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Tombouctou : LE QUOTIDIEN RESTE UNE EPREUVE

libération des régions nord du pays, la vie reprend petit à petit son cours normal à Tombouctou. Mais les difficultés ne manquent pas. Les routes sont en très mauvais état. L’électricité et l’eau courante sont fournies avec parcimonie. L’électricité fonctionne de 10h à 15h les jours ouvrables et de 18h à minuit tous les jours. Les télécommunications restent de mauvaise qualité.

tombouctou

Les marchés sont mal approvisionnés en produits de première nécessité. La plus grande partie des produits de consommation provient généralement d’Algérie et de Mauritanie. Quant aux produits venant du sud du pays, ils sont très chers à cause du coût élevé du transport depuis Bamako. Pour une tonne de marchandises, il faut débourser 50.000 à 60.000 Fcfa. Le sachet de lait est ainsi vendu à 2250 Fcfa contre 1400 Fcfa par le passé. Même le kilo de viande coûte 2500 Fcfa. Il faut cependant constater que le marché est bien approvisionné en céréales grâce aux différents dons des organisations humanitaires et des ONG.

Le carburant est, lui, toujours vendu par des particuliers à 850 Fcfa le litre de gas-oil et 1000 Fcfa le litre d’essence. Les stations services n’ont pas encore rouvert leurs portes. Seule la compagnie Total est présente mais elle ne fournit que la MINUSMA.

Ces difficultés maintiennent le commerce dans une situation de coma et plombent les activités génératrices de revenus pour les populations. Le tourisme qui profitait à plus de la moitié de la population n’existe plus depuis bientôt 3 ans. Cette précarité a poussé les ouvriers, les artisans et autres à manifester dans la rue pour réclamer une amélioration des conditions de vie dans la cité des 333 saints.

Malgré tout, beaucoup de familles qui avaient migré vers des cieux plus cléments pour fuir l’occupation djihadiste, sont de retour. Prudents, certains sont venus en précurseurs pour jauger le niveau de sécurité, avant de faire revenir tous les membres de leurs familles. Les « revenants » confient qu’ils sont las de vivre en brousse ou dans les camps de refugiés. Mais l’attentat kamikaze de fin septembre a douché l’enthousiasme de nombre de candidats au retour. Il faut dire que certains d’entre eux craignent aussi de faire les frais de représailles pour des actes qu’ils n’ont pas commis.

Dans le quartier Abaradjou surtout, on relève un nombre élevé de refugiés de retour. Les travaux de réfection des maisons se multiplient et quelques commerçants arabes ont rouvert leurs boutiques.

D’une manière générale, les Tombouctiens restent marqués par les longs mois d’occupation. Les gens sont méfiants à l’égard de tout inconnu. Les attaques des djihadistes ont installé une certaine psychose dans les esprits. Les barbus peuvent, pense-t-on, frapper à tout moment et en tout lieu malgré les patrouilles et les check-points des forces armées maliennes, de Serval et de la MINUSMA.

Coté administration, le gouverneur, les membres de son cabinet, les préfets et sous-préfets ont rejoint leurs postes depuis longtemps. Ils ont organisé l’élection présidentielle et sont à pied d’œuvre pour les législatives prévues pour le 24 novembre prochain. Mais ils travaillent dans des conditions spartiates.

Les examens scolaires spéciaux se sont bien déroulés et la rentrée des classes a été marquée par la visite du Premier ministre Oumar Tatam Ly qui a donné à cette occasion le coup d’envoi du « retour à l’école ». Cependant les problèmes restent importants car les salles de classe sont généralement délabrées et nombre d’enseignants manquent encore à l’appel pour cause d’insécurité.

Sur le plan sanitaire, Tombouctou compte un seul médecin fonctionnaire de l’Etat à l’hôpital. Ce fait a été vérifié le 29 septembre dernier lors de la visite, le lendemain de l’attentat kamikaze, du ministre de la Sécurité intérieure, le général Sada Samaké.

Dans les autres services déconcentrés de l’Etat, les agents ont regagné leurs postes mais attendent la réhabilitation de leurs bureaux. Certains services ont loué des maisons en attendant la réfection de leurs locaux.

Les Tombouctiens demandent aujourd’hui la consolidation de la paix retrouvée. Ils attendent avec impatience la réfection de la route Douentza-Tombouctou et l’achèvement des travaux de construction du corridor qui mène à Niono. Ils comptent aussi sur le soutien de l’Etat pour créer des activités génératrices de revenus propres à faire redémarrer durablement la machine économique.

M. SAYAH

AMAP-Tombouctou

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