Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Terreur sur le Mali : « Du sang et des larmes »

Après la prise d’otages de Sévaré et son bilan macabre, d’autres actions sanglantes, plus ou moins meurtrières, ont été signalées dans la périphérie de Bamako, à l’intérieur de Bamako et dans le Nord. Preuve s’il en était que le Mali s’est définitivement installé dans l’inconfort de la terreur avec son cortège de morts.

mnla cma rebelle touareg bandis armée combattants arabes nord mali kidal

Nous aurions dit que le grand-frère Gaoussou Drabo a marché sur notre langue. En effet, dans sa chronique du mardi dans le quotidien l’Essor du mardi, il compare le Mali à un malade qui ne peut pas faire l’économie d’une longue convalescence. Oui, le Mali ressemble à un grand malade. Nous pourrions ajouter, sans nommer la maladie au risque de nous attirer les foudres de certains de nos compatriotes, que le Mali ressemble à ce malade qui a perdu toutes ses défenses immunitaires et qui est la proie à toutes les maladies opportunistes. Parce que ce qui arrive au pays ressemble bien à un corps malade assailli de toutes parts par toutes sortes de maladies. Ce qui fait que le patient qu’est le Mali se doit d’être très patient. Parce que le chemin qui mène à la guérison est long et tortueux.

Après la signature des accords de paix, les Maliens appréhendaient la suite des événements car ils savaient bien que la guerre n’était pas terminée et que quelques applaudissements nourris au détour des signatures ne ramèneraient pas la paix. Au fil des ans et du pourrissement de la situation au Nord, les Maliens ont pu voir une multitude de mouvements abreuvés à divers extrémismes mais qui ne s’interdisaient aucune passerelle quand les circonstances exigeaient qu’ils fassent cause commune. Aujourd’hui, force est de reconnaître que du Nord au Sud (de Tessalit dans la région de Kidal à Fakola dans la région de Sikasso), d’Est en Ouest (de Ménaka dans région de Gao à Nara dans la région de Koulikoro) en passant par le centre du pays, l’explosion de violences n’épargne plus aucune partie du territoire malien. Avec la prise d’otages sanglante de Sévaré et la double revendication, on sait qu’il y a une sorte d’internationale du Djihadisme alimenté par l’algérien Moctar Belmoctar et les Maliens Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa. Selon des sources fiables, Iyad et Kouffa « ont étudié ensemble et se sont fréquentés après. Et quand l’histoire du jihadisme a commencé au Nord, ils ont renoué le contact ».

De toue évidence, Sévaré marque un tournant dans l’expansion de la terreur au Mali. C’est vrai que les victimes quasi quotidiennes des mines anti-personnelles disséminées par un ennemi invisible et lâche rappellent aux Maliens que les rébellions successives des années 90 et 2000 ont laissé la place à une autre forme de menace. L’attentat survenu au restaurant « La Terrasse » en mars dernier en plein cœur de Bamako avait marqué les esprits en ce sens que tout le monde était désormais convaincu que les terroristes pouvaient frapper partout, selon leur bon vouloir et leurs cibles choisies. Avec Sévaré, les esprits sont durablement marqués par la détermination des preneurs d’otages qui ont pu tenir 24 heures durant en causant le maximum de morts possibles.

A l’entame de la Deuxième Guerre Mondiale, Winston Churchill déclarait ceci aux Anglais pour mieux les galvaniser : « « J’aimerais dire à la Chambre, comme je l’ai dit à ceux qui ont rejoint ce gouvernement : je n’ai à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur. Vous me demandez, quelle est notre politique ? Je vous dirais : C’est faire la guerre sur mer, sur terre et dans les airs, de toute notre puissance et de toutes les forces que Dieu pourra nous donner[] ». Les autorités maliennes pourraient tenir ce même genre de discours à la différence qu’elles sont dans l’après guerre. Sinon tout le reste pourrait être retenu surtout pour ce qui est du sang, de la peine et des larmes. Les menaces auxquelles le Mali fait face actuellement ciblent tout le monde : les populations civiles, les forces de la Minusma et les forces armées maliennes. Les Mouvements armés qui ont signé l’accord de paix évoluaient à visage découvert avec un agenda politique et des revendications tout aussi politiques. Tout le contraire de cette internationale du Djihadisme dont l’objectif premier semble être de semer la terreur et de faire le maximum de victimes.

En effet, les Iyad, Kouffa et autre Belmoctar savent bien que le Mali ne constitue plus aujourd’hui la priorité de la communauté internationale, et que le pays n’est pas suffisamment au point pour se prendre seul en charge avec ses seules forces armées. D’où l’acharnement à s’attaquer systématiquement aux forces de la Minusma. Avec plus de 36 morts, 150 blessés, en moins de trois ans, les forces onusiennes payent un lourd tribut pour la paix. Nulle part dans le monde, le bilan n’est aussi lourd en si peu de temps. L’objectif est clair : dissuader les forces internationales de s’impliquer plus que de raison et au besoin les décourager au point de les amener à abandonner le Mali. Les ennemis du Mali qui sont à l’œuvre pour reprendre un terme du président de la République, savent que nos forces armées ne sont pas suffisamment aguerries. En formation continue depuis quelques mois, elles n’ont que leur courage pour le moment à opposer aux terroristes. D’où la volonté manifeste de ceux-ci à saper le moral des troupes, en les attaquant, en les harcelant et en les tuant au besoin.

La guerre ainsi imposée au Mali pourrait être longue et difficile.

La Rédaction

 

Bassaro Touré

source : Nouvelle République

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance