Depuis quelques mois, une tension palpable s’est installée au Tchad, alimentée par la rupture des accords de défense entre le pays et la France. Le président tchadien, le Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, a fait le choix stratégique de réaffirmer la souveraineté de son pays en mettant un terme à une relation militaire de plusieurs décennies avec l’ancienne puissance coloniale. Cette décision pourrait bien être la cause d’une réaction en chaîne, avec des événements récents suggérant une tentative de déstabilisation du régime tchadien. Derrière ces turbulences, l’implication de la France, bien que tacite, ne peut être écartée, surtout face à une politique plus indépendante du Tchad qui défie ses intérêts.
La rupture des accords de défense : un acte symbolique de souveraineté
En août 2024, la décision du gouvernement tchadien de rompre les accords de défense avec la France a secoué les fondations des relations diplomatiques et militaires entre les deux nations. Ces accords avaient permis à la France de maintenir une présence militaire significative au Tchad, avec des bases et des missions stratégiques. Ces installations ont non seulement servi à la protection du territoire tchadien, mais aussi à garantir l’influence de la France sur la stabilité de la région du Sahel.
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La rupture a été motivée par plusieurs facteurs, notamment un désir croissant de souveraineté et de diversification des partenariats internationaux. Le président Déby a fait savoir qu’il souhaitait une coopération basée sur des relations plus équilibrées et respectueuses des intérêts du Tchad. Ce virage dans la politique extérieure du pays a été perçu comme une remise en cause de l’hégémonie française dans la région. Le Tchad, tout en réaffirmant son indépendance, cherche désormais à tisser des liens avec d’autres puissances émergentes, notamment les pays voisins, la Russie et la Chine.
Les tensions croissantes : une réaction de la France ?
La décision du Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno a rapidement attiré des répercussions internes et externes. D’un côté, l’opposition politique au Tchad a accusé le président de prendre des risques inconsidérés en défaisant des accords qui, selon eux, garantissaient la sécurité du pays. De l’autre côté, les anciennes élites liées à la France et certains groupes armés pourraient être tentés de profiter de ce changement pour déstabiliser le régime en place.
Il est alors légitime de se demander si ces tensions internes, accompagnées de troubles politiques et d’attaques violentes contre le pouvoir, ne seraient pas alimentées par des forces extérieures, avec en toile de fond les intérêts de la France. La question est d’autant plus pertinente à la lumière des événements récents qui ont secoué N’Djamena et d’autres régions du pays. La situation a pris une tournure dramatique avec l’attaque armée du palais présidentiel en janvier 2025, une tentative de déstabilisation à laquelle le gouvernement tchadien a réagi avec fermeté.
L’attaque du palais présidentiel : un signe inquiétant ?
Le 7 janvier 2025, un commando armé a pris d’assaut le palais présidentiel à N’Djamena, dans une tentative de renverser le régime. Selon les autorités, la situation a rapidement été maîtrisée, et le bilan de l’attaque s’est élevé à 19 morts, dont 18 parmi les assaillants. Cette attaque intervient à un moment où le pays est déjà en proie à de vives tensions internes, exacerbées par la rupture des accords militaires avec la France. L’attaque a été interprétée par certains comme un signe clair d’une volonté de déstabiliser le président Déby et son régime.
Bien que les autorités tchadiennes n’aient pas directement désigné de coupables, certains analystes et observateurs estiment qu’une partie des assaillants pourrait avoir des liens avec des groupes opposés à la politique de rupture avec la France. Il est possible que ces groupes soient soutenus, directement ou indirectement, par des puissances extérieures qui souhaitent renverser le régime de Mahamat Idriss Déby Itno pour restaurer l’influence française dans la région.
Le rôle de la France : préservation de l’influence en Afrique ?
La France, bien qu’elle ne soit pas officiellement impliquée dans cette tentative de déstabilisation, pourrait voir d’un mauvais œil la montée en puissance de l’indépendance politique et militaire du Tchad. En mettant fin aux accords de défense, le Maréchal Déby a posé un défi direct à l’un des piliers de la politique française en Afrique. La France, qui dispose de nombreuses bases militaires et de contrats dans plusieurs pays africains, pourrait redouter que la perte de son influence au Tchad ne serve de catalyseur pour d’autres pays de la région à remettre en cause leurs relations avec l’ancienne puissance coloniale.
Pour la France, maintenir sa présence en Afrique, notamment en Afrique centrale et au Sahel, est crucial pour la stabilité de ses intérêts géopolitiques et économiques. C’est d’ailleurs ce qui explique, selon certains analystes, les tensions croissantes entre le Tchad et la France. En réaffirmant sa souveraineté, le Tchad cherche non seulement à se libérer de l’empreinte coloniale mais aussi à tracer son propre chemin sur la scène internationale.
Un avenir incertain : quelle réponse du Tchad face aux pressions extérieures ?
Alors que le Tchad est confronté à des pressions internes et externes, la question de la souveraineté et de l’autonomie du pays se pose plus que jamais. La route de Mahamat Idriss Déby vers une Afrique plus indépendante est semée d’embûches, mais la fermeté de son régime face à la France pourrait donner un nouvel élan à la résistance de toute une région. Le défi pour le président tchadien est de maintenir l’équilibre entre sa politique d’ouverture vers de nouveaux partenaires et la préservation de la stabilité interne face aux tentatives de déstabilisation.
Il est encore trop tôt pour savoir si ces tensions aboutiront à un changement de régime ou si le Maréchal Déby saura maîtriser la situation. Mais ce qui est clair, c’est que le Tchad, sous sa présidence actuelle, ne semble pas prêt à céder aux pressions extérieures. Au contraire, il cherche à dessiner un futur où la souveraineté nationale prime sur les anciens rapports de dépendance.
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Le Tchad se trouve à un carrefour de son histoire politique. L’annonce de la rupture des accords de défense avec la France marque un tournant décisif dans les relations entre les deux pays. Si l’attaque du palais présidentiel est perçue comme un signe de déstabilisation, il est probable que la France, consciente de perdre son emprise dans la région, n’hésite pas à utiliser tous les leviers à sa disposition pour contrer ce mouvement. Le futur du Tchad, et peut-être de l’Afrique toute entière, se joue en ce moment, et il appartient à ses dirigeants de s’assurer que la souveraineté du continent ne soit pas mise en péril par les anciennes puissances coloniales.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net