Afin de renflouer les caisses de l’État, le gouvernement de transition a annoncé, lors du conseil des ministres du 6 février, sa volonté d’augmenter la taxe sur l’accès au réseau des télécommunications ouvert au public (Tartopce).
Appliquée aux opérateurs téléphoniques depuis 2013, son augmentation se justifie selon les autorités par «l’essor prodigieux du secteur des télécommunications au cours des vingt dernières années» et passe de 5% à 7% du chiffre d’affaires des entreprises concernées, sans pour autant provoquer un déséquilibre de fonctionnements desdites entreprises, a expliqué le ministre de l’Economie et des Finances. Est-ce dire qu’il y a un risque de répercussion sur les tarifs appliqués aux usagers ? Malin qui pourra répondre. En attendant, selon toute les indiscrétions concordantes, cette augmentation de taxe va se ressentir sur les recharges téléphoniques, les abonnements et paiement de facture ainsi que les retrait et transferts d’argent via réseaux téléphoniques.
Les autorités de transition ont également fait part de leur volonté d’institutionnaliser la contribution spéciale de solidarité. Jusqu’ici laissée aux soins du volontarisme, les citoyens devront désormais mettre la main à la poche en guise de solidarité. Toutefois, le gouvernement ne fait aucune mention du mode opératoire envisagé pour imposer ladite taxe à une population qui tire déjà le diable par queue. Sont passés par-là notamment les effets de la crise énergétique et ses solutions inopérantes, l’orientation des dépenses publiques vers l’armée et la Sécurité ainsi que les sevrages y inhérents, la réduction de l’accès aux services de base par l’expulsion d’ONG, l’augmentation exponentielle des produits de première nécessité, etc. Toutes choses face auxquels les autorités ont constamment sollicité et obtenu la résilience des populations qui manquent de tout dans certaines contrées affectées par l’insécurité et le terrorisme.
La résilience par la taxation n’épargne pas les entreprises, lesquelles sont soumises à l’impôt sur les bénéfices industrielles et commerciaux et/ou à l’impôt sur les sociétés, au titre de la solidarité, subiront un prélèvement de 0,5% de leur chiffre d’affaires mensuel en hors-taxe.
Une autre nouvelle taxe vise la consommation de certains biens et services tels que les boissons alcoolisées.
L’ensemble des fonds seront, selon le ministre Sanou, destinés au financement des projets de développement et les services sociaux de base.
En attendant leur application, ces nouvelles taxes sont l’objet de toutes les discussions dans la capitale. Mais pour le citoyen lambda, une réduction des indemnités des membres du CNT, réclamée et prônée aux premières heures de la transition, aurait pu motiver la population a adhéré à cette solidarité exigée. Au lieu de quoi, les budgets des institutions n’ont de cesse d’augmenter au mépris des recommandations issues des Assises Nationales de la Refondation.
Et parmi les politiques, l’ancien Premier ministre s’est exprimé sur la question. Depuis sa page X, en effet, Moussa Mara, sans s’opposer aux nouvelles taxes, propose au gouvernement de réduire son train de vie, en baissant les avantages des ministres, vendre les véhicules de luxe.
L’ex candidat à la présidentielle de 2013, sans critiqué la nouvelle mesure, a fait des propositions. Dramane Dembélé, propose plutôt à l’Etat de revoir dans sa chaîne des ressources le portefeuille minier en considérant ses parts dans les sociétés d’exploitation d’or comme des parts attribuables. Selon lui, avec au moins 20% dans plus de 10 mines en production, le Mali possède en nature un robuste fonds de souveraineté. Ce fonds, adossé à l’or, selon ses explications, constitue un levier pour financer des infrastructures du développement de notre pays. Pour ce faire, l’ancien DG de la DNGM, a invité l’Etat à renoncer à la vente de la mine de Sadiola et préempter son acquisition dans le portefeuille minier.
Amidou Keita