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Tombouctou : La nouvelle vie des sachets plastiques

Un groupe de femmes fait de ces déchets de superbes œuvres d’art. Tout en contribuant à l’assainissement de la ville

 

Teint noir d’ébène, Mme Hawa Touré ne fait pas son âge. à plus de 50 ans, elle respire pleinement la vie malgré les nombreuses occupations du quotidien. De taille moyenne, le sourire ne quitte, presque, jamais les lèvres de la native de Diré.

Le parcours de cette dame de Hamma Bangou, un des quartiers populaires de Tombouctou, force l’admiration. Titulaire de deux licences en santé et en marketing-communication, et ayant travaillé dans une dizaine d’ONGs depuis 1992, Hawa Touré a décidé de s’attaquer aux déchets plastiques qui polluent les quartiers. «Je suis dans un quartier-poubelle. Beaucoup de familles viennent déverser leurs déchets dans les mares de ce quartier», raconte-t-elle. «Au départ, j’ai été choquée par l’État d’insalubrité de mon quartier en particulier et de toute la ville en général.

Les dépotoirs anarchiques sont majoritairement remplis de déchets plastiques. J’ai donc regroupé les femmes du quartier pour assainir notre cadre de vie. C’est dans ce combat que nous avons pu ramasser plus de 10 tonnes de déchets plastiques en quelques jours seulement.

Nous nous sommes transportés jusqu’à la mairie qui nous a appuyées par une benne pour transporter les déchets collectés. Chemin faisant, nous nous sommes dit un jour que cette cargaison encombrante peut être transformée en bien d’autres choses : pavées, sculptures, poubelles …», poursuit-elle.

COUP D’ESSAI, COUP DE MAÎTRE- La première œuvre de Hawa Touré et ses camarades est la sculpture du légendaire Elfarouk. Elles en ont fabriqué en grands et petits modèles. Le coup d’essai fut un coup de maître. Pour exagérer, Jean Antoine Houdon, sculpteur néoclassique connu pour ses bustes et grandes statues durant le siècle des Lumières, ne ferait pas mieux avec des sachets plastiques. Depuis, les essais concluants, les femmes se sont davantage mobilisées pour étendre leurs créations aux matériaux de construction.

«Un moment donné, nous avions plus de 15 tonnes de plastiques ramassés. Nous avons alors commencé par fabriquer des briques par dizaine le jour», raconte fièrement la présidente de l’association. «Nous venons de transformer 350 sacs de plastiques», ajoute la défenseure de l’environnement.

Pour améliorer la production, la force Barkhane a apporté un appui logistique qui a permis d’acheter une machine au Burkina Faso. 
La dernière trouvaille est une poubelle innovante faite seulement de déchets de plastiques. Des échantillons ont été offerts à la force Barkhane. Les autres femmes de l’association ont fabriqué avec la même matière des paniers et des vannes. Elles ont également fabriqué des insignes au compte de la force française anti-terroriste dans le Sahel.

Les femmes de Hamma Bangou ont également fabriqué des statues géantes de chameaux chargés de sel gemme. Une dizaine de ces sculptures sont exposées dans sa cour. Il y a aussi des terreaux et des pirogues.

Chef de famille ayant en charge des enfants et un grand bâtiment à entretenir, Hawa Touré combat non seulement la solitude du foyer du fait de l’absence de son mari (à l’étranger pour des raisons de sécurité). «Nous travaillons pour aider les femmes à se stabiliser sur place et surtout atténuer le stress lié à l’insécurité», résume-t-elle d’une voix douce.

C’est en 2015 qu’elle créa l’association «Gounatiéré» (prendre le bon exemple, en songhaï) qui compte aujourd’hui 40 membres actives, toutes dévouées. Pour commencer, la brigade de femmes s’est attaquée aux déchets plastiques. à l’époque, les mauvaises langues avaient prédit un échec cuisant.

La tâche semblait trop aventureuse. Mais c’était sans compter sur la détermination de l’association qu’elle dirige. Hawa Touré a troqué ses grands boubous basin contre une tenue de travail.

Selon les environnementalistes, les matières plastiques prennent plus de quatre siècles à se dégrader et contaminent toute la chaîne alimentaire. Le plastique est partout dans notre quotidien. Mais sa composition et sa production de masse sont de plus en plus néfastes pour l’environnement.

Chaque année, jusqu’à 13 millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans, faute d’être recyclés. En longueur de journée, l’ingestion de déchets plastiques tue les animaux.

A. C

Source : L’ESSOR

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