L’opposant Tiébilé Dramé tire la sonnette d’alarme sur la nécessité d’éviter les erreurs du passé au moment où la violence fait rage au centre du pays et à proximité de Bamako. Invité de l’émission Grand Jury de Renouveau TV, dans la nuit du 3 au 4 janvier 2019, Dramé a exprimé la disponibilité de l’opposition pour un dialogue national afin de sauver le pays d’un drame sécuritaire et social encore plus aigu. «Vous imaginez dans quel état le pays se trouve ? Et face à ça on fait comme si de rien n’était », a-t-il déclaré.
Il a par ailleurs indiqué qu’il est nécessaire qu’il ait une sorte de comité préparatoire des assises nationales ou toute autre forme de rencontre. L’opposant est donc d’accord « qu’on prenne langue parce que la situation est grave », urgente. « Le pays risque de voler en éclats. Depuis 12 mois, il y a un nombre effrayant de morts, de victimes du fait de la crise sécuritaire au Nord, au Nord-Ouest, au centre de notre pays jusqu’aux portes de la capitale. Dans des endroits et localités comme Banamba », a-t-il poursuivi.
Selon Dramé, l’accord d’Alger est un engagement international du Mali, mais ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui n’ont pas bien négocié. «Ils n’ont tellement pas bien négocié qu’ils ont eu peur de venir l’expliquer aux Maliens. A ce jour, l’Assemblée nationale n’a pas eu connaissance de l’accord d’Alger. En aucun moment, depuis le mois de mai 2015, on n’a amené l’accord devant l’Assemblée. C’est ce gouvernement qui joue à cache-cache avec son Assemblée nationale, joue à cache-cache avec le peuple malien », a expliqué le patron du PARENA.
Cela dit, c’est un engagement que le Mali a pris, et les Maliens doivent trouver les moyens de tenir cet engagement. Comment tenir cet engagement ? « Il y a une appropriation nationale malienne de l’engagement que nous avons pris, il y a un nécessaire débat national malien ? Sinon, à chaque tournant de la mise en œuvre nous allons rencontrer des difficultés. Vous savez, l’année dernière ils ont tenté de réviser la Constitution soi-disant, disent-ils, pour introduire l’accord d’Alger alors que les principales provisions de l’accord n’y étaient même pas », a souligné Dramé.
Au moment où le pouvoir malien parle à nouveau de réviser la Constitution pour introduire l’accord d’Alger, le président du PARENA alerte. « Ils ne seront pas d’accord même avec leurs propres partisans là-dessus. Je crois que tant que nous n’aurons pas discuté entre nous, et je crois que cela est possible, qu’on discute avec les représentants des groupes politico-militaires, que l’on discute avec les forces vives du pays. On l’a tenté quelques fois, mais malheureusement ce gouvernement ne l’a pas compris et puis il a torpillé les efforts d’appropriation interne, de dialogue interne. Donc ma réponse simple, est que oui c’est un accord lourd, il est difficile. Il est important que les Maliens se l’approprient, qu’il y ait un débat national », a-t-il indiqué.
Au regard de tous les problèmes que le pays traverse, des assises nationales sont indispensables, selon Dramé. Et l’ancien directeur de campagne de Soumaila Cissé d’ajouter qu’après ces assises nationales, une ligne de conduite sera dégagée « quand le président (de la République) aura appelé les forces vives du pays, FSD, COFOP, EPM ou EMP, c’est à dire sa majorité ; la société civile, les forces syndicales autour d’une table, en conclave. On aura dégagé les grandes orientations. En ce moment ils peuvent mettre en place un comité pour rédiger. Mais le comité qu’ils veulent mettre en place, ils vont rédiger sur la base de quoi? »
Tiébilé Dramé a rappelé que malgré la gravité de la situation du pays, le gouvernement procède par « petits bouts » Le front social est bouillonnant, des dizaines de préavis de grève sont déposés, les revendications de toute nature et la réponse du gouvernement est une conférence sociale, parce qu’il faut sectionner les problèmes. « Non, il faut les prendre ensemble, ce pays est dans une crise profonde : crise sociale, crise financière, crise économique, morosité économique, morosité sociale, crise sécuritaire, crise institutionnelle», a affirmé Dramé.
Le président du PARENA a évoqué la disponibilité de l’opposition pour parler afin de protéger les institutions, pour protéger la Constitution du pays. Et l’ancien directeur de campagne de Soumaila Cissé d’affirmer : « Nous les attendons, nous ne voulons pas des réponses en l’air du genre la main tendue n’est plus dans le vide. On veut une réponse concrète. Attention : c’est quand le rendez-vous ? Où ? Quel endroit ? A quelle heure ? Quelles sont les parties prenantes de la discussion à venir? Et quels sont les sujets ? ».
Pour lui, on ne peut pas fermer les yeux et faire comme si rien ne s’était passé en juillet août 2018. « Il faut discuter du contentieux électoral. Parce que les fondements de la démocratie, qui sont un homme une voix, ont été attaqués », a-t-il dit.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain