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Journée mondiale du paludisme : Poursuivre le combat au Mali

Chaque 25 avril, le monde entier célèbre la Journée mondiale de la lutte contre le paludisme.

Cet événement annuel est une occasion cruciale pour évaluer les progrès réalisés contre cette maladie qui reste un fléau majeur, particulièrement en Afrique subsaharienne, et pour renforcer les efforts en vue de son élimination définitive. Pour l’édition 2025 qui a été célébrée vendredi dernier, le thème retenu est : « Réinvestir, réimaginer et raviver nos efforts communs pour mettre fin au paludisme »

Le paludisme, connu également sous le nom de malaria, est provoqué par un parasite transmis à l’humain par la piqûre du moustique Anophèles. Ses symptômes fièvre, frissons, maux de tête et douleurs musculaires peuvent rapidement évoluer en complications graves, voire mortelles, sans un traitement rapide et approprié.

Chaque année, des centaines de millions de personnes sont touchées par le paludisme à travers le monde, malgré les avancées scientifiques et les campagnes de prévention. En Afrique de l’Ouest, et notamment au Mali, cette maladie représente toujours une menace sanitaire critique. Selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 263 millions de cas ont été enregistrés en 2023 à l’échelle mondiale, provoquant environ 597 000 décès.

Au Mali, où le paludisme demeure la première cause de consultation médicale, les chiffres sont tout aussi alarmants. En 2023, plus de 3,4 millions de cas ont été recensés, dont 1,1 million graves. Ces infections ont entraîné près de 1 500 décès, touchant principalement les groupes les plus vulnérables : les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Le Mali concentre à lui seul 3,1 % des cas mondiaux, ce qui illustre l’ampleur du défi selon les statistiques de l’OMS.

Pour lutter contre cette maladie, les autorités maliennes ont mis en œuvre plusieurs initiatives, telles que la distribution massive de moustiquaires imprégnées d’insecticide et des campagnes communautaires de sensibilisation. Ces actions visent à encourager les comportements préventifs, en particulier dans les zones rurales où les conditions d’hygiène et l’accès aux soins sont limités.

Dr. Boubacar Konaté, sociologue de la santé, souligne l’importance d’une approche multidimensionnelle.

« Le paludisme ne doit pas être combattu uniquement par des moyens médicaux. C’est une maladie révélatrice d’inégalités sociales et économiques. Il est essentiel d’impliquer les populations locales dans les stratégies de lutte afin qu’elles s’approprient le combat. Les campagnes médicales, sans un volet social et éducatif, risquent de ne pas atteindre leur plein impact », affirme-t-il.

En 2024, une avancée significative a été réalisée avec l’introduction du vaccin antipaludique. Grâce à un partenariat entre l’Unicef, Gavi et l’OMS, près d’un million de doses ont été livrées au Mali, offrant un nouvel espoir pour réduire la prévalence de la maladie, notamment chez les enfants.

 Un appel à l’action pour 2025

La Journée mondiale du paludisme 2025 résonne comme un cri de ralliement pour l’humanité. Réinvestir dans les outils existants, innover pour réimaginer les stratégies, et raviver l’engagement collectif : tels sont les piliers pour éliminer cette maladie évitable et curable. Ensemble, gouvernements, organisations et citoyens peuvent transformer cette vision en réalité et inscrire la victoire contre le paludisme dans l’histoire.

 

Dr. SOULEYMANE MAÏGA, CSREF COMMUNE VI

« Le vaccin est une avancée majeure »

 Dans cette interview, Dr. Souleymane Maïga, spécialiste en médecine communautaire au CS-Réf de la Commune VI de Bamako nous éclaire sur le paludisme, véritable fléau de santé publique au Mali. Il partage également son expertise, dresse un état des lieux de la situation dans les quartiers de Bamako, et souligne l’importance de la prévention et de l’engagement communautaire pour lutter efficacement contre cette maladie. Entretien.

 

Mali-Tribune : Qu’est-ce que le paludisme ?

