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TOUT COMPRENDRE – QUELLE EST LA SITUATION AU MALI, OÙ LA JUNTE MILITAIRE A DÉCIDÉ DE RENVOYER L’AMBASSADEUR FRANÇAIS?

En proie à une situation politique et sociale instable depuis plusieurs années, le Mali a connu, en l’espace de deux ans, deux coups d’état militaire qui ont plongé le pays dans une grave crise.

La situation est extrêmement tendue entre la France et le Mali. Alors que l’opération française Barkhane, entamée en 2014 et qui visait à lutter contre les groupes armées jihadistes au Sahel tend à réduire sa présence, la junte militaire actuellement au pouvoir montre les dents et est bien décidée à tourner le dos à Paris. Dernière étape dans cette relation tumultueuse entre les deux pays, l’annonce du renvoi de l’ambassadeur français à Bamako dans un délai de trois jours.

• Quelle est la situation politique au Mali?

Afin de comprendre les tensions actuelles entre le Mali et la France, il convient de comprendre l’histoire récente et mouvementée du pays africain et de remonter à août 2020, époque à laquelle, sous la contrainte des militaires, le président Ibrahim Boubacar Keïta avait été renversé. Dans la nuit du 18 au 19 août, alors qu’il était en place depuis 2013, il avait annoncé sa démission ainsi que celle du gouvernement et de l’Assemblée nationale après avoir été arrêté quelques heures plus tôt avec son Premier ministre Boubou Cissé, et emmené dans le camp militaire d’où était partie une mutinerie.

Un premier coup d’état dans ce pays d’Afrique de l’Ouest en proie à une grave crise socio-politique. Une coalition hétéroclite d’opposants politiques, de guides religieux et de membres de la société civile avait en effet multiplié les manifestations pour réclamer le départ du président Keïta, accusé de mauvaise gestion.

Quelques mois plus tard, les militaires interviennent une seconde fois sous la houlette du colonel Assimi Goïta, véritable homme fort du pouvoir, et renversent Bah N’Daw, président de la Transition pourtant désigné par la junte militaire mais qui occupait un rôle de représentation.

Un nouveau coup de force qui plonge encore plus le pays dans la crise. Le 7 juin 2021, le colonel Goïta est investi président de la Transition. Il nomme un nouveau Premier ministre civil, Choguel Kokalla Maïga, vétéran de la politique.

• Comment les relations entre Paris et Bamako se sont-elles détériorées?

Dans la foulée de cette nouvelle intervention militaire, Emmanuel Macron avait dénoncé “un coup d’Etat dans le coup d’Etat inacceptable”. Alors que la nouvelle présidence est accordée à Goïta, le président français avait, le 10 juin 2021, annoncé une réduction de la présence militaire française au Sahel, pour finalement reprendre des opérations conjointes avec les forces maliennes, qui avaient été suspendues après le putsch de mai.

Quelques semaines plus tard, le 25 septembre 2021, le nouveau Premier ministre malien avait accusé la France d’un “abandon en plein vol” à cause de la réduction du dispositif antijihadiste Barkhane, justifiant la nécessité de “chercher d’autres partenaires”. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron qualifiait ces propos de “honte”.

Début 2022, plusieurs pays se sont dit en faveur de sanctions contre le Mali. La Cédéao, Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, a placé le pays sous embargo, une mesure qui sanctionnait la promesse non tenue des colonels d’organiser le 27 février des élections présidentielle et législatives. Le 11 janvier, Emmanuel Macron a déclaré que la France et l’Union européenne soutenaient ces “sanctions inédites”.

Le lendemain, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a accusé les mercenaires de la milice russe Wagner de “soutenir” la junte sous couvert de lutte antijihadiste. Le groupe Wagner est une société militaire privée russe à la réputation sulfureuse qui a recours au mercenariat et qui est active dans plusieurs zones de guerre dont celle du Dombass, en Ukraine, et au Mali.

