au Centre n’est pas qu’intercommunautaire. Elle est la conséquence de ce qui s’est passé au Nord en 2012 avec la descente qui a atteint Konna, Douentza. Et elle a laissé quelque chose.

C’est vrai qu’on arrive à chasser les terroristes, mais ils ont implanté quelque chose et c’est ça qui a commencé à donner ces effets négatifs. En 2015, Koufa a créé le FLM et par réaction, il y a eu la milice des chasseurs traditionnels qui se sont transformés en milices d’autodéfense, indépendamment des appellations. Dans tous les cas, ça a braqué le FLM à dominance peule, les autres à dominance dogon. Et cela contribue à envenimer la situation. Il faut extirper ce mal. Il faut mener deux actions parallèles la lutte contre les terroristes, mais également s’impliquer pour réconcilier les populations. Je crois que c’est ce qui est en train de se faire et je l’encourage.

Mikado Fm : Au niveau politique, vous avez dû composer ces dernières années avec des élections contestées qui ont entraîné une crise politique, un coup d’État puis une transition en cours… Avez-vous le souvenir d’un moment particulièrement difficile d’autant que vous avez mené des missions de bons offices auprès des acteurs politiques? Comme c’est le cas, ce fut le cas, je pense, lors des élections présidentielles.

Mahamat Saleh ANNADIF : Il y en a beaucoup. Est-ce que c’est le moment de les dire tous? Les élections de 2018 ont marqué une étape importante au niveau de nos bons offices auprès des acteurs maliens. Comment faire pour arriver à les organiser et rassurer les uns et les autres? Comment arriver à coordonner le rôle de la médiation internationale, tous les observateurs? Comment gérer la crise post-conflit où les résultats étaient contestés? J’avoue que je ne sais pas si vraiment la radio est le lieu pour le dire. J’en garderais beaucoup avec moi, ça c’est sûr.

C’est après les résultats, quand la tension a grandi entre le chef de l’opposition et la majorité présidentielle. Il a fallu faire parler IBK et Soumaïla Cissé. J’étais témoin de ce coup de téléphone entre le président et Soumaïla Cissé, qui nous a permis aussi d’avancer. C’était un moment inoubliable d’avoir eu la confiance de l’un de l’autre pour que je sois témoin de leur communication. Il y en a beaucoup. C’est difficile de les dire tous, je préfère les garder pour le moment.

Mikado Fm : Composer avec la presse est une figure imposée pour un représentant spécial. Comment jugez-vous votre relation avec la presse malienne?

Mahamat Saleh ANNADIF : Vous savez, par définition et je crois que le ministre Hamadoun Touré l’a dit, de par ma formation, de par mon parcours, j’ai beaucoup de respect pour la presse. J’avoue que pendant tout mon parcours, du moins dans mon pays, les journalistes me l’ont très bien rendu. C’est la même chose qui m’a permis d’avoir des relations assez apaisées avec la presse au Mali. J’avoue que je ne dois pas m’en plaindre, mais je le leur rends bien.

Je suis de ceux qui, dès mon arrivée, j’ai organisé un déjeuner avec la presse où je leur ai dit au lieu de chercher les rumeurs, vaux mieux venir vers moi. Ils ont beaucoup respecté cela. J’ai eu pas mal d’autres rencontres informelles. D’autres ont fini par entretenir des relations personnelles avec moi. Ils me téléphonent, m’écrivent des SMS, des messages sur WhatsApp. Je peux dire que j’ai eu des relations assez bonnes. Je n’emploierai pas un mot fort mais je dis que j’ai appris ou je me suis exercé à les réconcilier avec la Minusma. J’avoue que l’exercice a réussi.

Mikado Fm : Si on en juge par le président de la Maison de la presse et ex-président de l’union des Radios et Télévisions Libres du Mali, vous avez marqué les esprits durant votre mandat. Bandiougou Danté est au micro d’Aboubacar Dicko

.Bandiougou Danté : Les rapports se sont traduits surtout par son accessibilité. Ils se sont traduits surtout par son sens de l’écoute et se sont traduits également par sa présence remarquable sur le terrain. Je retiens de lui un homme courtois, un homme disponible. A l’Union de radiodiffusion et télévision libres du Mali que j’ai eu le privilège de diriger avant de venir à la Maison de la presse, nous retenons de lui quelqu’un qui a accepté de travailler avec nous dans le domaine des projets à impact rapide, fondamentalement, dans les régions de Ségou et de Mopti.