Dr. Souleymane Maïga : Le paludisme est une maladie parasitaire transmise exclusivement par la piqûre d’un moustique infecté, principalement du genre Anophèles. Cette maladie est particulièrement répandue dans les zones tropicales.

 

Mali-Tribune : Quels sont les principaux défis dans la lutte contre le paludisme ?

Dr. S. M. : Les défis sont multiples. Le paludisme peut survenir à tout moment, bien que certaines saisons, comme l’hivernage, enregistrent un taux de prévalence plus élevé. En plus de la prise en charge médicale dans les structures de santé, l’hygiène et l’assainissement des zones de reproduction des moustiques jouent un rôle crucial. La sensibilisation des communautés sur ces aspects est primordiale.

Mali-Tribune : Quelles sont les stratégies mises en place pour limiter la propagation du paludisme ?

Dr. S. M. : Plusieurs mesures préventives sont mises en œuvre. Nous sensibilisons la population à éviter les eaux stagnantes, particulièrement pendant l’hivernage. Les dépressions où l’eau peut s’accumuler doivent être comblées, car elles favorisent la prolifération des moustiques. De plus, il est important de se débarrasser des objets inutilisés dans les concessions qui pourraient devenir des refuges pour les moustiques. Les moustiquaires imprégnées d’insecticide, la chimio-prévention pour les femmes enceintes (comprimés SP administrés à partir de la treizième semaine de grossesse), et l’utilisation de grillages sur les portes et fenêtres sont également des moyens efficaces de prévention.

Mali-Tribune : Avez-vous des chiffres sur la prévalence et la mortalité dues au paludisme ?

Dr. S. M. : La prévalence du paludisme varie selon les régions. Selon l’Enquête démographique et de santé (EDS), la prévalence nationale tournait autour de 2 % il y a deux ans. Cependant, certaines zones comme Koulikoro enregistrent des taux plus élevés, atteignant parfois 7 % à 8 %. Pour ces régions, le gouvernement déploie des stratégies spécifiques, telles que la chimioprophylaxie, où des agents de santé distribuent des médicaments aux enfants de moins de 5 ans. Concernant la mortalité, l’OMS estime qu’un enfant meurt toutes les minutes à cause du paludisme à l’échelle mondiale, et le Mali n’est malheureusement pas épargné, en raison des faibles revenus et des difficultés d’accès aux soins dans certaines zones.

Mali-Tribune : Quels progrès ont été réalisés ces dernières années ?

Dr. S. M. : Des avancées significatives ont été observées. La sensibilisation des populations commence à porter ses fruits, et certaines zones adoptent désormais des mesures d’hygiène. L’introduction du vaccin contre le paludisme représente également une avancée majeure dans la prévention des cas graves.

Mali-Tribune : Existe-t-il un vaccin contre le paludisme ?

Dr. S. M. : Oui, il existe un vaccin. Bien que son effet soit temporaire, il permet de prévenir les complications sur une période prolongée. Cependant, les recherches continuent pour développer des solutions encore plus efficaces.

 

TEMOIGNAGE DE MODI COULIBALY, FACE AU PALUDISME

« Je connais très bien cette maladie »

Fièvre, frissons, douleurs : Modi Coulibaly connaît trop bien les ravages du paludisme. Âgé de 28 ans, avec son teint foncé et sa stature imposante d’environ 1m86, il exerce comme moto taximan à Bamako. Ce matin-là, installé sur sa moto à l’ombre d’un manguier, il parle d’une voix faible, chaque mot semblant lui coûter un effort. Des perles de sueur parsèment son front, bien que la température soit plutôt clémente.

La semaine précédente, Modi s’était rendu dans un centre de santé où il avait été traité pour le paludisme. Son expérience, qu’il partage avec amertume et résilience, révèle les défis que cette maladie impose à lui et à tant d’autres.

« Je connais très bien cette maladie. Je l’ai attrapée plusieurs fois », confie-t-il, la voix tremblante.

