Plus d’un an après le déraillement du dernier train voyageur, la voie ferrée Bamako-Kayes reste désespérément silencieuse. Les Maliens, en particulier les Kayesiens, s’interrogent : à quand la reprise du trafic ferroviaire tant attendu ? Pendant ce temps, les travaux de la route Kayes Bamako peinent à démarrer véritablement.
Depuis ce dramatique déraillement survenu en 2023, les locomotives qui tirent les wagons des trains voyageurs ne sifflent plus entre Bamako et Kayes. Une ligne qui, autrefois, faisait battre le cœur économique et social de tout l’ouest malien, est aujourd’hui à l’arrêt. Conséquence : des milliers de passagers et petits commerçants sont contraints de trouver d’autres moyens de transport, souvent plus chers et moins sûrs.
Madame le ministre des Transports, au cours d’une visite officielle en Russie, avait promis l’arrivée de locomotives russes flambant neuves pour relancer le chemin de fer malien. Résultat ? Rien. Aucune locomotive en vue, aucun chantier visible de réhabilitation sérieuse de la voie, aucun calendrier clair.
La question se pose avec insistance : où sont passées ces locomotives ? Les Maliens, patients mais épuisés, veulent des réponses. Le ferroviaire reste une solution stratégique face à l’état préoccupant de nos routes et à la flambée des prix du transport.
A l’heure où le gouvernement multiplie les promesses de relance économique et d’infrastructures, ne serait-il pas temps de remettre le train sur les rails ? Il ne s’agit pas seulement d’un moyen de transport, mais d’un symbole de désenclavement et de développement durable.
Les populations de Kayes, tout comme celles de Kita, Kati et Bamako, attendent. Et le silence des rails commence à ressembler à celui de l’indifférence.
La route Kayes-Bamako déchiquetée
La voie ferrée est à l’agonie. Le peuple attend. Et pendant que le Mali planifie peut-être une prochaine visite en Russie pour renégocier des rails cette fois ci, la route Kayes-Bamako, elle aussi, tire la langue. Non, elle n’est pas simplement en mauvais état. Elle est défigurée, déchiquetée, presque hostile. Une route de la honte qui fait bondir les amortisseurs et les factures médicales.
On ne parle pas ici d’un sentier de brousse. C’est la route stratégique, celle par laquelle le pays entier est presque approvisionné. Une artère vitale pour l’économie nationale. Et pourtant, on dirait qu’elle n’existe plus dans les priorités du ministère chargé de doter le pays d’infrastructures routières.
Rails ou bitume, le Mali doit faire l’option d’agir, et sortir des promesses.
Djibril Diallo