A travers ces projets, nous avons été amenés à sélectionner des radios qui ont bénéficié d’appui en équipement, qui ont bénéficié des formations et qui, aujourd’hui, sont encore en train de produire des émissions radiophoniques dans le cadre du vivre ensemble, de la paix et de la réconciliation nationale.

Mikado Fm : Vous l’avez dit, vous avez des collaborations. Mais est ce que, plus concrètement, vous pouvez nous dire un peu plus sur l’impact que ces projets ont eu sur la profession de journaliste au Mali? De manière générale et de manière plus poussée, radio qui a bénéficié de ces projets?

Mahamat Saleh ANNADIF : Comme le nom de ces projets l’indique, des projets à impact rapide ont doté des radios d’équipements permettant de faciliter leur travail. L’effet immédiat permet de former des animateurs radio qui arrivent à créer des émissions interactives. L’effet est immédiat parce que ces émissions sont faites pour les populations qui arrivent à créer un cadre de dialogue entre elles à travers les ondes des radios. Lesquelles? Des radios de proximité. Les radios implantées dans la communauté, les radios qui sont des radios des communautés et les communautés se reconnaissent dans ces radios. Cela favorise le dialogue entre les différentes communautés et ça, c’est extrêmement important.

Mikado Fm : Vous avez semé des graines à travers les actions de la Minusma. C’était donc Bandiougou Danté, le président de la Maison de la presse. Au moment où vous vous apprêtez à quitter le Mali. Quel est votre plus grande fierté Monsieur ANNADIF?

Mahamat Saleh ANNADIF : Avant de répondre à votre question, j’aimerais quand même dire que je suis Africain, j’ai parcouru beaucoup de pays africains. Je m’amuse à dire de temps en temps que j’ai visité tous les pays africains. Et j’avoue que j’étais impressionné par la qualité de la presse malienne.

C’est une vraie presse avec de vrais professionnels et qui m’a vraiment beaucoup impressionné dans ma collaboration avec elle, avec cette presse, avec les acteurs de cette presse, c’est aussi la qualité de ce qu’ils produisent, à mon avis.

Maintenant, parler de fierté, c’est d’avoir exercé pendant 5 ans et plus dans un environnement très complexe, très difficile et très dangereux et d’avoir réussi à rester soi-même. Ce n’était pas facile. Et d’avoir réussi à être accepté comme tel. Là, une petite anecdote.

Mikado Fm : J’en suis friand.

Mahamat Saleh ANNADIF : Vous en avez eu beaucoup aujourd’hui. En 2018, on déclare les résultats du second tour et le président IBK et déclaré vainqueur. C’était le ministre Ag Erlaf qui annonçait les résultats. Une heure après, j’ai reçu un coup de téléphone du président IBK. Trente minutes après, j’ai reçu un coup de téléphone du défunt Soumaïla Cissé.

Je ne peux pas vous dire ce qu’on s’est dit avec le deux mais cela m’a donné une certaine chaleur au cœur, pour avoir mené un tel processus aussi complexe et continuer à bénéficier de la confiance de l’un et de l’autre. C’est quelque chose qu’on n’oublie pas.

Mikado Fm : Un message pour le peuple malien ?

Mahamat Saleh ANNADIF : Deux messages, c’est encore mieux. Le premier, c’est d’abord à tous les Maliens pour leur dire que l’Accord pour la paix n’est pas la seule solution au problème, mais ils constituent un maillon extrêmement important sur la voie de la paix et de la stabilité au Mali. Il faut s’en approprier, éventuellement le compléter, éventuellement le rafraichir, mais il faut le considérer comme un acquis.

