Personne n’ignore l’ampleur de la crise sécuritaire, dont les conséquences ont fortement ébranlé la vie socio-économique de la région de Tombouctou. Cette insoutenable précarité, conjuguée à l’insécurité chronique qui sévit, constitue la cause d’une ville où la vie n’est plus qu’une constante survie dans le couloir des mystères de Tombouctou. C’est dans ce contexte que depuis trois ans, le «Festival du vivre Ensemble» œuvre pour faire ressusciter les fondements de la vie en société.
Cette troisième édition est placé sous le haut parrainage de l’Honorable Elhadj Baba Haidara dit Sandy. Un homme symbole de la cité des 333 Saints à travers son défunt père feu Mahamane Alassane Haidara, 1er président de l’Assemblée Nationale du Mali. C’est en présence des autorités administratives, coutumières et des partenaires de la région que cette fête tant attendue par les populations a vu son ouverture ce vendredi après-midi au stade municipal de Tombouctou.
Avec un dispositif sécuritaire bien fourni, chameliers, hôtesses, organisateurs et presse ont tous pris leur place en face d’une tribune aux couleurs de l’événement. C’est par la visite des Stands que la cérémonie a débuté, conduite par le directeur du festival, Salaha Maiga. Durant près d’une semaine, les festivaliers participeront à plusieurs activités.
C’est par le maire de la commune urbaine de Tombouctou, Aboubacrine Cissé, que les interventions ont commencé. Il s’est dit fier de la détermination des jeunes qui se sont activés pour que l’événement puisse avoir lieu. Saluant son aboutissement, il a particulièrement reconnu l’implication pleine et sincère de la MINUSMA qui participe cette année pour la 3ème fois. Pour lui, la présence des toutes ces personnes montre l’intérêt qu’elles portent pour la cité mystérieuse. Ce festival, poursuit le maire, ne fait que conforter la volonté d’œuvrer au renforcement de la paix et de la cohésion sociale entre toutes les communautés de Tombouctou.
Quant au représentant de la mission onusienne pour la stabilisation au Mali, accompagné de son collègue Issiaka Nazim, au nom de Mohamed Saleh Annadiff, a transmis les encouragements de sa structure mais aussi avec le souhait qu’il soit encore un succès. La Minusma restera un partenaire fiable, surtout dans le domaine de la cohésion sociale. C’est pour toutes ces raisons, selon Mahamane Salia, chef du bureau des affaires civiles représentant de la Minusma, qu’ils seront toujours aux cotés des populations tombouctiennes.
Pour le président de l’autorité intérimaire, co-président de cette 3ème édition, il faut saluer et remercier ceux qui ont fait le déplacement aussi bien de Bamako que de l’Extérieur. Le vivre-ensemble est un axe sur lequel il travaille avec leur partenaire coopération suisse. Le vivre ensemble n’est pas seulement le côté festif, mais il y aura de plus en plus de rénovation et cela durant cette troisième édition.
Dans son allocution, le directeur du festival, le jeune Salaha Maiga, n’a pas manqué de relever un certain courage nécessaire pour l’organisation d’un festival, eu égard aux conditions et aux circonstances actuelles. Cela d’ailleurs est une équation aussi bien au niveau des autorités que des citoyens. Il s’est surtout attardé sur la dernière prestation de feue Haïra Arby en qui cette édition est un hommage. Il a ainsi fait observer la minute de silence traditionnelle pour une dame dont l’âme n’a rien laissé pour la ville.
Le festival vivre ensemble garde toujours ses objectifs et la particularité de cette année réside dans l’engagement de faire des innovations afin que les populations puissent mieux profiter. Des dons de médicaments et des consultations médicales seront au menu et se prolongeront jusqu’au mois prochain.
Salaha Maiga a exprimé sa gratitude et sa reconnaissance à la Minusma, au président de l’autorité intérimaire, au maire et au parrain qui se sont tant impliqués de la capitale à Tombouctou pour parvenir à ce jour.
C’est par le parrain Elhadj Baba Haidara que les discours ont pris fin. Tout en soulignant l’absence remarquable de l’Etat, il a loué la détermination des responsables du festival qu’il dit avoir vu sur le terrain de la préparation et de la mobilisation.
« C’est un festival, non pas pour un homme, non pas pour faire de la musique pour s’amuser, mais un festival pour permettre à une ville de renaitre. Tombouctou a besoin de renaissance, elle a besoin de vivre-ensemble. Cette Tombouctou dont on parle et qui est plus connue que le Mali au-delà de nos frontières doit revivre et se retrouver » a plaidé le parrain au pupitre d’une tribune au décor émotionnel.
Pour Sandy, le monde doit savoir que Tombouctou est encore là. Une ville colonisée sept fois, un chiffre mystique et mystérieux à l’image d’une cité à l’histoire exceptionnelle. Pour l’ancien député de la région, les européens qui sont venus à ce festival n’ont pas pris de risque car il n’y en pas, mais on le crée selon lui. S’adressant aux medias présents, il leur demande d’inviter les touristes à revisiter ce coin perdu dans une partie du monde.
Sandy a invité les autorités communales et régionales à rendre l’aéroport accessible car beaucoup de personnes souhaiteraient venir à Tombouctou. Il faut qu’on donne l’option aux Tombouctiens d’aller se faire soigner. En un mot, dans un langage de complainte, le fils de feu Mahamane Alassane Haidara estime que les habitants de Tombouctou sont dans une prison à ciel ouvert, une situation orchestrée de toute pièce, regrette le parrain.
C’est à la fois une plaidoirie et un réquisitoire auxquels l’ancien parlementaire s’est adonné, espérant revoir sa ville natale retrouver son lustre d’antan et servir d’eldorado au reste du monde.
D’autres artistes ont tenu le public en haleine au cours de la soirée. Le programme se poursuit ce matin avec la visite de sites touristiques et dans l’après-midi, un débat public citoyen dont nous vous ferons les échos dans nos prochaines publications.
Ammi Baba Cissé ABC
Figaro mali