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Thomas Hobbes : la parole, une arme à réguler [extrait]

Au Mali, où les « maîtres de la parole » deviennent de plus en plus nombreux sans pourtant avoir une grande connaissance des fonctionnalités de l’arme qu’ils manient, il nous paraît important d’inviter à une séance de discussion et de méditation avec Thomas Hobbes, philosophe anglais du 17e siècle.

La parole est une arme redoutable qu’il ne convient pas de mettre à la disposition de tout le monde, dit-on généralement dans la société malienne. Cet adage résume bien la pensée de Thomas Hobbes sur cette problématique de la parole.

Extrait : « Les usages particuliers de la parole sont les suivants : premièrement, d’enregistrer ce que, en réfléchissant, nous découvrons être la cause de quelque chose présente ou passée, et ce que les choses présentes peuvent produire ou réaliser, ce qui, en somme est l’acquisition des arts.

Deuxièmement, de révéler aux autres cette connaissance à laquelle nous sommes parvenus, ce qui revient à se conseiller et à s’apprendre quelque chose les uns aux autres.

Troisièmement, de faire savoir aux autres nos volontés et nos desseins, afin que nous nous donnions les uns aux autres une aide mutuelle.

Quatrièmement, de contenter et d’enchanter, soit nous-mêmes, soit les autres, en jouant avec nos mots, pour le plaisir ou l’agrément, innocemment. À ces usages, correspondent quatre abus. »

Les abus de la parole

« Premièrement, quand les hommes enregistrent incorrectement leurs pensées, par des mots dont le sens est variable, mots par lesquels ils enregistrent comme leurs des idées qu’ils n’ont jamais comprises, et ils se trompent.

Deuxièmement, quand ils utilisent les mots métaphoriquement, c’est-à-dire dans un sens autre que celui auquel ils étaient destinés, et, par là, induisent les autres en erreur.

Troisièmement, quand, par des mots, ils déclarent une volonté qui n’est pas la leur.

Quatrièmement, quand ils utilisent des mots pour se blesser les uns les autres. Étant donné que la nature a armé les créatures vivantes, certaines avec des dents, d’autres avec des cornes, et d’autres [encore] avec des mains, ce n’est qu’un abus de parole de blesser quelqu’un avec la langue, à moins que ce ne soit quelqu’un que nous sommes obligés de gouverner, et alors, ce n’est pas le blesser, mais le corriger et l’amender ».

Thomas Hobbes, « Léviathan »

Source: Phileingora
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