Le 27 janvier, Jean-Yves Le Drian a dénoncé un comportement “irresponsable” de la junte, qui a demandé le retrait des forces danoises du Mali, et avertit qu’il va falloir en “tirer des conséquences”.

• Que signifie le renvoi de l’ambassadeur français?

Il s’agit du point d’orgue des tensions entre le Mali et la France. Lundi à la télévision d’État, la junte militaire a ordonné à l’ambassadeur de France de quitter le pays sous 72 heures. Bamako a justifié cette décision par les récentes déclarations “hostiles” de responsables français à son encontre.

Paris a dit “prendre note” de cette décision, rappelant sa solidarité à l’égard de ses partenaires européens et son engagement à poursuivre la lutte antiterroriste. La France a aussi exprimé “sa solidarité vis-à-vis de ses partenaires européens, en particulier du Danemark”, dont le contingent arrivé dans le cadre de l’opération internationale antijihadiste Takuba vient d’être expulsé par la junte au pouvoir à Bamako “sur la base de motifs infondés”.

Le communiqué rappelle aussi la “solidarité” de Paris à l’égard de la Cédéao, dont le représentant au Mali a lui aussi été expulsé, ainsi que “son engagement en faveur de la stabilisation et du développement du Sahel, aux côtés de ses partenaires de la Coalition pour le Sahel”.

• Quel avenir pour la France au Mali?

Face à cette situation extrêmement tendue, la France s’est donnée deux semaines pour envisager son avenir au Mali, après neuf ans de lutte antijihadiste à laquelle elle avait fini par réussir à associer des partenaires européens.

Les pays partenaires du groupement européen de forces spéciales Takuba, créé en 2020 à l’initiative de la France pour partager le fardeau, vont travailler “d’ici la mi-février” pour “prévoir une adaptation” de leur dispositif au Mali au regard de l'”isolement progressif” de ce pays, a annoncé mardi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

“La situation ne peut pas rester en l’état. D’ici la mi-février, on va travailler avec nos partenaires pour voir quelle est l’évolution de notre présence sur place” et “pour prévoir une adaptation”, a-t-il déclaré sur Franceinfo au lendemain de l’annonce de l’expulsion de l’ambassadeur de France, en réaction aux récentes déclarations jugées “hostiles” de responsables français.

Pour l’heure, la France compte encore 4000 militaires au Sahel dont plus de la moitié au Mali, malgré un allègement du dispositif entamé à l’été 2021, compensé par l’arrivée de renforts européens. Interrogé pour savoir si les troupes françaises allaient se retirer du Mali, le porte-parole du gouvernement a fait remarquer que Paris a “progressivement réduit la voilure et on va continuer à le faire”.

De fait, les discussions entre Européens vont déjà bon train en coulisses depuis la récente décision de la junte d’exiger le retrait d’un contingent de forces spéciales danoises, venu grossir les rangs de la force Takuba, qui regroupe 800 militaires au Mali.

• Quelles seraient les conséquences d’un retrait de la France?

En pleine présidence française de l’Union européenne et à trois mois de l’élection présidentielle française à laquelle Emmanuel Macron va sans doute se représenter, un retrait forcé du Mali après neuf ans d’engagement au prix de 48 morts français (53 au Sahel) constituerait un revers cuisant. Mais l’attitude de la junte rend ce scénario de plus en plus difficile à éviter, d’après de nombreux observateurs.

“Un soldat français peut-il encore risquer sa vie pour la protection d’un pays failli qui expulse son ambassadeur?”, s’indignait mardi sur Twitter le colonel français en retraite Raphaël Bernard, auteur de l’ouvrage paru en novembre “Au coeur de Barkhane”, du nom de l’opération antijihadiste française au Sahel.

Une sortie du Mali ne se ferait toutefois pas sans difficultés. Le désengagement des militaires français, solidement implantés sur des bases à Gao, Ménaka et Gossi, prendrait de nombreux mois à organiser, selon l’état-major. En outre, la relocalisation de Takuba promet d’être un casse-tête: le Niger voisin a fait savoir qu’il n’accueillerait pas cette task force. Quant au Burkina Faso, il vient de connaître un coup d’Etat.

