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Tchad : déchéance morale

Le « scandale » qui secoue le Tchad depuis le 8 février me pousse à prendre mon clavier afin d’exprimer mon indignation face à cet acte innommable.

president tchadien Idriss Déby

Le viol de Zahra Mahamat dit « Zouhoura », par un groupe présumé de jeune fils de dignitaires du pays (ministre et généraux de l’armée), au-delà de son caractère ignoble et immoral, pose plusieurs questions que j’essaierai d’aborder dans les lignes qui suivent.

L’acte de viol par un groupe de personnes est en lui-même odieux et le fait qu’il puisse faire l’objet d’enregistrement vidéo et de prise de photos montrent la préméditation des auteurs et le cynisme dont ont fait preuve ces voyous. De même qu’il démontre la démission des parents en matière d’éducation de leurs enfants. En effet, de nos jours beaucoup de parents croient que le fait de nourrir et de vêtir un enfant équivaut à son éducation. Ce qui – hélas ! – n’est pas le cas.

Quand des responsables de nos administrations, en plus de ne pas faire attention à l’éducation de leurs enfants, ne contribuent pas à les rendre délinquants. Sinon, comment expliquer que des adolescents de 17-21 ans puissent disposer de voitures, d’argent et parfois d’armes, sans que les parents ne disent mot, voire les encouragent de certaines manières en couvrant leurs dérives ou en les laissant faire. Ce laxisme se traduit par beaucoup de crimes et agressions sur des filles, des femmes et des jeunes hommes. On ne compte pas les faits de blessures par couteau et/ou par arme à feu au Tchad, qui restent en général impunis.

Le viol de cette jeune fille, traduit un autre fait qui s’est banalisé dans la société tchadienne, à savoir le non respect dû aux femmes et aux filles. En général, les sociétés africaines sont matriarcales ; c’est-à-dire que la femme occupe un rôle central dans la société, en contribuant grandement à l’éducation des enfants. Nous avons grandi avec ce respect de la mère, de la sœur, de la tante, de la cousine, de la voisine ou de la femme tout court… Des pratiques qui tendent à disparaître de nos jours, au nom du machisme et de la démission de certains parents.

Nous tous, avons connus ce genres de cas dans notre environnement

Car, la femme est la maman, la sœur, l’épouse, la tante, la cousine… et faire du mal à une fille c’est faire du mal à la fille, à la sœur, à la cousine, à la voisine, à la future épouse et mère de quelqu’un… en un mot à la Tchadienne en général.

Le viol de Zouhoura met encore en évidence l’impunité dont bénéficient les responsables de délits et crimes face à la justice du pays. En effet, ayant toujours bénéficié de passe-droits durant toute leurs vies, ces jeunes mal éduqués ne font qu’imiter leurs parents. Ils bénéficient de la position et de la protection de leurs parents, qui les couvrent tout en sachant leur progéniture coupable ou complice, les incitant de fait à commettre des actes odieux de ce genre. D’autant que, le drame qui est arrivé à cette fille n’est que l’arbre qui cache la forêt ; car combien de filles ou de femmes ont été violées sans que l’on traduise en justice les responsables de ces crimes ?

Nous tous, avons connus ce genres de cas dans notre environnement, qui sont couverts au nom de la dignité de la fille, de l’honneur de la famille et des fois par des compensations en argent afin d’étouffer l’affaire. C’est pourquoi, il est grand temps que ces pratiques barbares cessent, que les auteurs et leurs complices soient jugés et qu’ils purgent leurs peines ; puisque, dans les faits les enfants des personnes haut placées, même lorsqu’ils sont condamnés par la justice, ne purgent jamais la totalité de leurs peines. Des situations qui les poussent à commettre des actes plus odieux que les précédents et qui encouragent d’autres à faire de même ou pire.

Enfin, il revient à la justice de faire son travail. Parce que, en parcourant les revendications des soutiens à Zouhoura, une phrase revient dans chaque post ou pancarte à savoir : « Que justice soit rendue ». Voilà une occasion pour traduire dans les faits l’autorité de la justice pour tous les citoyens tchadiens, de redonner ses lettres de noblesse à une institution consacrée par la Constitution de la République, mais qui peine à se faire respecter à cause des passe-droits, de l’impunité dont bénéficient certains et de la corruption.

C’est aussi, une occasion de concrétiser cette phrase du chef de l’État lors de son discours d’investiture en 2001, lorsqu’il prononça trois fois la phrase : « Je ne couvre personne. » Même si en général, la parole d’un homme politique n’engage que ceux qui y croient, la parole d’un chef d’État qui se respecte engage son autorité, son honneur et son gouvernement.

Source: Jeune Afrique

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