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Terrorisme : Bamako prête le flanc à d’autres voitures piégées

L’attaque à la voiture piégée est une nouveauté à Bamako et environ, mais un classique du terrorisme qui utilise également d’autres vilaines choses. L’attaque contre le camp de Koulikoro qui a été la cible d’une voiture piégée le week-end dernier était donc prévisible au regard du palmarès violent des djihadistes. Ce contexte est un challenge pour les autorités appelées à prévenir la radicalisation des courants religieux antagonistes dont certains ont déclaré ouvertement la guerre au pouvoir.

Après des prêches enflammés dans certaines mosquées de Bamako, on peut dire que le seuil critique a déjà été franchi à cause des récentes attaques djihadistes dans les environs de la capitale, des attentats qui pourraient finalement galvaniser les réseaux de soutien de la nébuleuse islamiste. Surtout que les  courants idéologiques de Bamako constituent des terreaux fertiles à l’expansion d’un djihadisme très contagieux.

Si au centre du pays l’opposition des communautés ethniques a profité aux groupes djihadistes, le clivage entre les écoles idéologiques musulmanes livrera Bamako au rouleau compresseur des terroristes qui ont choisi d’utiliser pour la première fois la voiture piégée non loin de Bamako. Il sera ainsi difficile de venir à bout des terroristes dans le contexte de l’exacerbation de la division entre ces courants religieux qui se partagent la capitale.

Même les accords de défense ne serviront à rien, car aucun pays n’est suffisamment préparé militairement pour faire face à une guerre asymétrique,  fut-il sous surveillance électronique. Et la tache est évidemment plus compliquée pour le Mali, un pauvre pays tiraillé entre acteurs politiques et courants religieux plus ou moins modérés.

Le pays prête le flanc à d’autres voitures piégées qui pourraient être facilement préparées par des terroristes qui savent désormais où trouver de l’aide. Les djihadistes qui sont en quête d’un public savent où frapper et ils épargneront la population dans un premier temps en ciblant uniquement les cibles militaires et administratives.

Mais l’expérience montre qu’ils se retournent contre la population lorsqu’ils ne parviennent pas à infiltrer suffisamment les cités. Après les voitures piégées, il faut ainsi craindre les attentats dans les marchés, les mosquées, lors des mariages. On se souvient encore de ce qui s’est passé en Algérie et en Afghanistan.

Plusieurs sources indiquent que les terroristes ont déjà implanté leurs réseaux dans la capitale, ce qui constitue un atout certain pour eux en plus des milliers de désespérés qui voient dans la charia une alternative au modèle de société actuel. C’est dire que la foule qui a fait salle comble en janvier dernier pour réclamer l’application de la peine de mort au Mali n’attend que la bonne occasion.

Peu à peu, l’étau djihadiste se resserre autour de Bamako qui doit son salut au temps. Les terroristes qui ont pu s’implanter dans la région de Koulikoro frappent progressivement autour de la capitale dont l’ébullition sociopolitique ne faiblit pas. Y-a-t-il meilleure illustration du danger vers lequel le pays fonce?

Soumaila T. Diarra

 

Source: Le Républicain

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