Le vide laissé par les troupes ne manquerait enfin pas de profiter aux mouvements jihadistes affiliés, selon les zones, à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique, qui ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l’élimination de nombreux chefs. Alors que les violences se sont propagées au Burkina Faso et au Niger, ainsi que dans le nord de la Côte d’Ivoire, du Bénin et du Ghana, la France conserve en tout cas la ferme intention de maintenir sa présence dans la région sahélienne en y renforçant ses activités de coopération, selon des sources concordantes à l’AFP.

• Quel avenir pour la France au Mali?

Face à cette situation extrêmement tendue, la France s’est donnée deux semaines pour envisager son avenir au Mali, après neuf ans de lutte antijihadiste à laquelle elle avait fini par réussir à associer des partenaires européens.

Les pays partenaires du groupement européen de forces spéciales Takuba, créé en 2020 à l’initiative de la France pour partager le fardeau, vont travailler “d’ici la mi-février” pour “prévoir une adaptation” de leur dispositif au Mali au regard de l'”isolement progressif” de ce pays, a annoncé mardi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

“La situation ne peut pas rester en l’état. D’ici la mi-février, on va travailler avec nos partenaires pour voir quelle est l’évolution de notre présence sur place” et “pour prévoir une adaptation”, a-t-il déclaré sur Franceinfo au lendemain de l’annonce de l’expulsion de l’ambassadeur de France, en réaction aux récentes déclarations jugées “hostiles” de responsables français.

Pour l’heure, la France compte encore 4000 militaires au Sahel dont plus de la moitié au Mali, malgré un allègement du dispositif entamé à l’été 2021, compensé par l’arrivée de renforts européens. Interrogé pour savoir si les troupes françaises allaient se retirer du Mali, le porte-parole du gouvernement a fait remarquer que Paris a “progressivement réduit la voilure et on va continuer à le faire”.

De fait, les discussions entre Européens vont déjà bon train en coulisses depuis la récente décision de la junte d’exiger le retrait d’un contingent de forces spéciales danoises, venu grossir les rangs de la force Takuba, qui regroupe 800 militaires au Mali.

• Quelles seraient les conséquences d’un retrait de la France?

En pleine présidence française de l’Union européenne et à trois mois de l’élection présidentielle française à laquelle Emmanuel Macron va sans doute se représenter, un retrait forcé du Mali après neuf ans d’engagement au prix de 48 morts français (53 au Sahel) constituerait un revers cuisant. Mais l’attitude de la junte rend ce scénario de plus en plus difficile à éviter, d’après de nombreux observateurs.

“Un soldat français peut-il encore risquer sa vie pour la protection d’un pays failli qui expulse son ambassadeur?”, s’indignait mardi sur Twitter le colonel français en retraite Raphaël Bernard, auteur de l’ouvrage paru en novembre “Au coeur de Barkhane”, du nom de l’opération antijihadiste française au Sahel.

Une sortie du Mali ne se ferait toutefois pas sans difficultés. Le désengagement des militaires français, solidement implantés sur des bases à Gao, Ménaka et Gossi, prendrait de nombreux mois à organiser, selon l’état-major. En outre, la relocalisation de Takuba promet d’être un casse-tête: le Niger voisin a fait savoir qu’il n’accueillerait pas cette task force. Quant au Burkina Faso, il vient de connaître un coup d’Etat.

Le vide laissé par les troupes ne manquerait enfin pas de profiter aux mouvements jihadistes affiliés, selon les zones, à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique, qui ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l’élimination de nombreux chefs. Alors que les violences se sont propagées au Burkina Faso et au Niger, ainsi que dans le nord de la Côte d’Ivoire, du Bénin et du Ghana, la France conserve en tout cas la ferme intention de maintenir sa présence dans la région sahélienne en y renforçant ses activités de coopération, selon des sources concordantes à l’AFP.

Source: BFMTV

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