Le meeting du Mouvement du 05 juin Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), du vendredi 10 juillet a abouti à un appel à la désobéissance civile. Dans leur stratégie, les responsables de ce mouvement contestateur du régime en place au Mali ont demandé à leurs militants d’occuper trois symboles du pouvoir que sont l’Assemblée Nationale, la Primature et l’Office de Radiotélévision du Mali (ORTM). Ces manifestations ont ainsi dégénéré, faisant officiellement 11 morts et environ deux centaines de blessés.
Les responsables du M5-RFP accusent le pouvoir d’avoir utilisé la Force Spéciale Anti-Terroriste (FORSAT) qui, selon eux, a tiré à balles réelles sur les manifestants et demandent la démission pure et simple du Premier ministre à défaut de faire toute la lumière sur cette affaire.
En réaction, le Premier ministre a adressé une correspondance aux responsables en charge de la sécurité, leur instruisant de procéder aux investigations nécessaires en vue de préciser, entre autres : i) les raisons de l’engagement de la FORSAT ; ii) l’autorité ayant ordonné l’engagement de la FORSAT ; iii) le respect ou non des procédures prévues en la matière.
Dr Boubou CISSE a également reconnu sur les antennes de France 24, qu’il y a eu des dérapages, a exprimé son regret et a même présenté ses excuses.
Un angle d’analyse permet d’affirmer que le Premier ministre donne raison aux responsables du M5-RFP, qui déplorent l’utilisation de la FORSAT et des tirs à balles réelles sur des manifestants non armés. En effet, dans sa lettre, il n’a jamais demandé au commandement militaire si la FORSAT a été engagée ou non. Il s’est juste contenté de demander les raisons de son engagement, l’autorité ayant ordonné et le respect ou non des procédures prévues en la matière.
Aussi, en reconnaissant qu’il y a eu des dérapages et en présentant ses excuses, le Premier ministre n’affirmerait-il pas par-là que la FORSAT a tiré à balles réelles sur les manifestants ?
La question que l’on se pose est de savoir pourquoi le Premier ministre se précipite à donner des conclusions hâtives alors même qu’il a précisé dans la même interview qu’une enquête sera diligentée par le Parquet. Dr Boubou CISSE veut-il ainsi livrer des responsables de la sécurité nationale en vue de sauver son poste ou a-t-il peur de quoi ? La question vaut tout son pesant d’or, d’autant plus qu’il a subtilement évité les mots « dérapages » et « excuses » lors de sa rencontre dite de haut niveau avec le commandement militaire et lors de sa visite aux chevets des blessés lors desdites manifestations. En tout état de cause, toute accusation fortuite de ces forces spéciales ignorant les résultats des enquêtes serait suicidaire pour cette élite de défense et de sécurité dont le rôle et l’utilité font l’unanimité, dans un pays en proie à l’insécurité grandissante comme le Mali.
MD
Source: Journal le Pays-Mali