La deuxième va à l’endroit de la classe politique. La classe politique a besoin d’un consensus national. Quand je vois ce qui s’est passé il y a quelques mois en Côte d’Ivoire, quand je vois ce qui se passait il y a quelques temps au Burkina, ce qui se passe au Niger et même récemment au Sénégal, ça me pousse à dire que si la classe politique s’engage et comme les Maliens ont l’habitude de le dire, il n’y a pas quelque chose au-dessus du Mali. Si on privilégie l’intérêt d’abord du Mali, il y a encore possibilité de se parler.

Cette transition ne peut pas tout résoudre, on ne peut pas tout faire, mais elle offre une opportunité où on peut s’entendre sur un minimum pour aller vers quelque chose de consensuel qui va nous faire sortir de la crise.

Il est inconcevable qu’un pays comme le Mali, de toute l’histoire que nous connaissons, avec toutes les potentialités qu’il recèle soit tout simplement réduit à un cercle vicieux. Élections démocratiques, contestation politique, rébellion, coup d’État. Il faut qu’on sorte de ce cercle et c’est la classe politique qui détient la clef.

Mikado Fm : J’espère que ce message sera entendu avant de nous quitter. Nous avons une petite surprise pour le chef de la Minusma, mais surtout pour le père de famille qui a consacré ces cinq dernières années, loin des siens, au service de la paix au Mali. De N’Djaména, voici le message de votre fils Youssouf Mahamat Saleh ANNADIF

Youssouf Mahamat Saleh ANNADIF : Bonjour papa.

J’aimerais à travers cette vidéo t’exprimer tous les sentiments de joie, de fierté, d’honneur que j’ai en faisant cette vidéo. Déjà, je tiens à te féliciter pour les cinq ans passés au Mali. Tu les as passé avec brio, avec plein succès, et c’est une fierté pour nous tes enfants. C’est aussi une fierté pour la nation tchadienne. Nous te souhaitons un bon vent pour la nouvelle mission. Et on n’en doute pas une seule seconde du succès que tu auras là-bas.

Nous, tes enfants, même si tu nous manques ici au Tchad d’aujourd’hui, nous te disons que nous te souhaitons le meilleur. Aujourd’hui, pour moi, en tant que fils, je sens un sentiment non seulement de fierté, mais tous les jours quand je vois à quel point je mets la barre très haut, ça ne fait que me pousser à relever des défis. Même si je sais que c’est difficile de faire ce que tu as fait, c’est difficile d’avoir la carrière que tu as, mais je voudrais te dire que nous sommes très fiers de toi et nous te souhaitons beaucoup de succès pour la nouvelle mission.

Encore merci papa de nous avoir permis d’avoir cette éducation et de nous donner cette fierté et cet honneur d’être le descendant d’un grand monsieur comme toi.

Mikado Fm : Fierté d’un fils à son père? C’était Youssouf Mahamat Saleh Annadif qui, par ailleurs, est Directeur général de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes du Tchad, à qui nous disons merci. Beaucoup d’émotion.

Mahamat Saleh ANNADIF : Je n’ai pas l’habitude d’associer ma famille à cela. C’est pour cela que je dis que je suis l’un de ceux qui n’a pas beaucoup vécu avec ses enfants de par leurs fonctions. J’avoue que c’est la première fois dans ma vie que j’entends un de mes enfants parler de moi.

C’est vrai que j’ai pensé à eux. J’ai pensé au sacrifice qu’ils font également, qu’ils ressentent cette absence qui a duré pratiquement 40 ans que je suis dans ces aventures. Il est temps aussi que je pense à eux.

Mikado Fm : Il est temps que vous pensiez à eux. Il est temps que vous passiez à un autre chapitre de votre vie. Entre temps, nous disons infiniment merci pour votre sollicitude, pour votre disponibilité durant ces cinq dernières années et vous disant bonne chance pour la suite.

Pour nos auditeurs, nous disons merci de nous avoir écouté. Nous recevions M. Mahamat Saleh ANNADIF, chef de la Minusma, qui est en route pour sa nouvelle mission. Après avoir consacré cinq ans au service de la paix au Mali, merci de nous avoir écouté.

Mahamat Saleh ANNADIF : C’est à moi de vous remercier et une fois de plus, je dédie cette mission à ma famille. Merci.

Source : Minusma

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