« Je savais qu’il existe une journée consacrée à la lutte contre le paludisme, mais je ne connaissais pas la date exacte. C’est vraiment une maladie terrible, comme si ton propre corps se rebellait contre toi. Tout commence par une fatigue étrange, puis la fièvre te submerge soudainement. Ton corps est brûlant et pourtant, tu trembles de froid. À cela s’ajoutent des courbatures insupportables et d’atroces maux de tête », témoigne-t-il.

Modi poursuit, évoquant les conséquences du paludisme sur son quotidien : « Le pire, c’est quand cela t’arrive au moment où tu dois travailler. Tu te sens complètement impuissant. Et comment nourrir ma famille si je ne peux même pas me lever du lit ? »

Un sourire amer traverse son visage alors qu’il ajoute : « Quand j’ai le palu, je commence par aller à l’hôpital pour le traitement, puis je complète avec des remèdes traditionnels. Même manger devient une épreuve. Tu n’as pas faim, mais il faut absolument prendre les médicaments. Sinon, tu risques de ne pas t’en sortir. Parfois, la peur s’installe. La peur de dormir, et de ne pas te réveiller », martèle-il.

Le témoignage poignant de Modi Coulibaly illustre la dure réalité que vivent silencieusement des milliers de personnes chaque jour. Le paludisme ne se contente pas d’affaiblir le corps ; il perturbe des vies, des familles, et des rêves. Fièvre et frissons ne sont que le début de ce combat invisible, qui appelle une action collective et continue pour mettre fin à ce fléau.

 

MICRO-TROTTOIR

Les avis  des Bamakois sur de la Journée

 Malgré les efforts déployés pour sensibiliser sur cette maladie, il ressort que la Journée et son importance restent méconnues de beaucoup, alors même que le paludisme continue de ravager les communautés, notamment au Mali. Voici quelques voix qui reflètent les réalités locales.

 

Fatoumata Sylla (vendeuse ambulante) :

« Le paludisme tue beaucoup de gens ici, surtout les enfants et les personnes âgées. Cette année encore, une connaissance est décédée à cause de cette maladie, elle est vraiment dangereuse. Je n’avais pas entendu parler de cette Journée, mais je trouve que c’est une bonne chose qu’il y ait des initiatives pour lutter contre. Nous, on essaie de dormir sous les moustiquaires, mais parfois, il n’y en a pas assez pour tout le monde ».

  1. K.(étudiant en médecine) :

« La Journée mondiale de lutte contre le paludisme, c’est le 25 avril, une date que l’on célèbre chaque année. C’est une belle occasion de rappeler l’importance de la prévention. Mais je trouve que dans les quartiers précaires, les campagnes de sensibilisation restent insuffisantes. Il faudrait davantage utiliser les réseaux sociaux et les radios locales pour toucher un plus large public ».

Aïssata Ballo (ménagère) :

« Je ne connaissais pas cette Journée, mais je sais combien le palu est dangereux. Mon enfant l’a attrapé plusieurs fois cette année. On nous dit de vider les eaux stagnantes, mais personne ne vient nettoyer dans notre quartier. Les autorités devraient vraiment revoir ce point ».

 

  1. C.(agent de santé communautaire):

« C’est une journée importante, mais elle passe souvent inaperçue. Nous n’avons pas toujours les moyens pour organiser des activités de sensibilisation dans les quartiers. Pourtant, la prévention reste essentielle pour limiter les impacts du paludisme ».

Fatoumata Bouaré (lycéenne) :

« J’ai vu une affiche sur la Journée mondiale de lutte contre le paludisme au CS-Réf. On parle souvent du palu, mais rarement de cette Journée en particulier. Pourtant, elle pourrait vraiment sauver des vies. Une fois, au lycée, des agents de santé étaient venus nous sensibiliser et distribuer des moustiquaires. C’était très utile ».

Dossier réalisé par

Regina Déna

(stagiaire)

Source: Mali Tribune

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