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Tiga Ouédraogo, une vie qui rime avec handball

Le natif de Kati a passé 12 ans sur les terrains de handball, avant de prendre sa retraite et troquer son maillot de joueur contre le survêtement de technicien. Ancien joueur du Mamahira, de l’AS Commune II et de l’équipe nationale, l’actuel entraîneur de l’AS Police fait partie de ceux qui ont donné ses lettres de noblesse au handball malien. Retour sur la carrière d’une légende de la discipline

 

«J’aime cette discipline (le handball, ndlr), j’ai vu beaucoup de choses et vécu des moments inoubliables quand j’étais joueur. Le handball fait partie de ma vie, je ne peux pas quitter le monde du handball, raison pour laquelle j’ai décidé de devenir entraîneur, après ma carrière de joueur.» Si Tiga Ouédraogo n’est pas le meilleur joueur de l’histoire du handball malien, il fait indiscutablement partie de ceux qui ont donné à cette discipline ses lettres de noblesse. En effet, le natif de Kati a passé plus d’une décennie (12 ans pour être précis) sur les terrains, comme joueur du Mamahira, puis de l’AS Commune II, avant de prendre sa retraite et de troquer son maillot de handballeur contre celui d’entraîneur.
Une reconversion qui s’est faite de façon naturelle, parce que Tiga Ouédraogo avait déjà préparé le terrain et, surtout, explique-t-il, «parce que je ne pouvais pas faire autre chose dans le domaine du sport.» Au cours de sa longue carrière, Tiga Ouédraogo a collectionné les trophées, et l’ancien international (il a été sélectionné plusieurs fois dans les sélections de catégorie d’âge et en équipe nationale sénior, ndlr) avoue aujourd’hui ne pas connaître le nombre exact de coupes qu’il a remportées, d’abord avec le Mamahira, puis avec l’équipe de la Commune II.

Les séances d’entraînement de Tiga Ouédraogo se terminent toujours par cette course poursuite à vélo

Né le 27 janvier 1987 à Kati, Tiga Ouédraogo a découvert le handball lorsqu’il fréquentait l’école primaire. «J’étais en 3è année et c’est mon maître de classe qui m’a incité à jouer au handball, lors des compétitions interscolaires. Tout est parti de là», se souvient l’ancien international. Et d’ajouter : «j’ai passé douze ans sur les pelouses et pendant toute ma carrière, j’ai porté les couleurs de deux équipes seulement, à savoir le Mamahira de Kati et l’AS Commune II. J’ai joué au Mamahira de 2000 à 2005, avant d’être transféré en 2006 à l’AS Commune II où j’ai passé une saison, avant de reveni au Mamahira.» En 2012, après avoir mis fin à sa carrière de joueur, Tiga Ouédraogo décide de suivre une formation d’entraîneur pour, dit-il, «continuer à servir le handball de mon pays.» En fait, l’ancien international a commencé sa reconversion en 2009, en participant à une formation de la Fédération internationale de handball (IHF) qui lui a permis d’obtenir son diplôme d’entraîneur de 1er degré. Un an plus tard (2010), il décroche son diplôme de 2è degré à la faveur d’une session de la Fédération malienne de handball (FMHB), puis la licence A de l’IHF. Et depuis 2018, Tiga Ouédraogo est détenteur du diplôme des entraîneurs de haut niveau de la Francophonie. L’année dernière (2019), l’ancien international a effectué un stage de formation en Suisse et obtenu le diplôme de la célèbre Académie de sport de Lausanne qui fait de lui l’entraîneur le plus gradé du Mali.
Tiga Ouédraogo a fait ses premiers pas d’entraîneur avec son club formateur, le Mamahira AC de Kati qu’il dirigera de 2009 à 2017. Il occupera ce poste parallèlement à celui de sélectionneur de l’équipe nationale junior. En 2018, le technicien quitte son club du cœur pour s’engager avec l’AS Police.

