Les autorités maliennes doivent adapter leurs plans de lutte contre le terrorisme aux réalités du moment. C’est la condition sine qua non à la réussite de toute opération anti-terroriste.
Le terrorisme est aujourd’hui un fléau mondial. Depuis le 11 septembre 2001, il n’a cessé de prendre de l’ampleur. Les réseaux terroristes poussent comme des champignons, le tout sur fond de chantages, de menaces et d’actes ignobles. Pris d’assaut par les narcoterroristes quelques jours après le coup d’Etat du 22 mars 2012, le nord du Mali est maintenant une zone de non loi où attaques barbares, prises d’otages, explosions de mines, assassinats ciblés…côtoient le quotidien des habitants. En plus des efforts de la communauté internationale, toutes les nations s’organisent pour contrecarrer le mal. Notre pays n’est pas en reste de ce vaste mouvement anti-terroriste, qui est au cœur des politiques nationales à travers le monde. Mais, il y a lieu de s’interroger sur l’efficacité des mesures prises par les autorités, tant la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer. Outre le septentrion, la menace s’étend progressivement à d’autres localités du pays. Les excuses sont difficilement acceptables dans une atmosphère où les autorités clament tous les jours tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité des personnes et des biens.
L’attentat de « La Terrasse« le 07 mars dernier à Bamako a laissé des traces indélébiles. Il a mis à nu les défaillances du système securitaire en place et prouvé que la capitale malienne n’est pas à l’abri d’attaques sauvages. Quelques jours après le forfait, les forces spéciales des services de renseignement du Mali ont abattu un suspect de l’attentat. Cependant, le mystère demeure toujours sur l’identité des complices du terroriste tué et les conditions qui ont favorisé la perpétration de l’attentat. En d’autres termes, même s’il y a un terroriste de moins, le mal ainsi que sa racine demeurent. Il faudrait bien les éradiquer avant leur multiplication. Bamako est une « passoire » dont n’importe qui peut être victime. En témoigne la mort récente d’un casque bleu bangladeshi suite à des tirs sur une voiture de la mission de l’Onu au Mali (Minusma).
Coopération exemplaire
Cette dernière doit coopérer davantage avec les autorités maliennes en ce sens que les casques bleus continueront de payer un lourd tribut dans un environnement fortement menacé par les terroristes, particulièrement au nord. Selon le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’Onu au Mali, Arnaud Akodjenou, « 35 casques bleus sont morts suite à 78 attaques hostiles, 249 ont été blessés, dont 155 grièvement« .
La plupart des soldats de l’Onu victimes du terrorisme au Mali sont tombés dans le septentrion. Le retour de la paix au nord-Mali contribuerait à la sécurisation du pays. A cet effet, il faudrait rapidement faire la distinction entre les citoyens épris de paix et les narco-jihadistes qui peuvent s’infiltrer facilement dans la population. C’est ce scenario tant redoutable qui existe présentement au Nord-Mali. Il faudrait donc mettre en place un mécanisme permettant d’isoler les terroristes. Et l’une des façons de concrétiser cet isolement est l’accord d’Alger. Or les rencontres interminables sur le document avec comme objectifs son application d’un côté et de l’autre sa signature par la Coordination des mouvements de l’Azawad, nul ne sait ce que demain nous réserve. Cette atmosphère d’incertitude profite aux terroristes dont la stratégie est basée sur les insuffisances des politiques de sécurité. Il y a donc urgence que les protagonistes de la crise du septentrion passent rapidement à l’essentiel en faisant de la paix une réalité. Ce qui annihilerait les velléités terroristes. En tout cas, en tant qu’Etat indépendant, le Mali a le devoir de prévenir et éventuellement de freiner les offensives terroristes.
La force multinationale mixte des pays du lac Tchad et du Benin contre Boko Haram est un bel exemple de coopération sécuritaire. Fraîchement installé dans ses fonctions de président du Nigeria, Muhammadu Buhari ne veut pas perdre de temps. Il s’est rapidement rendu au Niger puis au Tchad afin de permettre rapidement l’opérationnalisation de la force régionale contre Boko Haram. C’est un chef de l’Etat nigérian déterminé à en découdre avec les terroristes qui se présente sur la scène internationale. Ayant déjà ciblé ses priorités en matière de sécurité, M. Buhari veut se donner les moyens de les atteindre. Comme il l’avait promis lors de la campagne électorale dans son pays. Son homologue malien, qui avait également promis, entre autres, la paix et la sécurité à ses compatriotes a été vite dépassé par la tournure des événements. IBK n’a pas pu « huiler » l’appareil de l’Etat afin de relever les défis sécuritaires de l’heure.
Et l’armée dont il ne cesse de parler de la reforme et sur laquelle il souhaiterait établir les socles d’une nation solide et sécurisée avance lentement alors que les ennemis de la nation continuent de la menacer.
(correspondant aux USA)
La rédaction