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Terrorisme en Afrique de l’Ouest : Macron veut s’appuyer sur la Cedeao

TOURNANT. Dans sa nouvelle stratégie militaire en Afrique, Paris qui ne veut plus apparaître en première ligne, compte bien s’appuyer sur les institutions régionales.

Attaques inédites contre des camps militaires au Mali, dans le nord du Togo, au Bénin, au Burkina Faso : les groupes djihadistes confirment leur expansion en Afrique de l’Ouest. Ils progressent tout particulièrement vers le nord des pays côtiers. Depuis la fin de l’année 2021, le nord du Bénin et du Togo sont meurtris par des attaques perpétrées par des groupes armés qui sévissaient jusque-là chez ses voisins burkinabè et nigérien. Certaines de ses attaques ont été revendiquées par des groupes djihadistes. Les armées béninoise et togolaise sont déployées dans la partie septentrionale pour contenir la progression de ces groupes vers le sud.

C’est avec ces données en tête que le président français a fait le choix de se rendre au Bénin puis en Guinée-Bissau pour les deux dernières étapes de sa première tournée africaine depuis sa réélection. « La France continuera de bâtir son action dans la région au service d’États souverains légitimes et de cette organisation régionale », la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), « car nous considérons que notre rôle est d’aider la région à réussir cette bataille contre le terrorisme », a déclaré le président français lors d’un point presse avec son homologue bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, qui vient de prendre la présidence de l’organisation. « Nous avons toujours respecté la position de cette organisation régionale extrêmement importante et j’ai toujours considéré que notre rôle était de venir en soutien des décisions qu’elle prend et en cohérence avec celles-ci », a assuré Emmanuel Macron.

L’exemple du Mali indexé

Évoquant la situation du Mali, confronté à une grave crise sécuritaire et théâtre de deux coups d’État militaires en 2020 et 2021, il a estimé que la responsabilité de la Cedeao est d’œuvrer pour que « le peuple malien puisse […] exprimer sa souveraineté populaire » et « bâtir le cadre de stabilité » permettant de « lutter efficacement contre les groupes terroristes ». « Puisque force est de constater que les choix faits par la junte malienne aujourd’hui et sa complicité de fait avec la milice Wagner sont particulièrement inefficaces pour lutter contre le terrorisme, ça n’est d’ailleurs plus leur objectif et c’est ce qui a présidé à notre choix de quitter le sol malien », a-t-il ajouté. Les rapports entre la junte au pouvoir à Bamako et Paris, ancienne puissance coloniale, se sont brutalement dégradés ces derniers mois, en particulier depuis l’arrivée au Mali de paramilitaires du groupe de sécurité privée russe Wagner, poussant les deux pays à la rupture après neuf ans de présence française ininterrompue pour lutter contre les djihadistes. Fin janvier, alors que la Cedeao avait imposé de lourdes sanctions économiques et financières au Mali, levées début juillet, la junte avait aussi accusé l’organisation ouest-africaine de s’être laissée « instrumentaliser par des puissances extra-régionales », en référence à la France.

Rénover la présence française sur le continent

Paris veut continuer à participer à la lutte contre l’insécurité, qui menace ses partenaires africains et nourrit les migrations vers l’Europe. Tout en restant discrète et en s’appuyant sur les institutions régionales. « S’afficher avec les Français joue négativement », admet un haut gradé français. « Nous allons vers davantage d’opérations de coopération, conditionnées de façon plus stricte aux demandes des pays africains, qui viendront en soutien de et non pas à la place de », expliquait récemment à l’AFP le commandant de l’opération Barkhane, le général Laurent Michon. Les discussions vont bon train pour évaluer les demandes des partenaires, à qui la France veut offrir plus de places d’officiers dans ses écoles militaires.

Au Sahel, le Niger a accepté le maintien d’une base aérienne française à Niamey et l’appui de 250 soldats pour ses opérations militaires à la frontière malienne. Le Tchad continuera à héberger une emprise française à N’Djamena et les Français espèrent conserver un contingent de forces spéciales à Ouagadougou, au Burkina Faso.

Dans le golfe de Guinée, les Forces françaises en Côte d’Ivoire, qui coopèrent déjà avec l’armée locale, pourraient offrir des moyens de surveillance dans le nord du pays à la demande d’Abidjan.

Quant au Bénin et au Togo, « il y a une demande d’appui français en matière de soutien aérien, de renseignement et d’équipement », selon l’Élysée. La Guinée, elle, étudie encore ses besoins pour sécuriser sa frontière avec le Mali.

Concrètement, la coopération sécuritaire était au centre des échanges entre Emmanuel Macron et Patrice Talon, la veille de son arrivée à Bissau. « Que la France nous appuie davantage dans nos efforts de lutte contre le terrorisme, l’un des principaux défis. […] Nos hommes ont besoin être bien formés ; on a besoin d’armement, d’équipement, de matériel militaire. Nous attendons un effort de votre part », a déclaré le président béninois. « Nous avons les moyens financiers, mais aujourd’hui avec les tensions qu’il y a dans le monde acquérir ces équipements est problématique. » Ce à quoi le chef de l’État français a répondu favorablement, « Sur le plan sécuritaire, nous serons au rendez-vous », assure-t-il, « pick-up, déminages, gilets pare-balles, casques de vision nocturne seront livrés incessamment, assure Emmanuel Macron. Pour les drones, nous allons avancer pour répondre à votre demande. »

Pour sa part, le président de Guinée-Bissau a annoncé la création d’une « force anti-putsch » de la Cedeao, sans donner plus de détails, une décision saluée par le chef de l’État français. Umaro Sissoco Embalo a lui-même échappé le 1er février à une tentative de putsch qui a fait 11 morts. La Cedeao a déployé fin juin sur ce territoire une force pour appuyer la stabilisation de ce petit État lusophone d’Afrique de l’Ouest. Le dirigeant a par ailleurs invité Emmanuel Macron à participer en octobre à une réunion de l’initiative d’Accra, qui réunit les pays du golfe de Guinée ainsi que le Burkina Faso. L’idée est de se coordonner pour faire face ensemble aux menaces.

 

Source: lepoint.fr

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