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Tournée de Florence Parly dans les pays du Sahel : la France en quête de crédibilité ?

La ministre française des armées, Mme Florence Parly a effectué, du 4 au 5 novembre, une tournée dans certains pays du Sahel (Tchad, Burkina-Faso et Mali), des pays membres confrontés à des problèmes sécuritaires et au terrorisme. Cette tournée a été effectuée dans un contexte marqué par la montée des attaques terroristes dans le sahel et après le sommet de Sotchi lors duquel, des chefs d’états africains ont sollicité l’accompagnement ou l’intervention militaire de la Russie dans la lutte contre le terrorisme.

C’est à Bamako que la ministre française des Armées, Florence Parly a  bouclé  sa tournée, mardi dernier, après les étapes du Tchad et du Burkina Faso. Partout où elle s’est rendue, Madame Parly a parlé de la volonté, de l’engagement et de la détermination  de la France à poursuivre le combat contre le terrorisme dans le sahel. Cette tournée est  intervenue, faut-il le rappeler, dans un contexte difficile marquée par la montée des attaques terroristes dans le sahel.

En un mois, 3 camps militaires maliens ont fait l’objet d’attaques terroristes  dont la dernière en date, est celle contre le camp d’Indelimane dans région de Menaka. Une cinquantaine  de soldats maliens ont été tués dans cette  attaque, vendredi dernier.  Aussi, dimanche dernier,  un député et des civils Burkinabé ont péri dans l’explosion d’une voiture sur une mine.  Un militaire français de la force barkhane a aussi connu le même sort dans l’explosion  de sa voiture sur une mine près de Ménaka au Mali.

Du coup,  la patronne des armées françaises n’était pas en panne d’arguments pour justifier sa tournée dans  cette partie du Sahel en proie à l’extrémisme violent. L’occasion était  également opportune pour  la  ministre française, d’annoncer, au cours de sa tournée, de nouveaux projets ou stratégies qu’envisage son pays  dans la lutte contre le terrorisme dans le sahel,  devenu un nid des terroristes en Afrique.

Du Tchad au Mali, en passant par le Burkina Faso, la ministre  française des armées a réitéré le soutien de la France aux pays du sahel qui sont en guerre contre le terrorisme.

Par la même occasion, elle a demandé aux  dirigeants des pays concernés de faire preuve de ‘’patience’’ dans la lutte contre les djihadistes. Avant d’indiquer «que l’intervention de la force française Barkhane dans le  sahel demeure une priorité pour les autorités françaises».

Cette  tournée a également permis à  la ministre française de  s’entretenir avec les chefs d’Etat du Tchad, du Burkina-Faso et Mali et de définir avec ceux-ci les priorités dans la lutte contre le terrorisme. C’est ainsi qu’elle a annoncé  le lancement, dans les prochains jours,  de ‘’l’opération Bourgou IV’’ dans le sahel, laquelle opération sera sous le commandement de Barkhane et qui va associer les Forces maliennes d’un côté et burkinabè de l’autre.

Aussi, elle a également  évoqué le programme des ‘’trois frontières’’ qui est financé par l’AFD qui a pour objectif général de contribuer à la stabilisation de la zone du Liptako Gourma, espace transfrontalier entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en appuyant son développement socioéconomique, et en veillant à un renforcement de la cohésion sociale entre les communautés.

Ces nouvelles mesures prises  par la France contre l’insécurité galopante  arrivent  à un moment ou la méfiance semble déjà gagné du terrain entre les populations des pays concernés et les forces étrangères opérant au Mali. Aussi, ces initiatives arrivent à un moment où les pays africains sollicitent l’appui et l’accompagnement  de la Russie dans la lutte contre le terrorisme.

Cela fait dire à certains qu’il s’agit des initiatives pour barrer la route à une éventuelle intervention de la Russie dans le sahel. Notons que lors du premier sommet Afrique-Russe tenu à Sotchi, des chefs d’Etats africains ont officiellement demandé l’aide de la Russie dans la lutte contre le terrorisme dans le sahel. Une zone où, la force Barkhane intervient déjà, depuis 2014,  contre les djihadistes.

Pour certains analystes,  la France, sans l’affirmer officiellement,  ne voit pas d’un bon œil une éventuelle intervention militaire de la Russie dans cette partie de l’Afrique. Même si la ministre des Armées a laissé entendre à Bamako que « la France est prête à coopérer avec tous ceux qui souhaitent contribuer à l’émergence de la paix et de la sécurité dans le sahel… A condition que ce soit un engagement de bonne foi… »

Rappelons que lors du sommet Russie- Afrique qui  a regroupé une cinquantaine de chefs d’état africains à Sotchi, le président malien IBK a  plaidé auprès du président Poutine la cause du Mali et de l’ensemble des pays membres du G5 Sahel engagés dans la lutte contre le terrorisme.

Déçus par la France et la Minusma, les Maliens lorgnent désormais  du côté de la Russie qu’ils considèrent comme un partenaire crédible. Des organisations de la société civile ont même  organisé des marches pour demander l’aide de la Russie. Dans la même dynamique, des membres du gouvernement malien (ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale et ministre de la Défense et des Anciens) ont effectué des voyages en Russie à l’issu desquels, un accord de coopération militaire a été signé entre le Mali et la Russie.

Pour  d’autres observateurs, l’objectif  de  la tournée de Mme Parly  dans le Sahel n’est  autre que de de tarder, voire de convaincre les  dirigeants des pays du Sahel à renoncer à l’option russe. Surtout, quand on sait que l’intervention russe pourrait  nuire au business  français dans le sahel.

Rappelons que c’est en 2012 que la France a lancé l’opération Serval, laquelle a fortement contribué à la libération des régions de Mopti, Gao et Tombouctou qui étaient sous occupation des groupes obscurantistes.   L’opération Serval  a été remplacée par la Force Barkhane en 2014 et dont la mission de combattre le Djihadisme dans la bande sahélo sahélienne. Cinq ans après, les résultats de barkhane sont mitigés.  Du coup, la bonne foi de la France semble être mise en cause par les populations  dans sa lutte contre  le terrorisme au sahel pour plusieurs raisons. De nos jours, l’écrasante majorité des populations pensent que le jeu de la France n’est pas clair dans le sahel. Aussi, elles dénoncent la démarche française dans la lutte, eu égard la fréquence des attaques de plus en plus meurtrières contre les propositions des armées nationales. Des attaques  qui prouvent que la coopération militaire entre Barkhane et les armées nationales en matière des renseignements  n’est pas  réelle, contrairement aux discours  les autorités françaises.

Au Mali, cette situation d’indifférence des forces  étrangères et surtout de Barkhane suscite aujourd’hui la colère des populations qui dénoncent  fortement leur démarche tout en réclamant leur départ du Mali. Une marche pacifique a été organisée, en septembre dernier, par les populations de Sevaré au centre du Mali, pour dénoncer l’inertie des forces étrangères (Barkhane et Minusma) face aux attaques des positions des Famas. Ladite manifestation s’est achevée par le saccage et le pillage du camp de la Minusma basé à Sévaré.

Une chose est sûre, la tournée de Madame Parly au sahel aux allures d’une campagne de séduction ne suffira pas à dissiper cette crise de confiance des populations maliennes à l’égard de la force Barkhane. Surtout,  quand on sait que ces forces étrangères et surtout Barkhane qui est accusée d’être responsable de la situation qui prévaut à Kidal, la seule région qui n’est toujours pas dans le giron de l’Etat Malien.

 Abou Berthé

SourceLe Serment du Mali

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