Le mercredi 15 janvier, nous avons rendu visite à l’ancien international, pas à Kati, mais au stade Mamadou Konaté où il dirigeait une séance d’entraînement de sa nouvelle formation. Notre équipe est arrivée au stade à 16h 30 min, tous les joueurs étaient sur place. Vêtu d’un survêtement noir avec un training jaune et entouré de quelques supporters et dirigeants, Tiga Ouédraogo est arrêté aux abords du terrain, le regard fixé sur les joueurs. Quelques minutes plus tard, le technicien rejoint ses joueurs et les regroupe au milieu du terrain pour des exercices axés sur les types de vitesse. «Le handball, commence-t-il, c’est un jeu de vitesse, arrêt, changement de direction. Le handball est basé sur cela. Celui qui est plus rapide gagne facilement à travers les contres et les jeux rapides. Surtout maintenant, on n’attend pas l’arbitre pour jouer.» Les joueurs écoutent religieusement le discours de l’ancien international qui continue : «L’exercice que nous allons travailler ce soir est la vitesse de réaction. Elle est vraiment recommandée au niveau de notre discipline. Au handball, on doit défendre et attaquer, quel que soit le poste où on joue. C’est dire que tout le monde est défenseur et en même temps attaquant. Le défenseur doit pouvoir réagir en fonction de l’attaquant et vice-versa. La séance d’aujourd’hui est donc très importante», insiste Tiga Ouédraogo.
Après la séance théorique, place au jeu proprement dit. Le technicien place quatre plots de couleurs différentes en carré (vert, jaune, bleu et orange) dans les quels se pratique l’exercice de vitesse par réaction. Chacun des 20 joueurs présents ce mercredi à l’entraînement fait deux minutes de course entre les quatre plots et l’exercice dure près de trois quarts d’heures. La séance d’entraînement se termine par quelques tours de terrain. Tiga Ouédraogo monte sur son vélo, les joueurs se mettent derrière et courent après le technicien pendant quelques minutes. Un vélo comme outil de travail dans une séance d’entraînement de handball, nous n’avions jamais vu ça. Changement de décor après la séance d’entraînement. Tiga Ouédraogo nous rejoint aux abords du terrain et parle, cette fois, du handball malien.

«Le problème du handball malien, c’est le manque de compétitions. On ne fait pas suffisamment de compétitions, alors que les évaluations d’un entraîneur sont toujours basées sur les compétitions. Malheureusement chez nous, les techniciens travaillent pendant plus de cinq mois pour seulement un ou dix jours de compétition. C’est très compliqué», martèle-t-il. «Par rapport à l’équipe nationale, poursuivra notre interlocuteur, le problème que j’ai eu comme entraîneur, c’est le manque de préparation. Généralement, c’est la veille des tournois qu’on commence la préparation au niveau des sélections nationales. On ne s’y prend presque jamais à temps. Comment peut-on avoir des résultats dans ces conditions ?»
Tiga Ouédraogo évoquera une autre difficulté tout aussi importante que le manque de compétitions et qui, à ses yeux freine le développement du handball. Il s’agit de la situation financière des clubs et des centres qui n’ont pas les moyens de garantir des salaires aux encadreurs. «Depuis 2010, je suis le sélectionneur de l’équipe nationale junior, mais je n’ai jamais perçu de salaire. Le handball malien regorge de talents et nous avons également des techniciens compétents, mais le problème majeur, c’est le manque de moyens et d’organisation. Dans ces deux domaines, il faut avouer que notre pays est loin du compte», résumera Tiga Ouédraogo. Pour l’ancien international, le développement du handball passe par une multiplication des compétitions à tous les niveaux et l’élaboration d’une politique de financement digne de ce nom. En clair, dit-il sans détours, les instances dirigeantes, notamment la Fédération malienne de handball, doivent changer de méthodes de travail et s’inspirer de l’exemple de certains pays.

Boubacar THIERO

Source : L’Essor

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